Economie. Visite de terrain à la rencontre des bananiers

Vendredi 25 février, Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre Belle-Eau, premier vice-président du Conseil départemental, a rencontré les planteurs de Les Producteurs de Guadeloupe (LPG). Cette structure coopérative est le pan Guadeloupe d’une union avec les Producteurs de Martinique.

De quoi s’est-il agi ? D’apporter un soutien marqué à la première production et première production d’exportation de la Guadeloupe. Production qui emploie plus de 3 000 personnes et génère, avec 176 entreprises de production, dont 17 en production bio, un tonnage annuel de 59 000 tonnes, dont 2 321 tonnes de bananes bio. 

Cette production est pour l’exportation, le marché local étant d’environ 2 000 tonnes annuel. Le chiffre d’affaires global est de 26 millions d’euros. La filière bénéficie de 25 millions d’euros d’aide POSEI.

Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre Belle-Eau, premier vice-président du Conseil départemental :

Cette production —essentiellement en Basse-Terre entre Goyave à Vieux-Habitants, un peu en Grande-Terre dans le nord — impose des conditions draconiennes, tant dans la culture de bananiers — chaque semaine, les feuilles de cette grande herbe sont examinées une à une, dans les plantations, pour vérifier qu’aucune maladie, aucun parasite n’infecte la plante — qu’au moment de conditionner les bananes à l’exportation. Ce conditionnement se fait dans des centres dédiés, où l’hygiène est essentielle, sous peine de perdre la production… et la rendre impropre à la vente. 

Philippe Aliane, directeur de LPG :

Jean-Michel Emmanuel, bananier solidement ancré dans son terroir, a milité pour que l’un de ces centres de conditionnement soit érigé à La Plaine, quartier de bananes de montagne, à Capesterre Belle-Eau. Les planteurs de ce secteur sont de petits planteurs qui n’ont pas les moyens financiers de supporter une telle infrastructure de pointe. Il a convaincu le conseil d’administration de LPG de financer la construction, l’installation de ce centre qui est actuellement en construction. C’est le lieu de la visite de Jean-Philippe Courtois, accompagné de son premier adjoint, Patrick Dollin, qui est aussi président de la CommissionÉconomie verte de la Région Guadeloupe, et d’élus du Conseil municipal.

Sur place, des administrateurs histoires de LPG : Guy Adolphe, Jean-Michel Emmanuel, en l’absence de Francis Lignières, président, empêché, Philippe Aliane, directeur de LPG, Vincent Virassamy, directeur technique… et des jeunes planteurs.

Discussion sur la production de montagne, la production bio, les vicissitudes de la profession, notamment non le manque de foncier — « Il y en a », a dit Philippe Aliane, de même que des jeunes volontaires pour travailler la terre. « Ce qu’il manque, c’est le financement ! »

Claude Hatchi, jeune producteur : 

Autre souci, la concurrence sur le marché européen — le marché de la production locale —  d’une banane moins vertueuse que celle de Guadeloupe. En effet, LPG, depuis presque vingt ans, a décidé de produire de façon vertueuse, en éliminant autant que faire se peut les produits phytosanitaire — la vérification feuille à feuille de chaque bananier —, passant de 100 kilos de produits à l’hectare en 2006 à 2 kilos en 2022 — tandis qu’en république Dominicaine, concurrent de la Guadeloupe, on produit de la banane dite « bio » à grands coups de déversement par hélicoptère et avion de produits chimiques… 

Guy Adolphe, administrateur de LPG :

Outre la vérification des feuilles pour traquer les parasites, les planteurs de Guadeloupe utilisent la nature : des engrais organiques plutôt que chimiques, des plantes couvrantes entre les rangs de bananiers (48% des surfaces). Et un désherbage mécanique, plus coûteux.

En tout, un coût de production en hausse de 30%. La vertu se paie cher ! Mais, les bananiers assument. 

Vincent Virassamy, directeur technique de LPG :

Dans le centre de conditionnement de La Plaine, les bananes seront choyées parce qu’il faut de la qualité pour le marché européen… mais aussi parce que chaque acheteur en gros — les grands groupements d’hypermarchés, type Carrefour, Leclerc, etc. — veulent un conditionnement particulier, parfois avec un ruban autour des mains de bananes. Pour ce faire, il faut de l’hygiène, traquer là encore les parasites qui aiment s’attaquer aux découpes de bananes, pour rendre le fruit impropre à la consommation parce qu’il va mûrir trop vite entre la Guadeloupe et l’Europe, malgré le transport en conteneurs frigos. 

Fini le temps du bricolage — et de la gâche — dans les centres de conditionnement qui sont construits — il y en aura bientôt un autre à Moulin à eau, toujours à Capesterre Belle-Eau — en ce moment : le personnel, du directeur du centre au personnel de base, sera qualifié, suivra une formation, bénéficiera des meilleures conditions de travail. Et aussi d’une rémunération concertée, et le moment venu d’une retraite décente. 

Jean-Philippe Courtois pour le Département, Patrick Dollin pour la Région, ont dit leur soutien à cette filière dont la Guadeloupe peut être fière.

André-Jean VIDAL

Un deuxième volet sera consacré à la suite de cette visite. 

A Capesterre Belle-Eau
C’est la capitale de la banane de qualité européenne
105 producteurs, dont 7 en bio (65% du total des producteurs
Guadeloupe, 41% des producteurs bio) 
1 200 hectares plantés (63% de la surface totale Guadeloupe)
1 800 emplois directs ou indirects
42 000 tonnes produites (60% de la production Guadeloupe),
dont 1 800 tonnes en bio (chiffres de 2021)

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