Théâtre. Cyclones, un huis-clos sur l’inceste pour libérer la parole

Programmée à l’Auditorium Jérôme-Cléry (Basse-Terre), samedi 5 juillet, la pièce de théâtre, Cyclones, de Daniely Francisque, est un témoignage… pour faire bouger les lignes. Entretien.

Une nuit de cyclone, Leyna, une femme solitaire se barricade dans sa case délabrée, lorsque quelqu’un frappe violemment à sa porte. Une jeune étrangère, prétendant être sa sœur, lui demande refuge. En lui ouvrant sa porte, Leyna ignore qu’elle laisse s’engouffrer chez elle la plus terrifiante des tempêtes…

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de Cyclones ?

Daniely Francisque.

Daniely Francisque, autrice, comédienne : Mon propre parcours. Cette pièce est une quête de sens, pour évoluer dans ma guérison. En dehors de ma motivation personnelle, je voulais aborder le sujet à travers une pièce de théâtre très intime pour témoigner, pour parler aux autres des conséquences de cette situation qui est une catastrophe !

Votre texte date de 2015, la mise en scène de Patrice Le Namouric, de 2016. Avez-vous le sentiment que les lignes ont bougé ?

C’est vrai qu’à l’époque où la pièce est sortie, en 2016, publiquement, on ne parlait pas beaucoup de l’inceste. Avec d’autres actions, la pièce a participé à un mouvement de libération de la parole, ce qui a permis de sortir du silence ces histoires extrêmement nombreuses qui se passent dans les cellules familiales et créent vraiment des troubles, des « cancers » relationnels, tellement de douleur… Aujourd’hui, on en parle un peu plus, mais il y a encore beaucoup à faire.

La pièce a été présentée en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, au festival Off d’Avignon, en République du Congo, à Miami… Est-elle toujours autant demandée ?

Nous n’avions pas joué Cyclones depuis 4 ans, mais la pièce a été traduite dans cinq langues : en tchèque, en roumain, en créole, en espagnol et en anglais. La pièce a été éditée en 2020, aux éditions Lansman. Aujourd’hui, le texte vit, voyage. J’ai eu le bonheur d’assister à une lecture de la pièce en tchèque à Prague : c’était phénoménal. J’ai aussi assisté à une lecture au Chili, en espagnol et plus récemment, en septembre 2024, à une autre version en Argentine. En tant qu’autrice, c’est très beau de voir son texte se déployer dans d’autres espaces géographiques et culturels. D’ailleurs, pour la représentation en Guadeloupe, je serai sur scène avec une jeune comédienne martiniquaise, Naïsha Ursulet.

Quel avenir pour Cyclones après la représentation du 5 juillet à l’Auditorium de Basse-Terre ?

Pour les 10 ans du spectacle, en 2026, nous envisageons de mettre en place une tournée, en Martinique, notamment. Ce qui change, c’est le format : Cyclones a été créée en cercle ; nous l’avons jouée dans des pitts à coqs. Pour 2026, nous organiserons une série de représentations et nous aimerions, bien sûr, revenir en Guadeloupe pour la présenter dans sa version française et dans sa version complète en créole.

Parallèlement, je travaille sur la création de ma nouvelle pièce, Matrices. Elle sera présentée, les 3 et 4 octobre au Théâtre de l’Union (Limoges), Centre dramatique national du Limousin, à l’occasion de Zébrures d’automne, Festival des francophonies. Parmi les comédiennes, on retrouvera deux Guadeloupéennes : Karine Pédurand et Yane Mareine, mais aussi Cindy Vincent.

En novembre, un autre spectacle adapté de Caligula d’Albert Camus, créé en 2019 en Martinique, sera présenté au Brésil, dans le cadre de l’Année France/Brésil.

Entretien : Cécilia Larney

Basse-Terre, Auditorium Jérôme-Cléry. Samedi 5 juillet, à 20 heures. Tél. 06 90 05 37 22. Billetterie : www.allmol.com

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