Guadeloupe. Bruno Retailleau en coup de vent

Bruno Retailleau a été accueilli en Guadeloupe par des coups de feu. Ceux tirés, vendredi soir, dans une cité de Capesterre Belle-Eau par un tireur en voiture. Un mort, un jeune de 20 ans. Cruel témoignage qu’il y a quelque chose qui ne va pas en Guadeloupe et que le ministre devra aller au-delà de simples promesses (de campagne ?).

L’accueil à la Région @Cécilia LARNEY

Si le ministre de l’Intérieur a accordé deux jours à la Martinique, il ne reste que quelques heures en Guadeloupe, jusqu’à ce soir.

Ce matin, tôt, à la résidence préfectorale, il a rencontré les chefs des forces de sécurité intérieures — Directeur territorial de la Police nationale et général commandant la Gendarmerie, plus quelques chefs de services liés au renseignement — en compagnie du préfet Xavier lefort et du directeur de cabinet.

Plus tard, il s’est entretenu avec Ary Chalus et Marie-Luce Penchard, à la Région. Que se sont-ils dit ? Que la Guadeloupe subit une violence qui fait peur aux Guadeloupéen(ne)s et qui tue, surtout des jeunes, membres de gangs ou victimes collatérales de quelques trafics de drogues. Les élus ont demandé l’arsenal habituel de mesures : des moyens humains et matériels, le redéploiement des forces de l’ordre dans les quartiers à problèmes — ils sont connus — et sur les côtes pour empêcher le débarquement des drogues et des armes — là encore les sites d’arrivée sont connus.

Des échanges fructueux.

Ary Chalus s’est entretenu avec les médias locaux : le président a dit que le ministre a promis des effectifs de forces de l’ordre supplémentaires, des « brigades de police »,  une brigade nautique supplémentaire, deux radars dans le canal des Saintes et de la Dominique, le renforcement du contrôle des trafics sur le port. « Il s’est montré très touché par cette violence qui se passe en Guadeloupe. D’autant qu’il y a eu un nouveau meurtre de jeune hier soir. »

Dans la foulée, Bruno Retailleau a eu un long entretien avec le président du Conseil départemental, Guy Losbar, accompagné du premier vice-président, Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre Belle-Eau, l’une des villes les plus touchés par l’insécurité depuis le début de l’année, et Henri Angélique, vice-président du Conseil départemental et président du SDIS 971. Les sapeurs-pompiers sont régulièrement agessés sur les lieux d’accidents ou d’incendie alors qu’ils portent secours.

Bruno Retailleau accueilli par Guy Losbar au Département. @Cécilia LARNEY

En ce moment, Bruno Retailleau est en préfecture : réunion avec les élus.

Ensuite, en fin de matinée il inaugure le nouveau commissariat de police de Basse-Terre, élégant immeuble sur le cours, non loin du Champ d’Arbaud. Il était temps, l’ancien, en plein centre-ville, vétuste, ne donnait pas de la Police nationale une image bien redoutable.

La Police, parlons-en, tout comme la Gendarmerie, appelée au secours quand il y a un mort, vilipendée souvent — y compris par des politiques indignes — quand elle fait son travail en interpelant des personnes qui ne respectent pas les lois de la République.

Ce double jeu des politiques est souvent critiqué par la population des citoyens qui mènent leur petite vie entre famille et travail. Mais, si cette démagogie leur attire les faveurs des réseaux sociaux, ils sont contents… A ce jeu pervers, pas sûr qu’en final de compte la Guadeloupe y gagne.

En milieu de journée, le ministre de l’Intérieur sera accueilli à Sainte-Rose. Déjeuner avec Adrien Baron, maire de cette commune, devenu la coqueluche de tous les ministres de passage depuis qu’il a redressé les comptes, mis en place des conventions avec la police, la gendarmerie, la magistrature pour plus de sécurité dans sa commune qui recèle quelques quartiers chauds.

En début d’après-midi, le ministre sera dans l’un de ces quartiers, La Boucan, où une brigade de quartier de la Gendarmerie sera inaugurée. Pourquoi la Boucan ?

Parce que c’est là que les politiques de la ville du temps de François Mitterrand, avec la complicité du maire de l’époque, avaient recasé les décasés d’un quartier chaud de Pointe-à-Pitre/Les Abymes, Boissard en pleine rénovation.

D’un coin de campagne sans histoire, les politiques d’alors ont fait, depuis Paris et ici, un quartier chaud. Quartier où, à chaque émeute, pour quelque motif que ce soit, des jeunes désœuvrés — Sainte-Rose est avec Capesterre Belle-Eau la commune où il y a le plus de chômeurs — tiennent le pont, le seul qui relie Le nord de la Basse-Terre au reste de la Guadeloupe. Fin 2021, le coin a été érigé par ces jeunes en « république autonome de la Boucan. »

Les élus ont rit… les gens qui se déplacent pour aller au travail vers la conurbation urbaine pointoise, moins. Ils sont plus de 100 000 chaque jour ! A chacun ses priorités.

En fin de journée, avant de regagner Paris, Bruno Retailleau participera, à l’aéroport international Guadeloupe-Maryse-Condé à une opération 100% contrôle.

Le ministre de l’Intérieur est attendu pour ses annonces et surtout pour la suite qui sera donnée à celles-ci.

Décevoir — une fois de plus — les Guadeloupéen(ne)s serait faire le lit de partis extrêmes aux prochaines élections.

André-Jean VIDAL

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