Guadeloupe. Politique. Péyi Gwadloup fait sa rentrée

« Le pays va mal ! » Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, ancien ministre des Outre-mer, ancien président de Région, ancien député, le dit. Il a d’ailleurs failli ravir la vedette à Bernard Guillaume, président du groupe Péyi Gwadloup à la Région.

La conférence de presse de rentrée de l’opposition régionale, Péyi Gwadloup, 7 élus depuis la défection de Josette Borel-Lincertin, qui s’est tenue hier après-midi, avait pour but de dire des choses avant la plénière de demain qui verra le président Ary Chalus présenter successivement l’affectation du résultat disponible au compte administratif de 2024 adopté le 19 juin 2025, le projet de budget supplémentaire pour 2025 (BS/2025), l’adoption du rapport UE 2025 portant évaluation du régime de l’octroi de mer de 2019 à 2023, le rapport d’activité 2024. Gros programme.

« En fait, critique Bernard Guillaume, avec cette plénière, on n’aura pas le sentiment que la Région sait où elle va. C’est décevant. »

Flanqué, outre de Victorin Lurel, pas souvent présent dans les dernières plénières mandat parlementaire oblige, d’Hilaire Brudey et de Loïc Martol, conseiller actifs, le président Guillaume va détailler les chiffres et lancer : « La Région fonctionne comme un guichet. Quand on dit qu’on fait des choses, il faut voir où l’on va. Il y a, certes, des crédits consommés mais je pose la question : où sont-ils passés ? A-t-on utilisé l’argent pour des équipements structurants ? Pour développer réellement l’archipel ? Là, nous avons un budget administratif parce qu’il faut le faire. Mais, pas grand-chose d’autre ! »

Bernard Guillaume :

Dans sa prise de parole, Victorin Lurel est plus direct : « Nous sommes une des régions les plus endettée de France. Il faudra attendre 2027 et le rapport de la Chambre régionale des comptes pour savoir exactement les choses. Le budget qu’on nous présentera vendredi ? On comble des trous. Il n’y a pas une vision réelle des choses. Il y a de l’amateurisme. Alors, on nous reproche de ne pas élever la voix, de ne pas dénoncer. On le fait en plénière ! Mais, nous voulons être une opposition responsable, constructive. On propose des choses, on ne nous écoute pas. »

En dehors de cette critique de la Région, que disent les socialistes de problème de l’eau ? « En début d’année prochaine, il va falloir solder la liquidation du SIAEAG, ce n’est pas encore fait. Pour ce faire il faut 12 millions de la Région, autant du Département, 5 millions de chaque communauté d’agglomération. Or, il faut 100 millions. Pour ce qui est du SMGEAG, la situation est grave : comme il n’y a pas de gouvernement, l’Etat en ce moment ne peut rien faire. Attendons le prochain gouvernement. Il y a deux solutions possibles, affirme Victorin Lurel : associer les EPCI, qui seront responsables des résultats. Mais, qui va signer et prendre ce risque ? L’autre solution c’est la fameuse régie, avec un directeur général ordonnateur et les élus se voient dépouillés de leurs pouvoirs de gestion. La régie figure dans les statuts mais les élus n’en veulent pas. Pour solutionner le problème du non-paiement de l’eau, il  faut une fiscalisation de celle-ci, avec une taxe additionnelle sur les abonnements et la consommation. Comme on a une taxe sur les ordures ménagères. Mais, peut-on traiter un grand hôtel gros consommateur d’eau comme on traite un particulier ? Là encore, il va falloir tailler une cote qui permettre que chacun paie l’eau de manière équitable. »

Autre problème, celui des sargasses, pour lesquels les élus de Péyi Gwadloup estiment que la Région n’en fait pas assez quoiqu’elle en dise. « On se défausse sur l’Etat et les communes. » 

L’Etat est au passage égratigné : « Quand j’entends le préfet dire que les sargasses en mer c’est l’affaire de l’Etat, celles qui s’échouent sur nos côtes c’est l’affaire des communes ! », s’exclame… toujours Victorin Lurel, en verve.

La vie chère ? « Le bouclier qualité plus est un bon outil qui a ses limites. Il est basé sur le volontariat des commerces ; il n’y a pas de sanctions quand le commerce qui a signé ne tient pas ses engagements ; il n’est pas adapté parce qu’il n’y a pas assez de produits ; les rayons ne sont pas suffisamment approvisionnés… », explique M. Lurel qui regrette que les négociations ne soient pas bien en amont des décisions.

Selon lui, l’Observatoire des prix, des marges et des revenus, l’OPMR est un leurre, qui ne remplit pas sa mission. « Les marges réelles sont cachées ! »

De quoi a-t-on parlé encore ? Ah oui, d’un courrier d’Ary Chalus aux membres de la Commission ad-hoc du Congrès. Dans ce courrier, dont Victorin Lurel ne regrette pas la prudence (mais c’est tout), le président de Région essaie de reprendre la main sur le débat politique autour de l’évolution institutionnelle. Il met en avant les risques qu’il y aurait de trop s’engager, renvoie la suite des débats à après les municipales, en avril 2026.

Il dresse une feuille de route de ce qu’il faut faire, quand, comment… Wait and see.

Victorin Lurel se dit prêt si l’on va plus vite que la musique dans le dossier de l’évolution institutionnelle à reprendre le combat de 2003. Bref. Des débats en perspective.

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