L’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) a publié son rapport sur les drogues en Guyane.
L’enquête qualitative, menée dans chaque Département et Région d’Outre-Mer par l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), avec l’Association guyanaise de réduction des risques (Agrrr), vise à recueillir des données plus fines sur des populations particulièrement consommatrices. « Cette enquête de terrain permet de décrire le contexte guyanais du trafic de substances psychoactives illicites, les habitudes de consommation des personnes usagères régulières, précise l’OFDT. L’usage régulier étant défini par le fait de déclarer au moins dix usages de substances au cours des 30 jours précédant l’enquête, ainsi que les modalités d’accompagnement proposées par les structures dédiées. »
Le rapport confirme « la place installée de la cocaïne dans le paysage des substances psychoactives en Guyane. Le territoire continue de s’affirmer comme un point d’étape stratégique du trafic sud-américain à destination de l’Europe (…) La circulation intense de cocaïne liée au trafic international en Guyane favorise une offre locale abondante et à bas coût de ce produit. »
Une cocaïne à faible coût qui favorise la consommation
À Cayenne, l’Office anti-stupéfiant (Ofast) recense entre quinze et dix-huit points de deal où les consommateurs s’approvisionnent régulièrement. La vente via les réseaux sociaux ou par livraison est plus rare, selon les personnes interrogées dans l’enquête.
« Comme dans l’Hexagone, la cocaïne chlorhydrate concerne surtout un public inséré, souvent originaire de l’Hexagone. Pour certains, l’arrivée en Guyane marque le début de la consommation, favorisée par le faible coût, l’accessibilité et la présence du produit dans certains cercles sociaux. À l’inverse, le crack touche des personnes en grande précarité, confrontées à l’instabilité financière et au manque d’hébergement », soulignent les auteurs du rapport.
« L’usage régulier de cannabis en Guyane concerne 3,8 % de la population de 15 à 64 ans, contre 3 % en France hexagonale », poursuit l’OFDT. Le niveau d’expérimentation est moindre, en revanche. S’agissant de ce produit, les auteurs relèvent la diversité de l’offre, avec des teneurs en THC (tétrahydrocannabinol) très variables, tant pour la production locale qu’importée.
La filière surinamaise

Enfin, les auteurs du rapport constatent « une installation affirmée de la MDMA/ecstasy sur le territoire guyanais (…) Alors que le trafic s’incarnait auparavant par un faible nombre de revendeurs alimenté par des transports ponctuels entre la France hexagonale et la Guyane, une filière surinamaise se structure, nourrie par l’expertise historique des Pays-Bas en matière de trafic de drogues de synthèse. »
S’agissant de ce produit, les auteurs ont interrogé :
- Des femmes socialement intégrées, originaires de France hexagonale, dont l’usage s’inscrit exclusivement dans un cadre festif.
- Des professionnels au sujet du Pikachu, « une préparation liquide, généralement de couleur orangée ou rouge, conditionnée dans une fiole en forme de sucette ornée d’une étiquette colorée, destinée à séduire un public jeune (…) Les analyses récentes menées sur des échantillons de Pikachu mettent au jour des concentrations particulièrement élevées de MDMA/ecstasy ; le dispositif SINTES a analysé un échantillon au dosage de 28 mg/L de MDMA/ecstasy, et la gendarmerie nationale en Guyane a saisi une fiole de 3 ml d’une concentration de 288 mg/L de MDMA/ecstasy, soit un dosage plus de dix fois supérieur à la concentration dans une dose standard de MDMA/ecstasy pour un usage récréatif (…) Plusieurs cas graves ayant conduit à des hospitalisations ont été recensés en 2024-2025 dans l’Ouest guyanais. »
Le rapport souligne également que « la filière de prise en charge des usagers de substances psychoactives (…) peine à satisfaire l’entièreté de ses missions ».
Dans la stratégie régionale de lutte contre les addictions de l’Agence régionale de santé de Guyane, prévenir l’entrée dans les addictions « dès le plus jeune âge » figure parmi les priorités, de même que l’attention portée aux publics vulnérables et aux communes de l’intérieur.