En Martinique, la santé divise l’opinion publique

Tandis que 35,4% de la population de plus de 12 ans est vaccinée contre la Covid-19, le secteur de la santé est sous tension depuis que les syndicats de santé se sont massivement opposés à l’obligation vaccinale et à la mise en application du pass sanitaire pour le personnel soignant dans les établissements de santé.

Seulement 20% du personnel soignant serait, à ce jour, susceptible de présenter un schéma vaccinal complet. Une situation qui n’est pas sans conséquence, surtout si l’on considère les événements violents qui ont eu lieu, entre forces de l’ordre et manifestants le vendredi 15 octobre devant le CHU de Martinique, après l’arrestation de deux soignants pour non-présentation du pass sanitaire en vigueur depuis le 11 octobre.

L’EFS en grève à partir du 22 octobre

Les syndicats CGTM et FO de l’Etablissement français du sang (EFS) de Martinique mobilisent à leur tour leurs troupes. Ils appellent à une grève illimitée à compter du vendredi 22 octobre.

Une mobilisation est prévue dès 6 h 45, devant l’Etablissement français du sang (EFS) Martinique « face à ces lois injustes et assassines, à ces atteintes graves à notre intégrité physique et psychique, à cette dictature qui annihile nos droits constitutionnels », précisent les syndicats.

Cette décision fait suite, selon l’intersyndicale, à l’annonce par la direction de l’Etablissement français du sang (EFS) Martinique de « faire venir du personnel vacciné de l’Hexagone ».

Les soignants toujours mobilisés

Ce vendredi 22 octobre, l’intersyndicale santé (CDMT, CGTM, FO, UGTM, USAM et Convergence IDE 972) appelle à la mobilisation devant l’Etablissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de Terrevillage, à Schœlcher. Une mobilisation qui prône le droit de retrait contre le pass sanitaire et la vaccination obligatoire.

Par ailleurs, le collectif Motard(e)s engagé(e)s annonce une grande manifestation de soutien aux personnels soignants du centre hospitalier universitaire de Martinique (CHUM), avec un rallye de motards en rouge, à partir de 17 h 30, en direction du CHU de Martinique depuis le stade de Dillon, à Fort-de-France.

L’intersyndicale organise, par ailleurs, à un grand rassemblement interprofessionnel, ce samedi 23 octobre, à la Maison des Syndicats, à Fort-de-France, pour décider des « prochaines actions à mener ». Une mobilisation active en dépit de l’appel à médiation et de l’application « adoucie » du pass sanitaire annoncée par la direction du CHU de Martinique, qui assure ne plus faire appel aux forces de l’ordre pour le contrôle du pass sanitaire.

Rodolf Etienne

Une classe politique divisée

Daniel Marie-Sainte.

Sur le plan politique, c’est aussi la division. Deux tendances s’opposent. D’un côté, les élus contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale et, de l’autre, ceux qui exhortent à la vaccination.

  • Le groupe Gran Sanblé Pou Matinik (GSPM), emmené par Daniel Marie-Sainte, sollicite auprès du gouvernement une « dérogation » à l’application du pass sanitaire en Martinique.
Jean-Philippe Nilor.
  • Dans l’hémicycle, Jean-Philippe Nilor, député du Sud, élu de l’assemblée de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), co-président du groupe Péyi-A, lui, dénonçait vigoureusement, ce jeudi 21 octobre, une gestion de crise qui, selon lui, n’a pas été à la hauteur des véritables enjeux locaux. Il appelait également le gouvernement à la prudence quant à la stigmatisation des « non vaccinés ». « Il ne s’agit pas d’une épidémie de non-vaccinés, mais une épidémie de personnes non soignées et non protégées », affirmait-il. Jean-Philippe Nilor, qui en profitait pour dénoncer l’absence de tests pour les entrées en Martinique depuis l’Hexagone, à compter du 4 octobre.
Catherine Conconne, lors de son injection, en mars.
  • Catherine Conconne, sénatrice, élue à l’assemblée de la collectivité territoriale, elle, milite activement pour la vaccination depuis plusieurs mois. Catherine Conconne fait d’ailleurs partie des sénateurs qui, le 13 octobre, ont validé l’obligation vaccinale, même si le projet de loi n’a pas été retenu. Pour autant, sur le terrain local, ses prises de position, suscitant tantôt l’indignation, tantôt l’admiration, sont notoires.
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