Guadeloupe. Canne : le conflit s’est déplacé à Jarry

Les producteurs de cannes affiliés au collectif composé de Kolèktif des Agriculteurs, Jeunes agriculteurs de Guadeloupe, UDCAG, entre autres, ont bloqué l’accès à la Pointe Jarry, cœur et poumon économique de la Guadeloupe. Les réactions n’ont pas manqué.

« On ne passe pas ! » Les tracteurs ont été conduits tôt depuis les exploitations de la Basse-Terre et de la Grande-Terre jusqu’aux entrée de la zone industrielle et commerciale. Il y a là les têtes du mouvement enclenché il y a deux mois par des planteurs-producteurs de cannes exaspérés, disent-ils, « de ne pas gagner leur vie et nourrir leurs familles en plantant de la canne à sucre. »

Par un accord signé en 2023, ils sont sensés percevoir 109 euros par tonne de canne, prix calculé en fonction du poids et de la teneur en sucre de la canne apportée au centre de réception.

« On nous vole ! Le matériel du centre technique de la canne et du sucre (CTCS) est obsolète. Le CTCS est chargé de peser les apports de cannes par planteur, et d’indiquer le taux de sucre par chargement. Le calcul est simple… en apparence, mais complexe. « Parfois, on apporte de la canne et, selon l’endroit du chargement où on fait le sondage, on a des taux de sucre différents. Et, comme on nous demande de faire de gros chargements, il y a plus de risque d’avoir des taux de sucre faibles en prélevant de la canne ici alors qu’à côté le taux de sucre est plus important. C’est l’usinier qui y gagne, pas nous ! »

C’est un premier problème soulevé par des producteurs de cannes qui n’étaient pas les plus virulents ou les plus syndiqués les années précédentes et qui, aujourd’hui, sont à la tête de la révolte.

Pourquoi ? S’ils avaient intégré que les débats serait long pour obtenir que la bagasse, la mélasse, les écumes qui sont, avec la canne, des produits (ou sous-produits) de leurs cannes apportées à l’usine leur soient payés, l’urgence de compenser au mieux les coûts de production qui supportent une inflation importante depuis un an a changé la donne.

« On ne tient plus. Là, nous sommes à bout. Nous avons proposé 120 euros la tonne de canne sans tenir compte du taux de sucre. Un prix garanti pendant trois saisons. Cela nous permettrait de refaire de la trésorerie pur replanter de la canne, amender les sols, revenir pus forts. On ne veut pas nous donner ces 120 euros. »

Pourquoi bloquer Jarry ? « Il n’y a plus de négociations, on dirait que tout le monde s’en f… Nous voulons voir ici l’usinier, le préfet, les présidents de Région et de Département, le président de la Chambre. Ils pensent que nous allons nous lasser mais qu’ils fassent attention, nous sommes déterminés. »

En attendant que la situation évolue, l’usinier a mis au chômage technique 90% du personnel, et enclenché la liquidation partielle de l’entreprise.

Il évite ainsi, tandis que peu de canne étaient livrées depuis quinze jours, que peu de sucre était produit considérant la mauvaise qualité des cannes, de perdre de la trésorerie.

Les opérateurs de coupe, les transporteurs, sont eux aussi sans travail. Ils ont manifesté avec leurs gros Titans pour que la campagne s’ouvre et qu’ils puissent travailler. Sans effet.

A Jarry, les chefs d’entreprises se plaignent de ne pas pouvoir travailler. Bruno Blandin, président de l’UDE-Medef, a tiré le signal d’alarme :

A Jarry, outre les entreprises commerciales, il y a des établissements de soins, des cabinets médicaux, inaccessibles. Il y a la clinique des Eaux Claires, inaccessible.

Un médecin signale sur des groupes WhatsApp l’urgence de rouvrir les accès, ou à tout le moins, les accès côté lycée agricole et Moudong sud, où il y a la clinique.

« Bonjour monsieur, je suis médecin. Je voulais vous dire que la situation est désespérée autour de Jarry et la clinique des Eaux claires. L’accès est absolument impossible y compris pour les ambulances. Donc si des gens ont un infarctus actuellement ils sont morts. C’est vraiment criminel. Est-ce que vous pouvez diffuser cette information sur les ondes c’est une honte. cChacun a le droit de manifester mais pas de bloquer une clinique et l’accès à la clinique !
Laissez vivre les guadeloupéens malades. Merci de diffuser ces informations. La situation est grave. Merci. »

Petit à petit les forces de l’ordre rouvrent les accès, non sans difficultés.

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