Tribune libre. Un avenir pour les jeunes en milieu rural d’Amérique latine et des Caraïbes

PAR MANUEL OTERO, JORGE WERTHEIN ET SANDRA ZIEGLER (DIRECTRICE GENERALE, CONSEILLERE SPECIALE ET CONSULTANTE AUPRES DE L’IICA)

La région Amérique latine et Caraïbes connaît une transformation démographique rapide : la baisse des taux de natalité et de mortalité, conjuguée à l’allongement de l’espérance de vie, entraîne un vieillissement de la population.

Dans ce contexte, la situation des jeunes ruraux devient plus préoccupante. Loin de diminuer, l’exode rural persistant s’intensifie, accentuant les inégalités et fragilisant les communautés rurales.

Cet exode a des causes multiples. Historiquement, les zones rurales ont été caractérisées par des carences en infrastructures, en services de base, en connectivité et en opportunités d’éducation et d’emploi.

De plus, les jeunes sont peu représentés dans les instances décisionnelles et l’on croit à tort que la vie urbaine est synonyme de progrès. Ainsi, sans perspectives d’évolution, les jeunes ruraux choisissent de migrer vers les villes moyennes ou les capitales, voire à l’étranger, où ils sont souvent contraints d’occuper des emplois informels ou précaires.

Ce phénomène ne touche pas seulement ceux qui partent, mais a aussi de graves conséquences pour les territoires qu’ils ont quittés : perte de capital humain, rupture de la transmission générationnelle dans l’agriculture, fragilisation du tissu communautaire et abandon de terres productives. À l’inverse, les villes d’accueil doivent faire face à une surcharge de services, une expansion anarchique et de nouvelles zones d’exclusion.

Face à ce panorama, il est urgent de changer de cap et d’adopter des actions concrètes et coordonnées qui placent la jeunesse rurale au cœur d’une stratégie de développement durable.

Inverser l’exode ne signifie pas empêcher les déplacements de population, mais créer de véritables alternatives pour que rester devienne également une option souhaitable. Premièrement, il faudra améliorer les conditions de vie de base en milieu rural, grâce à des investissements dans les transports, la connectivité numérique, la santé, le logement, l’accès à la terre et l’éducation.

La création d’un cercle vertueux nécessitera non seulement la promotion de politiques publiques, mais aussi une collaboration avec le secteur privé, les organisations communautaires et la coopération technique internationale.

L’enseignement secondaire et technique en milieu rural sera un pilier fondamental de cette transformation, exploitant les nouvelles connaissances issues des frontières scientifiques et la contribution des universités. L’enseignement devra être pertinent, de qualité et adapté aux défis du XXIe siècle, intégrant les connaissances numériques, l’innovation agricole et un lien avec l’environnement productif.

Les universités joueront un rôle clé en tant que productrices de connaissances et agents de cohésion territoriale. Le renforcement des systèmes nationaux de science, de technologie et d’innovation, en partenariat avec les zones rurales, permettra à la région de tirer parti du potentiel transformateur de l’agriculture numérique et des nouvelles compétences en biosciences, et de les appliquer en milieu rural.

Un autre élément essentiel sera le développement d’un écosystème agroalimentaire pour les jeunes. Des politiques doivent être mises en œuvre pour stimuler la production, faciliter l’accès au financement, la formation technique et les programmes de mentorat. Cet écosystème doit faciliter l’accès à la terre, aux infrastructures et aux marchés, tout en offrant des cadres pour la durabilité, l’inclusion des femmes rurales et la participation communautaire.

Le secteur privé devrait être invité à s’associer à ce processus, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la revitalisation économique, tandis que la coopération internationale peut y contribuer en fournissant des ressources, des formations et des transferts de technologies.

En résumé, les jeunes ruraux doivent être reconnus comme les acteurs de l’avenir.

Développer leurs capacités, garantir leur droit à déterminer où et comment ils vivent, et les intégrer aux stratégies de développement rural seront indispensables pour inverser les tendances actuelles. Investir dans la jeunesse rurale, c’est investir dans la cohésion sociale, la sécurité alimentaire et la durabilité dans toute la région.

Il est temps d’agir.

Source : Dominican News Online

Lien : https://dominicanewsonline.com/news/homepage/news/op-ed-a-future-for-youth-in-rural-latin-america-and-the-caribbean-2/

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