Guadeloupe. Le CHUG, l’eau, l’accession à la propriété, les ports… à l’ordre du jour de la plénière du Département

La sixième plénière de l’année du Conseil départemental s’ouvre avec le quorum requis malgré un cafouillage routier entre Pointe-à-Pitre et Basse-Terre lié à des élagages…

Le discours du président Guy Losbar est rien moins qu’offensif.

Guy Losbar :

La situation du CHU préoccupe les autorités. Le malaise, démarré au service cardiologie, s’est étendu à des services techniques ou logistiques : buanderie, bionettoyage, brancardage, etc. Guy Losbar, es qualité de président du Conseil départemental et de président du Conseil de surveillance, rend hommage à ces femmes et ces hommes qui, malgré tout, poursuivent leur mission. Plus tard, une motion sera votée par les élus.

Qu’a dit Guy Losbar ?

« La santé des Guadeloupéens n’est pas un sujet parmi d’autres c’est une responsabilité collective. »

« Depuis plusieurs semaines, le CHU de Guadeloupe traverse une crise grave et préoccupante, tant sur le plan administratif que médical. Ce qui avait commencé dans le service de cardiologie s’est progressivement étendu à des services essentiels : la blanchisserie, le bionettoyage, le brancardage… Autant de fonctions vitales, qui permettent chaque jour à l’hôpital de tenir debout.
Je veux ici exprimer ma solidarité avec les personnels hospitaliers. Ces femmes et ces hommes, qui, malgré les tensions, continuent à soigner, à servir, à tenir debout notre service public de santé. Et j’exprime aussi ma profonde inquiétude pour les patients et les familles.
Car l’hôpital doit rester un lieu de soin, de confiance et de dignité, jamais un lieu de désordre ou d’angoisse. En tant que président du Conseil de surveillance du CHU mais surtout en tant que président du Conseil départemental, j’ai tenu à intervenir avec ce que je considère relever de la responsabilité de tout élu soucieux de sa population.
Mais je veux ici rappeler clairement les choses, afin que nul n’ignore : le Conseil de surveillance, selon la loi, ne dispose pas de pouvoir de gestion directe. Son rôle, c’est d’émettre des avis, de veiller, de contrôler. Mais la gestion quotidienne, les décisions opérationnelles, relèvent de la direction générale et de la commission médicale d’établissement.
Cela ne m’empêche pas, bien au contraire d’assumer ma responsabilité morale et politique. Quand la santé publique est en jeu, je me dois d’alerter, d’interpeller, de mobiliser toutes les parties prenantes, locales comme nationales. C’est dans cet esprit que j’ai appelé à un climat social apaisé, à une gouvernance stabilisée et confortée, garante de la sérénité du travail hospitalier et du respect des usagers.
Face à cela, l’hôpital public n’a pas le droit d’être affaibli. Il doit être soutenu, consolidé, respecté.
C’est pourquoi j’ai sollicité un échange direct avec le Premier ministre, Monsieur Sébastien Lecornu, afin que nous puissions trouver des solutions rapides et durables à cette crise, et plus largement traiter l’enjeu cardinal des finances de l’actuel CHU avant l’entrée dans le niveau site.
Je souhaite que cet échange permette un retour à la normale au CHUG, et prépare dans les meilleures conditions le déménagement vers le nouveau site de Perrin. Ce nouvel hôpital doit devenir le symbole d’un service public rénové, efficace, humain et digne de la confiance des Guadeloupéens.
Je le redis ici : le Département restera aux côtés des personnels et des usagers. Parce que la santé des Guadeloupéens n’est pas un sujet parmi d’autres c’est une responsabilité collective. »

Second dossier, celui de l’eau potable… Là encore, le Département est à la manœuvre pour fluidifier le dossier.

Guy Losbar :

« Une opération coup de poing de 5 millions d’euros pour réparer les fuites et les branchements défectueux. »

« L’eau, c’est la vie. L’eau, c’est la dignité. Et depuis trop longtemps, la Guadeloupe souffre. Des réseaux vétustes, des fuites, des coupures à répétition. Nous le savons tous, nos concitoyens n’en peuvent plus. Mais aujourd’hui, je veux le dire avec force : le Département prend, comme il l’a toujours fait, toute sa part de responsabilité.
Ainsi, je veux vous confirmer que, sur les deux années à venir, 27 millions d’euros de travaux seront réalisés pour réparer et moderniser les canalisations.
Avant la fin d’année nous lancerons aussi une opération coup de poing de 5 millions d’euros pour réparer les fuites et les branchements défectueux.
Nous accompagnerons le SMGEAG dans la mise en place de sa régie d’exploitation, et nous mobiliserons 5 millions d’euros supplémentaires pour contribuer à l’apurement de sa dette fournisseurs.
C’est un plan d’action complet, concret, et durable. Notre objectif est clair : rétablir la confiance. »

L’évolution institutionnelle de la Guadeloupe est le troisième dossier sur la table. Bientôt, Guy Losbar va rencontrer la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, puis les présidents des autres collectivités d’Outre-mer engagées dans le même processus.

