Opinion. Plus notre société est porteuse de pathologies physiques ou mentales plus l’engagement des soignants est difficile et risqué

PAR JACQUES BANGOU*

Le docteur Jean Michel Gal a été tué, à coups de couteau, dans l’exercice de sa fonction de médecin, lundi en Guadeloupe, au centre médico psychologique du Gosier.

Les premières pensées que nous devons tous avoir vont à sa famille. Elles vont ensuite à ses confrères.

Âgé de 67 ans, psychiatre et psychologue il exerçait en cabinet aux Abymes, à la Polyclinique et au centre médico-psychologique du Gosier.

Ce drame doit rappeler à la population l’exposition au risque de ceux qui les soignent et la part de dévouement et d’engagement personnel de celles et ceux qui, à tout instant du jour et de la nuit, s’exposent personnellement pour secourir, traiter, accompagner, aider la part de notre humanité en souffrance.

Plus notre société est porteuse de pathologies physiques ou mentales plus l’engagement des soignants est difficile et risqué.

Ils méritent à cet égard respect et protection de la part de celles et ceux qu’ils soignent et de la population tout entière.

Ils doivent également recevoir de la part de ceux qui sont en responsabilité toutes les garanties d’une sécurité à la hauteur des dangers encourus. Il faut exiger que la délivrance des soins dans des conditions de sécurité absolue soit la règle.

Il ne faut plus que nous acceptions que la délivrance du médicament ne soit pas possible dans notre pays à certaines heures faute de pharmacie ouverte par crainte de sécurité, que les urgences puissent être sous la pression menaçantes d’individus ou de bandes, que les centres de santé ferment non par manque de médecin mais par exposition des soignants aux agressions.

Mais, au-delà des manquements à corriger nous devons nous questionner sur la société dans laquelle nous vivons et l’aboutissement d’évolutions techniques et sociétales où chaque avancée est porteuse d’une face sombre et de conséquences pas toujours heureuses.

Regardons, les yeux décillés, notre Guadeloupe qui affiche souvent sans pudeur le clinquant de sa classe moyenne et refuse de voir la misère matérielle et surtout mentale de ses couches populaires qui survivent dans la pauvreté absolue. La maladie mentale présente à l’école, dans les familles, concentrée dans les regroupements de logements à caractère social.

Observons la mendicité qui s’agglutine à la porte de nos boulangeries, nos commerces, dans la rue, les parkings. Interrogeons-nous sur la part de cette Guadeloupe qui s’enferme dans des îlots de « quant-à-soi », quartiers fermés au reste du pays, pour que la vie sous les tropiques ne soit pas « gâchée » par la pauvreté ambiante.

Interpellons l’école qui est devenue un laboratoire de séparation sociale.

Les médecins psychiatres sont probablement les plus engagés d’entre-nous. Ils ont en effet vocation à traiter le porteur d’affections mentales et le corps familial ou social qui a produit ce corps malade. C’est dans cet exercice là que le docteur Jean Michel Gal est décédé.

Rendons-lui hommage.

*Médecin, responsable politique, citoyen engagé

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