Politique. Un CIOM sans les élus s’est réuni à Paris

Le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM), réuni le 10 juillet, prévoit des mesures concrètes pour Mayotte, la lutte contre la vie chère et la sécurité. Un nouveau CIOM est prévu pour la fin de l’année.

Un Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) particulier s’est réuni jeudi 10 juillet à Paris. Alors que les deux premières éditions, en 2009 et 2023, avaient pour optique de placer les territoires ultramarins au cœur de l’action publique française tous azimuts, celui-ci a eu pour objectif de répondre rapidement aux urgences spécifiques des Outre-mer. A noter que les élus, contrairement aux premières éditions, n’étaient pas invités à ce CIOM.

Ce CIOM s’articule autour de trois thèmes :

  • Mayotte,
  • la lutte contre la vie chère,
  • la sécurité.

Lutter contre la vie chère

Le niveau général des prix dans les territoires ultramarins est fortement et durablement plus élevé qu’en Hexagone. Cette pression sur les prix affecte en priorité les produits de première nécessité.

Le CIOM a fait de la lutte contre la vie chère une de ses priorités, ont souligné François Bayrou, Premier ministre, et Manuel Valls, ministre d’Etat, ministre des Outre-mer.

Un projet de loi sera présenté en Conseil des ministres d’ici à la fin du mois de juillet. Il vise à :

  • renforcer le pouvoir d’achat des habitants ultramarins, en intégrant les spécificités liées à l’éloignement et à l’insularité,
  • améliorer la transparence dans la formation des prix, en responsabilisant tous les maillons de la chaîne économique,
  • stimuler une concurrence loyale, en luttant contre les situations de monopole ou d’oligopole,
  • soutenir les filières locales pour relocaliser de la valeur ajoutée dans les territoires.

Il se traduira par notamment par le souhait d’une gouvernance renforcée des Observatoires des prix, des marges et des revenus (OPMR) et un renforcement du Bouclier Qualité Prix (BQP). On sait que de la coupe aux lèvres, en ce domaine, il y a toujours une grande distance.

Une circulaire a été adressée aux préfets, leur confiant un rôle de coordination et d’impulsion pour ancrer cette stratégie dans les réalités locales. A suivre.

Assurer la sécurité et l’ordre républicain

Les Outre-mer sont en première ligne face aux violences, trafics et catastrophes climatiques. Le constat est constant. Le même constat avait été fait il y a dix ans, quand Manuel Valls était ministre de l’Intérieur…

Le CIOM prévoit neuf mesures dites « concrètes » pour :

  • combattre les trafics et la criminalité organisée,
  • protéger les plus vulnérables,
  • anticiper les catastrophes.

Le déploiement concomitant de ces mesures doit permettre d’apporter une réponse globale de sécurité adaptée aux spécificités ultramarines, en s’attaquant aux racines de la violence dans les Outre-mer. A noter que l’UNSA Police et l’UNSA Douanes ont émis un certains nombre de critiques, liées, notamment, au non-remplacement d’agents des Douanes en Guadeloupe sur des missions importantes, à un blocage des effectifs côté police nationale, toujours en Guadeloupe.

Un nouveau CIOM en fin d’année

Un CIOM au format « plus classique », avec une démarche territoriale et participative, est prévu pour la fin d’année.

Les préfets organiseront d’abord des consultations publiques dans chaque territoire avec élus, acteurs socio-économiques et citoyens, pour donner la parole localement et adapter les mesures nationales aux réalités du terrain.

Un CIOM sera ensuite organisé dans chaque territoire pour valider les orientations prises et les actions qui découleront de ces consultations.

Le CIOM national dressera le bilan de ces déclinaisons territoriales et fixera la nouvelle feuille de route de l’État.

Les consultations porteront notamment sur :

  • l’adaptation au changement climatique,
  • le renforcement de la coopération régionale,
  • la lutte contre les violences intrafamiliales,
  • la promotion de l’autonomie alimentaire,
  • le soutien aux entreprises et à la jeunesse ultramarine.

ET AUSSI
Reconstruire et refonder Mayotte

Mayotte a été durement frappée ces derniers mois par des catastrophes naturelles d’une ampleur inédite.

Le cyclone Chido, en décembre 2024, a provoqué des dégâts considérables sur l’ensemble de l’île. Le passage de la tempête Dikeledi, en janvier 2025, a également affecté le territoire.

Face à l’ampleur des dégâts, la priorité des services de l’État et des collectivités territoriales a été d’apporter une réponse immédiate, structurée et efficace pour secourir la population, rétablir les fonctions vitales et soutenir la vie économique de l’île après le passage du cyclone.

Le CIOM a validé une stratégie quinquennale pour la reconstruction et la refondation de Mayotte.

Elle n’est pas une réponse conjoncturelle à une catastrophe naturelle mais s’inscrit dans une vision structurelle, de long terme, pour faire de Mayotte un territoire pleinement intégré à la République, stable, prospère et résilient.

Cette stratégie s’articule autour de cinq priorités transverses :

  • lutte contre l’immigration clandestine,
  • sécurisation du foncier,
  • préservation des milieux naturels,
  • égalité des droits,
  • attractivité du territoire.

Ce dernier point se décline en trois axes :

  • protéger les Mahorais,
  • garantir aux Mahorais l’accès aux biens, ressources et droits essentiels (eau, soins, logement, énergie…),
  • façonner l’avenir de Mayotte (éducation, développement de l’économie…).

Un établissement public dédié coordonne les efforts de reconstruction, avec une programmation financière de 4 milliards d’euros sur six ans.

Le projet de loi de programmation pour « refonder Mayotte » a été définitivement adopté par le Parlement jeudi 10 juillet 2025.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​