Guy Losbar :

« Les résolutions du Congrès des élus ont été validées par la Région et par le Département. »

« Nous avons franchi une étape importante : les résolutions du Congrès des élus ont été validées par la Région et par le Département. C’est un signal fort, celui de l’unité et de la maturité politique, j’allais dire enfin retrouvée. Nous devons à présent poursuivre la concertation avec les Guadeloupéens telle que nous l’avons entamée depuis 2022, et avancer dans le dialogue avec le Gouvernement.
L’objectif est clair : créer une collectivité unique de Guadeloupe, dotée d’un véritable pouvoir normatif, capable de décider ici, sur place, dans les domaines qui nous concernent directement : l’emploi, le foncier, la gestion du littoral, le soutien à nos entreprises locales.
Nous ne demandons pas un statut pour le symbole, mais un outil d’efficacité et de responsabilité.
Je rencontrerai dans les deux prochaines semaines, la ministre des Outre-mer puis les présidents des collectivités de Martinique et de Guyane pour que nous puissions, dans le cadre des groupes de travail, et sur la base des résolutions du Congrès, définir la trajectoire institutionnelle de chaque territoire. »

A l’ordre du jour de cette plénière, présidée par Guy Losbar, les ports de Guadeloupe, avec la mise en place d’une autorité de gestion structurée, la Société Publique Locale Ports de Guadeloupe. Une nécessité, les îles de Guadeloupe étant riches de 21 ports départementaux, un maillage du territoire à mettre en valeur.

Ports de pêche le plus souvent, ports de plaisance et de loisirs aussi la plupart de ces infrastructures sont en bon état mais sous-exploitées et pas mobilisées pour créer des emplois et participer à la souveraineté alimentaire.

Une SPL, avec des actionnaires : le Département, les communes de Trois-Rivières, Sainte-Rose, Port-Louis, Petit-Bourg, et la CCMG plus d’autres encore à venir, va être l’outil moderne, réactif, capable d’intervenir sans lourdeurs administratives. Capital : 1 million d’euros.

Guy Losbar :

« Bâtir, ensemble, une véritable stratégie territoriale de développement portuaire. »

« Notre objectif est que tous les ports de Guadeloupe, qu’ils soient départementaux ou communaux, puissent intégrer notre SPL. C’est la feuille de route que j’assigne à Ports de Guadeloupe. Tous les maires seront donc progressivement approchés en ce sens pour bâtir, ensemble, une véritable stratégie territoriale de développement portuaire.
Avec la création de la SPL, c’est aussi une nouvelle manière de gérer nos politiques publiques : une gouvernance 100 % publique, mais dotée de la souplesse des entreprises du secteur privé. Un outil moderne, réactif, capable d’intervenir sans lourdeur administrative, tout en garantissant le contrôle démocratique des élus actionnaires.
C’est un modèle auquel je crois profondément.
Et je veux vous dire que je suivrai personnellement le développement de Ports de Guadeloupe, car cette société incarne l’esprit même de ce que doit être l’action publique aujourd’hui : efficace, territoriale et au service des Guadeloupéens. »

Jean Dartron, président de la Commission ports :

Enfin, dernier dossier, celui de l’habitat, avec des garanties d’emprunts pour les bailleurs sociaux du territoire.

Guy Losbar :

« 300 Guadeloupéens, chaque année, pourront enfin accéder à la propriété de leur logement. »

« Nous allons permettre la construction de 246 logements grâce à la garantie de 9,1 M€ que nous accordons à la SEMAG et à la SIG. C’est toujours avec cette même détermination de permettre à nos compatriotes de devenir propriétaires de leur habitat que je signerai la semaine prochaine une convention de partenariat avec Action logement. Grâce à la mutualisation de nos moyens et à la participation financière de 450 000 euros du Département, ce sont ainsi 300 Guadeloupéens qui, chaque année, pourront enfin accéder à la propriété de leur logement ou encore du foncier sur lequel a été construit leur maison.
Toujours en matière de garanties d’emprunts, je vous propose aussi d’en accorder une à hauteur de 400 000 € au Centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe, CIMGUA, pour lui permettre de poursuivre son activité au service de la santé de nos compatriotes. »

Jean-Philippe Courtois, en l’absence d’Elie Califer, président de la Commission des Finances, reprend certaines considérations, celles liées à la création de la SPL et aux garanties d’emprunts aux bailleurs sociaux.

