La réforme nationale des Services Autonomie à Domicile impose de fusionner les structures d’aide et de soins infirmiers à domicile. Les associations de Guadeloupe réclament des négociations avec leurs instances de tutelle, le Conseil départemental et l’Agence Régionale de Santé, et un délai raisonnable pour se mettre en conformité.
En cette période de vacances, les associations qui assurent les soins infirmiers et services (ménage, courses, hygiène…) à domicile n’ont pas vraiment le cœur en fête. Mobilisées quotidiennement auprès des personnes âgées et des adultes en situation de handicap de l’archipel, ces SAD (Services Autonomie à Domicile) et SSIAD (Services de Soins Infirmiers à Domicile), qui emploient un millier de personnes, sont confrontés à une réforme dont l’application en Guadeloupe pose problème.
En effet, au regard de la réforme Services Autonomie à Domicile du 13 juillet 2023, il leur est demandé, pour décembre 2025, au plus tard, de faire fusionner services d’aide à domicile et services de soins infirmiers à domicile, chacun étant libre de choisir son partenaire. Une nouvelle mesure qui convient aux principaux intéressés.
« La réforme doit tenir compte des réalités de la Guadeloupe »
« Nous ne sommes pas contre ces rapprochements : nous avions déjà commencé à échanger avec des partenaires, commente Jennyfer Thicot, directrice d’AMGS Marie-Galante Service. Mais, le contexte spécifique de l’archipel doit être pris en compte dans l’application de la réforme. On ne peut pas agir dans la précipitation. Nous souhaitons que les délais soient revus pour nous permettre d’analyser différents modes de rapprochement et de trouver la meilleure gestion salariale possible. Dans cette réforme, il est aussi question de bassin limitrophe. C’est lequel, dans le cas de Marie-Galante ? La réforme doit tenir compte des réalités de la Guadeloupe. »
Si elles ne contestent pas l’esprit de la réforme, les associations de services et soins infirmiers à domicile regrettent une méthode inappropriée.
Le délai imparti – pour mener les discussions, trouver un accord notamment pour la gestion salariale, chaque secteur d’activité ayant ses propres statuts… -, est « intenable », s’insurgent les associations.
Eviter la casse sociale
Informées le 16 juillet, par le Conseil départemental et l’Agence Régionale de Santé de Guadeloupe, des modalités de mise en œuvre de la réforme, les associations doivent fournir une lettre d’intention le 18 août au plus tard, pour avoir l’opportunité de présenter leur dossier de candidature le 10 octobre…

« Ce délai du 18 août est intenable quand il s’agit de mener des discussions pour faire fusionner deux secteurs d’activité, insiste Helain Sahaï, directeur de SSIAD. Et, à cette période de l’année, beaucoup de présidents de conseil d’administration, de consultants, de conseillers juridiques avec lesquels nous devrons échanger en amont, ne sont pas disponibles. Nous souhaitons éviter la casse sociale et privilégier la qualité de vie au travail pour que les employés des associations d’aide à domicile soient dans les meilleurs conditions psychologiques pour soigner et mener à bien leurs missions auprès des patients ! »
L’autre point qui fait bondir les associations concerne la disparition programmée des structures de soins infirmiers à domicile qui continueraient d’opérer en solo… Sans négociations préalables, les associations estiment que « plus de 50 % des structures » qui exercent actuellement sur le territoire pourraient disparaître, et avec elles, des centaines d’emplois.
« Le secteur de l’aide et du soin est en péril, commente Helain Sahaï. Sans le maintien à domicile des personnes âgées qui bénéficient d’interventions, du lundi au dimanche, d’infirmières et d’aides à domicile pour leur permettre d’être mieux dans leur cadre de vie, il ne reste plus que l’Ehpad ! Tout le monde n’en a pas les moyens. La question du maintien à domicile est trop importante pour être bâclée ! »
Que réclament les acteurs des soins et services à domicile ?
« Une rencontre, des négociations » avec le Conseil départemental et l’Agence Régionale de Santé, leurs interlocuteurs privilégiés.
Un délai « raisonnable » pour formuler leurs lettres d’intention et répondre aux Appels à manifestation d’intérêt dans les règles pour permettre à toutes les structures d’embarquer ensemble dans le train de la réforme, sans pénaliser des publics (personnes âgées ou en situation de handicap) déjà fragilisés et engendrer de la précarité supplémentaire dans un territoire qui pourrait s’en passer.
Cécilia Larney