Guadeloupe. Du 8 au 31 mai, Sainte-Rose célèbre toutes les libertés

Du 8 au 31 mai 2024, la ville de Sainte-Rose organise une vingtaine de manifestations pour illustrer Liberté et Fraternité. Sainte-Rose mettra en avant sa qualité de « carrefour des peuples. » 

« Le Mai Libertés est une manifestation originale qui veut célébrer non seulement l’abolition de l’esclavage, mais aussi tout ce que nous sommes. Le mois de mai est important pour la Guadeloupe, donc pour Sainte-Rose. Mais, il faut dépasser les fêtes de l’abolition, sans oublier la période de l’esclavage. Cependant, nous ne devons pas être des victimes de notre histoire mais faire de cette histoire un atout pour notre commune. La Guadeloupe est un carrefour de peuples, il faut mobiliser toutes les énergies. »

Adrien Baron, maire de Sainte-Rose, a présenté le concept du Mai Libertés, accompagné du premier maire-adjoint, Henri Yacou, de l’adjoint en charge de la Culture, Jean-Patrick Saint-André, et de Virgile Irep, consultant Culture.

Adrien Baron :

En fait, comment mieux qualifier cette grande manifestation sur un mois ? « C’est une manifestation engagée autour de la culture d’une énergie plurielle », résume Adrien Baron.

Un mois de mai pour faire acte de pédagogie vers une éducation à la citoyenneté et un meilleur vivre ensemble, un mois de mai pour célébrer l’abolition comme une ode à la liberté, aux libertés et à la fraternité.

Un mois de mai autour de conférences, expositions et autres évènements pour se souvenir et se projeter dans « un Tout-monde » pour « penser l’interprétation des cultures et des imaginaires. »

Un mois autour de thématiques majeures

– Le Mai des Travailleurs
– La Résistance au service de la liberté
– Les femmes au service de la liberté
– Les combats contre l’esclavage
– La religion et l’esclavage
-Identité africaine, culture et musique
-L’esclavage colonial et « non en nou »
-L’esclavage vu d’Afrique

Il revenait, ensuite, à Henri Yacou de développer ce concept original.

« Nous mettons en avant, explique Henri Yacou, cette idée que Sainte-Rose est un carrefour des peuples. Je ne suis pas propriétaire de cette terre. Les propriétaires, les Amérindiens, ont été exterminés par les Européens qui ont fait venir des peuples d’Afrique. En Côte d’Ivoire, on m’a dit : « Tu es Ivoirien, tu n’es pas Guadeloupéen. » Mes lointaines origines sont là-bas, c’est vrai. »

C’est pour cela que la municipalité a souhaité non pas des festivités, comme des léwoz, un concert de gwoka, trop limitatifs — on y songe pour l’édition prochaine — mais des manifestations dans la manifestation : des rencontres, de conférences, des tables rondes, fêter les mères, fêter l’abolition de l’esclavage, mais tout autant permettre à la population de cerner d’autres réalités : ainsi, il y aura une conférence sur le gouverneur Félix Eboué, fils d’esclave, gouverneur de la Guadeloupe puis gouverneur général de l’Afrique Française, « qui, a rappelé Henri Yacou, a joué un grand rôle dans la France Libre, pour libérer le territoire du joug des nazis. »

Les racines africaines du peuple guadeloupéen sont mises en lumière par la venue de deux personnalités africaines, un historien, Aka Kouamé, et le directeur de la Culture du gouvernement de Côte d’Ivoire, Tougbo Koffi. Ces personnalités, en plus de conférences qu’elles donneront, auront des rendez-vous avec les associations culturelles de Sainte-Rose.

Plusieurs intervenants sont invités à prendre la parole : Mgr Philippe Guiougou, pour parler de religion et esclavage, des universitaires, pour parler histoire (dont Henry PetitJean Roget, américaniste, pour parler des Amérindiens qui ont peuplé les terres de Sainte-Rose), histoire de Guadeloupe et d’Afrique, des syndicalistes (dont Rosan Mounien, personnalité des luttes agraires). La communauté indienne n’est pas oublié, partie intégrante du peuple guadeloupéen.

Pour illustrer le tout-Monde de la terre sainte-rosienne, Henri Yacou a cité l’exemple d’un ancien maire, Charles Gabriel, aux origines syro-libanaises,

« Il a construit Sainte-Rose telle que nous la voyons aujourd’hui encore, avec les grands bâtiments publics, les grandes voies de circulation. Les maires sont passés, mais il y a toujours un grand respect pour ce qu’a fait le maire Charles Gabriel. »

Il prévient toutefois : « Il ne faut pas oublier l’esclavage et ses souffrances. En janvier 2023, Adrien Baron, raconte-t-il, est allé dans l’Hexagone, dans une commune qui s’appelle Champagney. Et là, à Champagney, petit village du Jura, situé à 24 kilomètres de Dole, au fin fond de la France, bien avant l’abolition de l’esclavage, il y a des hommes et des femmes qui s’étaient élevés contre l’esclavage. Dans ce petit village, il y a… la Maison de la Négritude et des Droits de l’Homme. »

Ce lieu de mémoire de mémoire autour de l’esclavage des Noirs  a été créé en 1971 par un champagnerot passionné d’histoire locale, René Simonin  (1911/1980) qui exhuma des archives départementales de la Haute-Saône, un texte unique en son genre : l’article 29 du cahier de doléances de Champagney dans lequel les habitants de ce modeste village demandèrent l’abolition de l’esclavage des Noirs dès 1789.

« Nous allons signer une intention de jumelage avec la maire de Champagney, Marie-Claire Faivre, ce sera un des moments forts de ce mois de mai. », précisait Henri Yacou.

Henri Yacou :

Virgile Irep, consultant Culture de la commune, rencontre les élus, les associations de façon à inclure dans ce beau projet toutes les strates de la population. Toujours le tout-Monde. Les associations de la commune ont adhéré à ce programme qui sera enrichi au fil de années, car il est pour durer.

Virgile Irep :

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