Jimmy Fausta, au nom de son groupe, accorde tout son soutien à la création de la SPL, avec quelques réserves : abonder le capital, avoir un audit tous les trois ans pour savoir l’efficacité de la structure.

Guy Losbar le remercie et le rassure puisque le capital est un début, pour lancer la structure, et un audit sur les ports sera effectué pour connaître leurs potentiels.

Jules Otto veut des précisions sur la composition du conseil d’administration de la SPL. Il est rassuré par Guy Losbar : la composition actuelle c’est pour démarrer la SPL. Il y aura bien un membre de l’opposition dans ce conseil. Question de confiance.

Le vote est cependant unanime pour créer cette SPL.

jules Otto :

On passe au second point, celui des garanties aux bailleurs sociaux dont le Département est actionnaire.

Les garanties sont accordées à la SEMAG, à la SIG et à la SIMGUA, toujours à l’unanimité.

Dans les questions diverses, Adrien Baron souhaite intervenir sur la situation du CHU, lançant l’idée d’une motion du Département pour apaiser les esprits.

Cette motion insiste sur les problèmes de santé regardant les Guadeloupéen(ne)s et l’importance d’un CHU fonctionnant normalement avant son transfert sur le nouveau site. Direction générale, CME, syndicats doivent retrouver le chemin d’une concertation dans l’intérêt de tous.

Brigitte Rodes en profite pour attirer l’attention de l’assemblée sur le CHBT, dont elle est membre du conseil de surveillance. Il y a des urgences dans certains services dans l’intérêt des patients du sud Basse-Terre.

La motion lue par Adrien Baron est adoptée à l’unanimité.

Adrien Baron :

La motion lue par Adrien Baron :

Considérant la situation de crise particulièrement grave que traverse actuellement le Centre Hospitalier Universitaire de Guadeloupe;
Considérant que sur le plan épidémiologique, le CHUG S’inscrit son action dans un territoire particulièrement touché par la représentation significative de la sédentarité, du surpoids et de l’obésité, des affections chroniques telles que l’hypertension artérielle, le diabète, l’insuffisance rénale chronique, les accidents cardiovasculaires, les cancers, les pathologies liées au milieu, ainsi que de fortes problématiques en santé mentale ;
Considérant que plus largement la Guadeloupe connaît des problématiques de santé spécifiques et aigues qui militent pour développer la prévention; réduire les inégalités sociales et territoriales de santé; assurer l’accès aux soins; développer la recherche; affirmer le droit des patients et conforter l’expression des usagers ;
Considérant que le CHUG doit réussir le transfert de ses activités et services sur le nouveau site d’implantation de PERRIN; que ce transfert dans l’intérêt des patients et des professionnels de santé doit être effectué dans les meilleurs conditions administratives, sociales, humaines, techniques, médicales et paramédicales ;
Considérant que pour y parvenir l’établissement de référence du territoire doit pouvoir parvenir à résorber son déficit notamment sa dette auprès des fournisseurs, retrouver un fonctionnement normal et apaisé pour certains de ses services essentiels au quotidien tels
que le bionettoyage, la blanchisserie, le brancardage, le service de cardiologue ;
Considérant la légitime sollicitation des conseillers départementaux quant à l’issue de l’actuelle situation du CHUG, au regard de la pleine participation de la Collectivité départementale à la santé publique notamment en matière de protection maternelle et infantile, d’action sociale en santé, d’accompagnement des aînés et des personnes handicapées, de santé scolaire et de participation aux actions de prévention et d’éducation à la santé ;
Les élus du Conseil départemental expriment leur souhait que le CHUG retrouve son fonctionnement normal sur son site actuel et en prévision de sa future installation à Perrin, dans l’intérêt du système de santé et des Guadeloupéens ;
Ils appellent de leurs vœux que les parties prenantes, direction générale, CME, organisation syndicales représentant le personnel, puissent contribuer au retour à un climat serein et apaisé à la boussole de la responsabilité, du dialogue et de la concertation, et en particulier sous le sceau d’une ambition pour le rayonnement du CHUG à l’échelle de la Guadeloupe, de l’environnement régional, voire international.

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