République dominicaine. Les lacunes du secteur électrique affectent tous les secteurs

L’absence de planification étatique a toujours été le talon d’Achille du secteur électrique. Depuis la privatisation du secteur, le paysage a radicalement changé et de nouveaux acteurs sont entrés sur le marché avec pour mission d’y instaurer un cadre réglementaire. Pourtant, des années plus tard, le secteur souffre toujours d’un manque de vision stratégique.

Pendant des décennies, le pays n’a pas disposé d’un plan énergétique global pour orienter les investissements. « Il y a eu un véritable manque de planification. De nombreuses entreprises, publiques comme privées, avaient chacune leur propre plan ; or, il n’existait aucun plan énergétique national d’ensemble », a reconnu Edward Veras, directeur de la Commission nationale de l’énergie (CNE).

C’est précisément cet organisme qui a publié un « Premier Plan énergétique national » en 2004, alors que le marché de gros de l’électricité était déjà opérationnel. Cependant, cet effort n’a pas été maintenu : « Pendant une douzaine d’années, la CNE n’a publié aucun plan énergétique. Certaines entreprises venaient investir, mais il n’y avait aucun plan de développement », a ajouté Veras, soulignant une improvisation flagrante qui a prévalu pendant plus d’une décennie.

L’absence de planification étatique rigoureuse a entraîné des retards dans le développement de la production d’électricité. Les nouvelles centrales ont été mises en service tardivement et dans des conditions loin d’être optimales. José Luis Moreno San Juan, directeur de l’Institut de l’énergie de l’Université autonome de Saint-Domingue (UASD), a critiqué le fait que, historiquement, le pays n’ait pas mis en place de procédures d’appel d’offres transparentes pour la contractualisation des besoins énergétiques futurs.

Les appels d’offres publics n’ont été tentés qu’à de rares occasions : « Il y a eu peu d’appels d’offres pour l’achat d’énergie. Cela a été fait une fois ; l’objectif était d’acquérir environ 800 mégawatts, et seulement 400 environ ont été contractés », se souvient-il, en faisant référence à un appel d’offres public. De manière générale, la pratique consiste à conclure des contrats à court terme ou à réaliser des projets d’urgence spécifiques, négociés directement avec les producteurs d’électricité existants. « Vous allez vous adresser aux mêmes producteurs d’électricité pour vous approvisionner en énergie l’année prochaine. Vous discutez du prix, et vous ne pouvez pas obtenir une meilleure offre car vous n’avez aucun pouvoir de négociation », explique Moreno, décrivant comment l’absence de concurrence a placé le distributeur public en position de faiblesse lors des négociations avec un oligopole de fournisseurs.

Plus récemment, en 2020, un appel d’offres international a été lancé pour l’installation de deux centrales électriques au gaz naturel à Manzanillo (Montecristi). Cependant, la faible participation et les désaccords entre investisseurs locaux ont retardé le projet. À tel point que, selon Moreno, « on en oublie parfois qu’un appel d’offres a eu lieu, car cela ne se voit pas », faisant référence au manque de transparence qui règne à Manzanillo. Dans ce contexte, plusieurs projets récents ont été attribués sans procédure concurrentielle : par exemple, des contrats d’urgence comme les centrales flottantes turques installées à Azua ou le transfert de la centrale de San Felipe de Puerto Plata à Boca Chica, le tout afin de pallier des pénuries urgentes.

« Il s’agit de décisions opportunistes », affirme Moreno au sujet des augmentations de capacité de production de ces dernières décennies. Dans de nombreux cas, admet le spécialiste, après l’attribution directe d’un projet, un appel d’offres est organisé a posteriori pour donner une apparence de légalité à une décision déjà prise. Cela met en lumière l’absence d’une culture de la planification anticipée. Dans un marché véritablement concurrentiel, « la concurrence est essentielle ; sans elle, il n’y a pas d’efficacité », a affirmé Moreno, plaidant pour des appels d’offres annuels portant sur « l’énergie du futur », où les mégawatts dont le pays aura besoin dans les années à venir seraient mis en concurrence bien à l’avance.

Régime de sanctions

 Un autre facteur critique réside dans l’absence de système de sanctions en cas de non-respect des obligations contractuelles. Contrairement à d’autres pays, en République dominicaine, du moins récemment, aucune sanction n’a été infligée aux producteurs d’électricité privés pour des retards ou des manquements à leurs contrats.

Moreno souligne qu’un plan d’expansion sérieux doit définir des étapes clés (appel d’offres, bouclage financier, construction, mise en service) assorties de dates précises et de sanctions en cas de non-respect.

Source : Listin Diario

Lien : https://listindiario.com/la-republica/20251102/falencias-electricas-tocan-todos-sectores-planificacion-licitaciones-penalidades-ausentes_880599.html

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