L’irresponsabilité de l’État en matière d’infrastructures agricoles constitue un véritable handicap pour les paysans cultivateurs du Nord-Est.
Plus particulièrement, le chantier du canal d’irrigation de la plaine Maribaroux illustre les lenteurs administratives et les carences techniques qui fragilisent la production agricole. Routes non terminées, canaux secondaires jamais construits, ouvrages de protection inachevés : autant de promesses non encore tenues qui accentuent la précarité des exploitants.
« Aucune prise en charge des autorités pour permettre la finalisation des travaux de construction du canal. Ils (les responsables de l’État) sont quasiment absents et inexistants en matière de valorisation de cette initiative haïtienne », déplore un agent de la Brigade de sécurité des aires protégées (BSAP).

Les travaux entamés sur cette infrastructure stratégique demeurent inachevés. Les canaux secondaires, indispensables à la distribution de l’eau, ne sont toujours pas réalisés. Pis encore, le projet de gabionnage de la rivière Massacre, pourtant crucial pour protéger le canal des crues, n’a jamais été exécuté. À chaque montée des eaux, l’ouvrage est davantage endommagé, réduisant l’efficacité du dispositif et décourageant les agriculteurs.
Face à cette situation, les paysans élèvent la voix et interpellent les autorités. Ils réclament des interventions urgentes pour achever les travaux, sécuriser les berges et garantir la pérennité des installations. Car au-delà de l’irrigation, c’est tout un environnement agricole qui se trouve menacé, et avec lui la sécurité alimentaire de milliers de familles, ont déclaré plusieurs riverains se trouvant sur les lieux.
« Il faut qu’il y ait une meilleure approche pour faciliter le développement agricole dans la région en passant par la plaine Maribaroux », a déclaré un planteur de riz interrogé.

Repris le 30 août 2023 à l’initiative des paysans de la plaine du bas Maribaroux, le projet de construction du canal d’irrigation avait suscité un immense espoir. Cet acte symbolique visait à redonner vie à une agriculture souvent délaissée et à dynamiser l’économie régionale. L’eau, source de vie, devait être rendue disponible en permanence pour irriguer les terres cultivables, améliorer les récoltes et favoriser l’autosuffisance alimentaire.
Deux ans plus tard, le constat est mitigé. Si l’eau circule désormais dans le canal principal et atteint une partie des terres, les infrastructures de soutien demeurent insuffisantes. L’État, principal garant du suivi et de l’achèvement des ouvrages, brille par son absence. Cette carence fragilise un secteur déjà éprouvé par l’insécurité, la cherté de la vie et le manque d’accompagnement technique.
Lors d’une visite effectuée le vendredi 3 octobre 2025, Le Nouvelliste a pu constater à la fois les bienfaits et les limites du projet. Les paysans s’adaptent tant bien que mal, organisant eux-mêmes l’utilisation de l’eau disponible. Les cultivateurs, les entrepreneurs locaux et même les consommateurs s’unissent pour maintenir en vie une agriculture qui, sans ce canal, aurait pu s’effondrer.
L’eau qui provient de la rivière Massacre, en passant par l’entrée principale du canal, alimente les axes périphériques. Elle permet l’arrosage de plusieurs champs, redonnant à la plaine un souffle d’espérance. Cependant, sans les canaux secondaires et sans mesures de protection contre l’érosion, les risques demeurent élevés. Les bénéfices du projet pourraient s’éroder rapidement si des mesures concrètes ne sont pas prises.
Ainsi, le canal d’irrigation de Maribaroux incarne à la fois une victoire populaire et un échec institutionnel, toujours selon les constats du journal. La détermination des paysans contraste avec le désengagement de l’État. Si ce dernier ne prend pas ses responsabilités pour finaliser les travaux, le projet pourrait se transformer en mirage. Pour les cultivateurs du Nord-Est, la disponibilité durable de l’eau reste la clé d’un avenir agricole prospère.
Source : Le Nouvelliste