Des dizaines de paysans ont été exécutés à Préval, localité de la première section communale de Petite-Rivière de l’Artibonite, dans l’après-midi de mardi 20 mai 2025, par la Coalition, un groupe armé d’autodéfense de la région, selon les informations recueillies de sources concordantes.
Des dizaines de paysans ont été exécutés à Préval, localité de la première section communale de Petite-Rivière de l’Artibonite, dans l’après-midi du mardi 20 mai 2025, par la Coalition, un groupe armé d’autodéfense de la région, selon les informations recueillies de sources concordantes.
La Coalition est un regroupement armé d’autodéfense qui a pris naissance à Jean-Denis pour, au départ, contrecarrer les gang Gran Grif et Kokorat san ras issus de localités voisines. La Coalition existe depuis un peu plus de six ans. Dans ses premiers moments, la Coalition, qui regroupe des membres recrutés dans tout le Bas-Artibonite, était très proche de la population et avait l’appui de membres de la diaspora originaires de la région qui l’ont aidé financièrement. Même la Police nationale d’Haïti et la justice utilisaient les services de la Coalition, selon les informations recueillies par les journalistes sur place.
« Le bilan partiel des cadavres déjà trouvés et des blessés graves va au-delà de cinquante victimes », a confié le juriste Pierre Estilus de l’organisation des droits humains Mouvman Moun, qui précise que « la quasi-totalité des personnes tuées l’ont été à coup de machette, la tête coupée, avant d’être empilées ou jetées dans le fleuve Artibonite. »
Les corps sans vie « sont des Prévalois dignes des valeurs morales, connus de tous comme des jeunes respectueux et des notables respectables de la communauté », a fait savoir M. Pierre, pour qui, « le carnage est indescriptible ».
Cette tragédie sanglante fait suite à la mort du jeune Hudlet Charles, membre de la Coalition, assassiné sur sa plantation par des bandits du gang Gran grif de Savien, qui ont revendiqué le meurtre. « Furieuse, la Coalition ne s’est pas dirigée vers Savien pour se venger, elle a préféré terroriser les habitants de Préval », selon les dénonciations de la journaliste Bertide Horace.
Une source policière fiable révèle au Nouvelliste que « les auteurs de ces actes criminels ont incendié au moins une quinzaine de maisons et de moulins des paysans de Préval ». Faisant allusion à une note vocale devenue virale sur les réseaux sociaux et faisant « l’éloge de la folie » qui suggère que « les familles des victimes fassent ce que de droit », en poursuivant judiciairement « les bourreaux qui se sont identifiés eux-mêmes », la source policière a retracé pour Le Nouvelliste les évènements.
Au local de l’Église Baptiste Maranatha de la Mission Union Évangélique Baptiste d’Haïti (UEBH), patrimoine et référence de la zone, le pasteur Jacques Brutus dit Pa Billy, âgé de 86 ans et une quinzaine de frères et sœurs protestants, présents lors du drame, « ont subi le même sort cruel de la décapitation dans l’enceinte religieuse », ont rapporté plusieurs sources, attestant que « le sang coule partout à Préval ».
La porte-parole de la Commission de dialogue et de conscientisation pour sauver l’Artibonite, la journaliste Bertide Horace, dont des proches biologiques ont été tués dans ce drame, a déclaré que « les maisons incendiées par les membres de la Coalition armée d’autodéfense avaient des paysans à l’intérieur ».
Interrogé par le journal, l’un des leaders influents de la résistance populaire, qui supporte la Coalition, requérant l’anonymat, a reconnu que « les personnes tuées sont malheureusement des innocents ». Il avance que « des informations reçues par le quartier général de la Coalition font croire qu’à Préval, il existe une base du gang Gran grif en formation ».
À la question de savoir si des bandits ont été exécutés ou qui de cette nouvelle base avait été neutralisé et capturé dans l’opération du mardi 20 mai 2025, le dirigeant a répondu négativement, ajoutant que « tous les alliés des bandits de Gran grif ont pu s’échapper », qualifiant les auteurs du massacre de « mal tande. » Il reproche toutefois aux habitants de Préval de tolérer le gang.
« Si Préval avait été armé, jamais la Coalition n’agirait de la sorte. Après six ans de prétendues luttes dans l’Artibonite contre les gangs armés, la Coalition n’a aucune confiance populaire. Tout ce qu’elle fait n’est que simulacre », a lâché le journaliste Volcy Alcide, figure emblématique de la bataille anti-gang dans l’Artibonite, lors de sa participation de l’édition du soir du mardi 20 mai 2025 de l’émission Chimen Evolisyon sur une station sœur. Volcy Alcide souhaite « que l’action publique soit mise en mouvement contre les instigateurs du massacre ».
Depuis mardi 20 mai, les réactions citoyennes se multiplient en Haïti et dans la diaspora. Nostalgiques, des personnalités de la société civile racontent leur enfance et leur jeunesse à Préval, témoignant de ce que symbolisent l’Église Baptiste Maranatha et le pasteur Jacques Brutus, après 50 années de ministère. Une note de dénonciation de la Mission Union Évangélique Baptiste d’Haïti (UEBH), publiée mercredi 21 mai 2025, a condamné ces crimes de sang et exige que les autorités gouvernementales du pays assument leurs responsabilités.
Source : Le NouvellisteLien : https://lenouvelliste.com/article/256377/des-dizaines-de-paysans-massacres-a-preval-dans-lartibonite
