Présidente de l’association Amis de Sarah Maldoror et Màrio de Andrade, Annouchka de Andrade, l’une des filles de la réalisatrice guadeloupéenne, Sarah Maldoror, anime deux ateliers au MACTe (Pointe-à-Pitre) autour de l’exposition dédiée à l’œuvre de sa mère.
Considérée comme la pionnière du cinéma africain engagé, la réalisatrice Sarah Maldoror (1929-2020), née Ducados, Guadeloupéenne par son père, a légué une œuvre cinématographique marquée par les luttes anticoloniales, qui reste encore méconnue, singulièrement, chez elle, en Guadeloupe.
Présentée au MACTe (Pointe-à-Pitre) jusqu’au 24 août, l’exposition Sarah Maldoror : cinéma tricontinental permet de re.découvrir l’apport des films dans la mémoire des luttes de libération. Plusieurs temps forts (ateliers, projections, conférences…) sont proposés par le MACTe, parallèlement à l’exposition. Jeudi 17 juillet, Annouchka de Andrade retrouvera le public pour deux ateliers. L’un, intitulé Sarah Maldoror, les luttes anticoloniales au cœur, débutera à 17 heures (lire ci-après). L’autre permettra de re.voir deux films de Sarah Maldoror, Aimé Césaire, un homme, une terre, et René Depestre, poète haïtien, à partir de 19 heures, en présence d’Annouchka de Andrade.
Quelle est la particularité de l’exposition, Sarah Maldoror : cinéma tricontinental, présentée actuellement au MACTe, par rapport à celles du Palais de Tokyo (Paris), de Lisbonne, et de l’Ohio (Etats-Unis) ?
Annouchka de Andrade : La dernière version est actuellement au MACTe, en Gadeloupe. Cette exposition ne voyagera plus. En revanche, des expositions sur Sarah Maldoror, il y en aura d’autres que nous ferons dans différents lieux et pays.
Symboliquement, il était important que Sarah se retrouve sur ses terres, en Guadeloupe. Pour cette version de l’exposition, l’artiste guadeloupéenne Mimia Biabiany a fait une intervention particulièrement adaptée. Son intervention a du sens : elle est extrêmement pertinente avec ce qu’était Sarah Maldoror et ce qui est présenté dans l’exposition qui montre d’où elle vient, qui elle était, son rapport à l’image, sa manière de faire des films…
Mimia Biabiany a travaillé la terre, ce qui n’est pas anodin. Elle a fait des croisements : le chemin qu’elle trace avec des miroirs, des perles, des éléments suspendus… est très poétique et aurait certainement beaucoup plu à ma mère. D’autre part, le travail de Mimia Biabiany va dans le sens de ce que nous avons voulons faire pour montrer à quel point Sarah Maldoror n’était pas qu’une femme d’images. Sarah Maldoror était avant tout une poétesse qui avait un lien très fort avec la littérature, les arts, et aussi avec ses racines, cette terre qui relie les hommes.
En quoi le parcours de votre mère vous a inspirée ?
Je suis née dans le cinéma, dans les images. Avec ma sœur, nous allions beaucoup sur les plateaux, dans les festivals. Enfants et jusqu’à notre adolescence, nous n’avions pas trop le choix : c’était notre vie. Adultes, l’une comme l’autre, nous avons essayé de nous construire loin de nos deux parents. Et, j’y suis revenue, le cinéma m’a rattrapée. Aujourd’hui, je consacre mon temps à faire vivre sa mémoire : restaurer les films, les accompagner, les présenter dans le monde entier.
Nous avons fait une exposition en Angola, nous avons présenté un film en Guinée Bissau. Nous avons d’autres projets pour faire vivre ses films, là-bas et au Cap-Vert, à partir de la rentrée.
Quelles relations entretenait Sarah Maldoror avec la Guadeloupe ?
Ayant perdu son père très jeune, elle n’a pas eu d’occasions de revenir en Guadeloupe parce qu’elle n’avait aucun lien familial… En revanche, elle a essayé plusieurs fois de revenir pour travailler, faire des films… mais ses tentatives n’ont jamais pu aboutir. Elle est revenue 3 ou 4 fois pour montrer ses films. Au final, elle a beaucoup plus travaillé en Martinique qu’en Guadeloupe. Elle a un peu le même parcours que son amie, Maryse Condé : la Guadeloupe n’a pas été très accueillante avec elle de son vivant.
Jeudi 17 juillet, vous animerez deux ateliers au MACTe. Parlez-nous en !
L’atelier Sarah Maldoror, les luttes anticoloniales au cœur permettra de savoir qui était Sarah Maldoror, quel était son rapport aux luttes anticoloniales, quels étaient les liens entre les luttes qu’elle a filmées et son intimité, sa vie. Je veux faire un lien entre politique et intimité en parlant des trois films anticoloniaux qu’elle a réalisés, des films fondateurs qui ont marqué son parcours.
Cécilia Larney
Les Ateliers du MACTe

- Atelier Sarah Maldoror, les luttes anticoloniales au cœur. Comprendre à travers le parcours de Sarah Maldoror, la représentation des luttes anticoloniales à l’écran et les liens entre politique et intimité. Animé par Annouchka de Andrade, fille de Sarah Maldoror et présidente de l’association Amis de Sarah Maldoror et Màrio de Andrade. Jeudi 17 juillet, à 17 heures, ancien restaurant du MACTe. Tarif : 5 euros.
- Diffusion des films, Aimé Césaire, un homme, une terre et René Depestre, poète haïtien, de Sarah Maldoror, en présence d’Annouchka de Andrade. Jeudi 17 juillet, à 19 heures, salle des congrès et des arts vivants. Tarif : 5 euros.
- Projection du film, Un dessert pour Constance, de Sarah Maldoror. Samedi 19 juillet, à 17 h 30, salle des congrès et des arts vivants. Tarif : 5 euros.
L’exposition, Sarah Maldoror : Cinéma tricontinental est ouverte au public jusqu’au 24 août. Du mardi au dimanche, de 9 à 18 heures, salle d’exposition temporaire. Billetterie : memorial-acte.fr