Guadeloupe. Les hydrocarbures de tous les dangers

Le prix des hydrocarbures — super, diesel, gaz — a connu, ces derniers mois une hausse sans comparaison avec les autres années. Tant et si bien que si les particuliers ont vu leur plein d’une voiture 5cv passer de 60 à 70 € en trois mois, les professionnels, qui utilisent des camions et des machines qui pompent le carburant sans compter, ne s’y retrouvent plus.

Mardi soir, à huis clos, ces professionnels réunis autour de l’emblématique Jean-Yves Ramassamy, président du Collectif des socio-professionnels — transporteurs de personnes et transporteurs de marchandises, acteurs du BTP, chauffeurs de taxis, auto-écoles, etc. —, ont rencontré le préfet Alexandre Rochatte, le président du Conseil départemental Jean-Philippe Courtois, des représentants de la Région, de certains EPCI, en l’absence des pétroliers : la SARA, Rubis, Sol, et des gérants de stations-services.

Le préfet n’a pas
de marge de manœuvre

Discussion mouvementée, le préfet Rochatte expliquant qu’il applique les taxes en fonction d’un barème précis, sur des hydrocarbures dont le prix a augmenté au sortir de la SARA. La Société Anonyme de Raffinerie des Antilles qui communique à la DIECCTE le prix de sortie du carburant, qui varie en fonction du cours du baril et qui prend en considération les coûts de fonctionnement de la raffinerie. La conjoncture internationale fait le prix du Brent qui est répercuté sur les consommateurs après prise en compte du raffinage, du coût du transport en bateau, du transport en camion-citernes, la marge du gérant de la station-service et les fameuses taxes.

En fait, l’explication est donnée chaque mois — les prix sont révisés tous les mois pour coller à la réalité du marché international chaque fois qu’il y a une hausse (ou parfois une baisse, mais plus rarement), de ces prix.

Trois taxes « régionales »
qui abondent
les caisses des collectivités

Explication détaillée par la Direction régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIECCTE), qui ne permet aucune dérive. Et laisse peu de latitude au représentant de l’Etat. L’Etat ne prélève pas de taxe sur les hydrocarbures Outre-mer. L’achat des matières premières (pétrole et autres produits) revient au tiers du prix d’un litre de carburant à la pompe. Les gérants environ 8%, Le coût du raffinage est sensiblement égal. Les taxes d’Octroi de Mer (reversée par la Région aux communes), d’Octroi de Mer Régional (au profit de la Région) et la Taxe Régionale Spéciale (pour financer les travaux routiers) environ un tiers du prix d’un litre de carburant.

Voici le prix des carburants en Guadeloupe et leur composition selon l’arrêté préfectoral du 29 octobre 2021 :

Une baisse conséquente
demandée par
les socio-professionnels

Malgré cela, fort de sa puissance et d’une lassitude dans la population, le Collectif des socio-professionnels a demandé une baisse de 30 centimes au litre pour les usagers professionnels — baisse qui sera automatiquement répercutée sur les particuliers, dit Jean-Yves Ramassamy — et le prix de la bouteille de gaz au même tarif que dans l’île de la Réunion, dans l’Océan indien, où elle est vendue aux alentours de 21 euros (jusqu’à présent, mais les approvisionnements ne sont pas les mêmes) au lieu des 28,06 centimes que paient les Guadeloupéens.

La faute aux taxes reversées aux collectivités ? Faudrait-il que ces dernières fassent un effort en baissant leur part sur le prix du litre de carburant ? Pas si simple.

Les collectivités
saignées par la relance
des activités d’après-Covid

Le président du Conseil départemental en exercice, Jean-Philippe Courtois, a courageusement expliqué pourquoi ce sera très difficile, voire dangereux pour les finances des collectivités majeures (région et département) de baisser la part qu’elles perçoivent sur la vente des hydrocarbures.

Les collectivités majeures financent, aux côtés de l’Etat, une part non négligeable du plan de relance de l’économie locale ainsi que les aides diverses apportées aux secteurs de l’économie et de la culture, notamment. Ces aides coûtent et menacent d’assécher les caisses.

Baisser leur part sur le prix des hydrocarbures fera que la Région, le Département, mais aussi au travers d’eux les EPCI, les communes, verront leurs budgets déjà fragiles mis en déséquilibre dangereux à court et moyen terme.

Rendez-vous pour un second round le 22 novembre. Avec sans doute (peut-être) la présence des pétroliers.

André-Jean VIDAL

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​