Guadeloupe. Energie et climat : un séminaire pour mieux comprendre

Le 3 juillet, l’OREC Synerg’Îles, en partenariat avec l’Association des maires de Guadeloupe, a initié un séminaire : Chiffres clés de l’énergie et du climat.

Bertrand Viret, président de Synerg’Îles :

Trois moments forts dans cette matinée au Caribbean Business Center (ex CWTC) : la présentation des chiffres de l’énergie, la présentation de l’étude Perception du changement climatique par les Guadeloupéens, et une table ronde Comment aligner les politiques publiques, perceptions citoyennes et enjeux économiques pour réussir la transition écologique.

Les ressources d’énergie importées en Guadeloupe représentent 9672 GWh (pétrole, gaz, charbon, 86,4%) contre 1506 GWh pour les ressources locales (éolien, photovoltaïque, hydraulique, géothermique, bagasse, biogaz, eau chaude, solaire, etc.).

IMPORTER TOUJOURS PLUS

L’approvisionnement de la Guadeloupe est constitué d’une importation puis de consommation de ressources fossiles, comme le pétrole (ou ses dérivés), d’importation et de consommation de ressources renouvelables, biomasse importée sous forme de pellets de bois pour alimenter la centrale Albioma du Moule. Il y a aussi un approvisionnement local, sous forme de vent, de soleil, d’hydraulique, etc. énergies renouvelables.

L’importation de produits pétroliers et de charbon (pour l’Usine Albioma avant qu’elle reconvertisse son fonctionnement avec des pellets de bois) est en augmentation par rapport aux années précédentes. En 2024, on a plus importé d’hydrocarbures sous toutes leurs formes pour le transport, la production électrique (en hausse), l’agriculture et l’industrie.

Jérôme Bévert, chargé de mission énergie (OREC), Synerg’Îles :

RESSOURCES LOCALES ET ALÉAS

Localement, les ressources qui sont renouvelables (vent, éolien, etc.) ont permis de produire 13% d’énergie en moins. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu moins de vent que les années précédentes en 2024, parce qu’on a enregistré en 2024 une baisse de production à l’usine géothermique de Bouillante, liée à des pannes, et une baisse de production chez Albioma parce qu’il y a eu moins de bagasse (la récolte cannière a été catastrophique) et que l’usine du Moule a interrompu sa production pour cause de travaux (passer de la production à base de charbon à celle à base de pellets de bois).

UNE DÉPENDANCE ENCORE BIEN PRÉGNANTE

Tandis qu’on clame à tous vents qu’il faut être moins dépendants en faisant appel à des ressources locales, il faut se rendre à l’évidence, la dépendance c’est 86,4% de l’énergie qui est importée par bateau essentiellement par la Société anonyme de raffinerie aux Antilles (SARA), dont 81% d’énergies fossiles pas particulièrement vertueuses.

Cependant, depuis 2021, on constate que la dépendance aux énergies fossiles reste inférieure à la dépendance totale, ce qui pourrait vouloir dire qu’il y a augmentation des importations d’énergies non fossiles, comme la biomasse solide, les pellets de bois d’Albioma, ce qui pourrait signifier un début de diversification.

Que faire ? Réduire cette dépendance en faisant appel à plus de fermes éoliennes, plus de sites équipés de panneaux photovoltaïques, plus de microcentrales hydrauliques, développer en profitant de l’expertise de Bouillante la géothermie sur un territoire riche en sources d’eau chaudes.

CONSOMMATION : MOINS, MAIS…

Quand on regarde les chiffres de l’OREC, la consommation d’énergie finale de Guadeloupe, ce qui est livré au consommateur (essence, électricité, etc.) est en baisse. Pas négligeable : 9%. On serait tenté de crier Woulò mais non, il faut tempérer son enthousiasme. Cette baisse est conjoncturelle, liée à une baisse d’approvisionnement du transport maritime, certaines compagnies s’approvisionnant ailleurs qu’en Guadeloupe pour diverses raisons, mais surtout financières.

La consommation d’eau chaude sanitaire diminue aussi parce qu’il y a moins d’installation de chauffe-eau solaires et thermodynamiques : les aides consenties sous forme de défiscalisation ayant cessé.

CONSOMMATION BRUTE ET AUTOCONSOMMATION

La consommation brute d’électricité qui comprend non seulement la consommation finale des consommateurs mais également la consommation nécessaire à fournir l’électricité, les pertes dues à la transformation et au transport et les écarts statistiques telles que la météorologie, est en hausse de 1,4%, alors qu’il y a eu une grève handicapante voire paralysante d’EDF PEI pendant trois mois avec une offre moindre d’énergie électrique.

A noter que l’autoconsommation électrique est en hausse grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments de l’aéroport international et sur les bâtiments de la Région à Basse-Terre et au Raizet Les Abymes.

POUR RÉSUMER

En 2024, la répartition de la consommation d’énergie finale est la suivante : carburants pour le transport 68%, électricité 24%, chaleur 4%, combustibles 2% et butane (gaz) 2%.

Quelle perception ont les Guadeloupéens du changement climatique ?

Cette question est posée par Alexandra Jamouillé, consultante en études sociétales, et Marielle Chaussade, cheffe de projet Energie, toutes deux d’ARTELIA.

De quoi s’agit-il ? D’analyser les perceptions et les représentations du changement climatique auprès de la population guadeloupéenne dans son cadre de vie.

Les résultats de cette étude permettront d’orienter les stratégies de communication et de pédagogie à mettre en œuvre pour éveiller les prises de conscience et encourager les engagements et d’adapter les stratégies territoriales, notamment dans le cadre de l’élaboration du SAR ou des PCAET permettant ainsi de mieux refléter les besoins des populations dans les politiques publiques.

Enfin, cette étude a offert aux collectivités un espace d’expression pour identifier les enjeux, les lacunes existantes et formuler leurs attentes en matière d’amélioration de la gestion du changement climatique et des risques associés.

Six risques naturels majeurs : séismes, éruptions volcaniques, mouvements de terrain, cyclones, inondations et tsunamis ont été recensés.

Quels enseignements en tire-t-on ? 72% des Guadeloupéens affirment que le changement climatique est une évolution à long terme des régimes climatiques mondiaux; 66% que le changement climatique est causé par des activités humaines; 85% des Guadeloupéens affirment que le changement climatique a un impact négatif sur la santé humaine.

Sont-ils inquiets ? 79% sont inquiets ou très inquiets, 20% ne sont pas inquiets. Néanmoins 90% des Guadeloupéens ont perçu des conséquences du changement climatique.

Sous quelle forme ? Inondation et chaleur, montée des eaux, déluge, pluie, hausse de la température, sécheresse, canicule, chaleur réchauffement.

50% des Guadeloupéens habitant le littoral pensent qu’ils pourraient aller habiter ailleurs.

Que faire pour limiter ce changement climatique ? 70% des Guadeloupéens veulent réduire leur consommation d’énergie, 77% trier davantage ses déchets, 65% utiliser des produits recyclés, 69% régler la climatisation de leur logement à 24°, 49% manger moins de viande. Cependant, seuls 8% acceptent de changer de véhicule pour privilégier l’électrique.

Marielle Chaussade, cheffe de projet ARTELIA :

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