Ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Patricia Miralles a inauguré, vendredi 27 juin, au quartier Bord de mer (Trois-Rivières), le mémorial dédié aux Dissidents.
Les commémorations prévues pour le 80e anniversaire de la Libération passent aussi par les Outre-mer, particulièrement la Guadeloupe et la Martinique d’où sont partis les Dissidents à l’Appel du général de Gaulle (18 juin 1940). Ces jeunes, de toutes origines sociales, n’ont pas hésité à s’engager dans une traversée périlleuse, à bord de canots saintois, parfois « empruntés » à leurs propriétaires, pour libérer la France sous l’Occupation. On considère qu’ils étaient environ 5000, “combattants de la liberté” issus de Guadeloupe et de Martinique. Beaucoup ne sont pas revenus. Certains sont morts « parfois dans l’indifférence générale », les autres ont sombré dans l’oubli.

Pour ne plus perdre la mémoire
À l’initiative des associations patriotiques, la Guadeloupe leur rend – enfin – hommage… pour ne plus perdre la mémoire. La célébration du 80e anniversaire de la Libération ne pouvait offrir meilleure occasion d’ancrer dans la mémoire collective l’engagement exemplaire de ces Guadeloupéens et Martiniquais qui ont contribué à « sauver » la France. Pour sa première visite en Outre-mer, Patricia Miralles a inauguré, en Guadeloupe, le mémorial en hommage aux dissidents antillais.

« La mémoire nous unie, rappelle Patricia Miralles, ministre déléguée chargée de la mémoire et des Anciens combattants. Elle a été égarée : il est temps de faire toute la lumière sur cette mémoire en inaugurant ce Mémorial, pour se souvenir de ceux qui ont combattu à l’époque du régime de Vichy contre le nazisme et qui ont sauvé la France. Ils nous ont permis d’être là, aujourd’hui, unis et attachés à cette mémoire. »
Sasha, 2e plus jeune porte-drapeau de France
Le mémorial érigé au Bord de mer de Trois-Rivières, à l’endroit même où les dissidents embarquaient en direction de la Dominique, parfois après un premier arrêt à Bananier (Capesterre Belle-Eau) réhabilite les Dissidents dans la mémoire collective. Un « épisode » de l’histoire de France dans lequel la Guadeloupe et la Martinique ont fait plus que de la figuration…





La plaque dévoilée, en présence des autorités civiles et militaires, ce 27 juin en Guadeloupe, fait écho à celle érigée à Roseau où les Dissidents faisaient escale et à celle des Trois-Ilets en Martinique, autre point de ralliement. Cette plaque est associée à un totem, tout en transparence, et un monument, une pièce originale représentant un canot saintois.
« En tant que ministre chargée de la Mémoire, je vais continuer à valoriser cette mémoire, assure Patricia Miralles. Peu de gens savent qu’ici, en Guadeloupe, on a résisté. Ici, vous êtes venus vous battre pour la France. Il faut qu’on transmette nos mémoires familiales à la jeunesse qui demande des repères, qui a besoin de sens. Ici, la mémoire a tout son sens. »



La jeune génération a été pleinement associée à cette cérémonie officielle. Difficile de ne pas remarquer Sasha, bientôt 10 ans (le 30 juin), avec les porte-drapeaux. Originaire de Petit-Bourg, Sasha est le deuxième plus jeune porte-drapeau de France. Une mission qu’il prend très au sérieux.
La chorale À coeurs d’hommes de Baillif, dirigée par Joël Gustave-dit-Duflo, a interprété La Marseillaise et Le Chant des partisans.
Cécilia Larney


Immortel
La cérémonie civile a été l’occasion d’inaugurer le Jardin du souvenir dédié à Eutase Jospitre, Dissident, ancien agent communal de Trois-Rivières, co-fondateur de l’association des Anciens combattants. Décédé le 16 août 2024, le jour où la première pierre du mémorial était posée, Eutase Jospitre avait reçu l’attestation d’appartenance aux Forces Françaises libres, une médaille commémorative et un diplôme signé du général de Gaulle avant d’être élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur militaire.

« Le 16 août 2024, nous avions pris l’engagement, avec les associations, de mettre en place un mémorial pour rendre hommage aux Dissidents qui ont apporté leur contribution pour la résistance, explique Guy Losbar, président du Conseil départemental. Leur courage leur a permis de refuser l’oppression, le nazisme, le racisme : ils voulaient un monde libre. Il était important d’ériger ce mémoriel : malgré leur contribution à cette lutte, ils demeurent encore inconnus. Avec ce mémorial, chaque enfant pourra connaître l’histoire de la Guadeloupe. »
La cérémonie civile s’est achevée en musique avec Fred Deshayes. En guitare/voix, il a interprété le titre Sa nou yé, composé pour le documentaire Parcours de dissidents, d’Euzhan Palcy (2006).