Opinion. La coupe est vide !

PAR JEAN-CLAUDE HUC*

Devrais-je plutôt dire « les coupes n’y sont plus ! »
En forme de libre propos, j’ai souhaité témoigner dans le cadre d’une mobilisation collective des âmes Basse-Terriennes devant les incroyables péripéties que connait depuis des décennies cette région du pays Guadeloupe, péripéties symbolisées par l’improbable sort réservé à ses équipements sportifs au premier rang desquels la piscine intercommunale !

Qui se souvient que la piscine communément appelée de « Rivière des pères », créée par ce qui s’appelait alors en 1972 le syndicat intercommunal du complexe sportif, accueillait les coupes latines de natation ? Qui sait encore que cette piscine a été la première piscine olympique de Guadeloupe portée il y a plus de 50 ans par une équipe municipale qui gérait une ville dynamique dans une région qui a apporté sa grande part de renommée sportive internationale au pays tout entier !

Les oripeaux de la gloire, se moqueront certains, la nostalgie du passé, diriez-vous ? Non, la situation des équipements sportifs de Basse-Terre, de la Basse-Terre et sa piscine en particulier constitue, pour tous ceux qui comme ce fut mon cas ont été et sont encore investis dans la promotion de la jeunesse, une véritable honte !

Je parle en effet de milliers d’enfants que l’échec des politiques publiques a privés depuis des années d’un équipement fondamental dans leur parcours d’apprentissage, et plus encore dans leur sécurité.

Je parle… de toutes ces fois ou j’ai pu entendre énoncer la nécessité du rééquilibrage du territoire déclinée à toutes les sauces rarement à celle de sa mise en application…
… de toutes les fois ou j’ai pu constater que les engagements financiers s’évaporaient dans des déficits redondants qui handicapent toute entreprise, et annihilent les tentatives de faire !

C’est comme un cauchemar sans cesse recommencé, entre les espoirs déçus et les abattements périodiques qui bouleversent toute stratégie dans la durée !

Je parle aussi de l’engagement total du président du CNRBT et de toute son équipe qui, grâce à des trésors d’ingéniosité, parviennent à maintenir à flot, si j’ose dire, la natation dans la Basse-Terre.

Mais, ce bricolage permanent, ces rattrapages in extrémis, ces efforts titanesques pour éviter le pire, sont-il suffisants et vont-ils pouvoir encore durer sans que Le Politique intervienne enfin dans toute la légitimité de son rôle ? 

ll est temps que soient en effet prises des décisions qui répondent au souci de satisfaire dans l’équité un besoin collectif de base qui n’est autre que celui de la formation. Il faut arrêter ce mauvais feuilleton et agir avec célérité et efficacité.

Je porte ce témoignage avec sincérité et force pour avoir passé mon existence au plus près de notre jeunesse fragile dans ses attitudes, mais qui sait se hisser aux plus hauts niveaux pour peu que l’on lui en donne les moyens !

Il suffit de mesurer les potentialités énormes de cette zone dite du sud Basse-Terre où, entre la rivière des Pères et la tour du père Labat, se concentrent pas moins de 5 espaces sportifs publics ou privés de tous ordres, parfois à l’abandon, pour comprendre que la volonté réelle d’y consacrer des moyens publics mais aussi privés serait suffisante pour que soit enfin créé un pôle sportif et de formation de tout premier ordre au niveau régional.

Cette volonté ne s’est pas manifestée jusqu’ici…

Va-t-on enfin écouter les acteurs du quotidien, ceux grâce à qui le tissu social guadeloupéen tient encore, ceux qui donnent espoir que notre jeunesse ne va pas basculer corps et âmes dans les enfers qui la menacent ?

Des actes forts, une mobilisation intelligente, des engagements tenus, il faut que la coupe vide du désespoir se remplisse, au risque qu’il soit bientôt trop tard !

*Ancien DGS de la ville de Basse-Terre ; ancien DGA de la région Guadeloupe ; ancien président du Cygne Noir ; Cyclonologue.

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