Le mois de septembre 2025 est censé être celui d’un nouveau tournant dans la gestion de la crise haïtienne.
Le mois de septembre 2025 est censé être celui d’un nouveau tournant dans la gestion de la crise haïtienne. Le mandat de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) s’achève, celui du Binuh a été écourté, l’OEA a une feuille de route en construction, les USA et le Panama ont un projet de résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies pour Haïti.
Rien de cela ne se transformera en réalité en faveur d’Haïti grâce à des prières ou parce que les autres pays aiment Haïti. Tous ceux qui s’y connaissent un peu dans les subtilités diplomatiques savent que celui qui est en situation de faiblesse doit se débrouiller comme « Maître Jean-Jacques » et mettre « ses pieds dans l’eau » pour que ses rêves se matérialisent.
Prenons pour acquis que l’exécutif haïtien s’est décidé sur les différentes propositions qui sont sur la table et qu’il appuie, comme le premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a eu à le faire en début de semaine, la proposition américaine. Le président, les membres du CPT, le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ne devraient-ils pas tous être en train d’arpenter les capitales des pays membres du Conseil de sécurité, particulièrement celles des cinq membres permanents, pour chercher leur appui ?
Le rendez-vous à l’Assemblée générale des Nations unies paraît être le plus important de l’année et pourtant on ne doit pas en faire une simple vitrine, un déplacement pour le prestige. L’an passé, le passage de la délégation haïtienne à l’ONU a été marqué par un incident protocolaire et un discours, beau, courageux et hors sol qui ont détourné des vraies préoccupations. Cette fois, nous devons faire mieux et tout préparer à l’avance ?
En plus de cela, les autorités haïtiennes devraient être en train de faire la paix avec la République dominicaine — là où elles vont en vadrouille — et solliciter appui et support du président Luis Abinader, notre premier voisin.
Ne serait-il pas indiqué qu’une délégation de haut niveau se rende au Kenya pour aller décorer le président de ce pays et, à titre posthume, tous les soldats kényans morts pour Haïti, en Haïti ? Il faut remercier ce pays frère de l’Afrique publiquement et lui dire notre reconnaissance, nos futurs besoins.
Aucun support n’étant de trop, nos dirigeants ne devraient-ils pas être en train de parcourir toutes les capitales des pays amis et celles des amis de nos amis pour demander support économique, matériels et humains ?
Les Etats-Unis d’Amérique ont dit et redit qu’ils ne peuvent plus supporter seuls le fardeau de l’aide sécuritaire à Haïti. Notre diplomatie ne peut pas continuer à faire la sourde oreille et se complaire à kalewès comme si elle avait des lauriers sur lesquels s’endormir. Depuis que le Républicain Donald Trump est au pouvoir, on attend encore l’échange d’appels téléphoniques, la lettre ou la visite dont nos chers chefs prendront l’initiative vis-à-vis du président américain.
La diplomatie haïtienne qui n’a jamais eu autant de diplomates à son service n’a pas marqué de points depuis des années, ce mois de septembre, elle peut tenter de se racheter mais il faudrait d’abord qu’elle prenne conscience qu’elle coûte cher sans contribuer à l’avancement des dossiers qui importent aux Haïtiens et à Haïti.
La diplomatie est un instrument au service d’ambitions politiques, économiques, culturelles, elatriye. Quelles sont nos ambitions dans ces domaines et plus encore, où est le « master plan » pour agir avec cohérence, détermination et intelligence sur ces fronts pour atteindre des objectifs mesurables ?
Source : Le Nouvelliste (Frantz Duval)