Finalement, le grand Sud sort de son isolement avec l’atterrissage du premier vol officiel d’un avion de la IBC Airways, le N29 IBC, à l’aéroport international Antoine Simon des Cayes avec à son bord 30 passagers en provenance de Miami, en Floride.
Cet événement vient mettre fin à un long cloisonnement des départements du Sud, de la Grand’Anse, des Nippes et du Sud-Est au reste du monde depuis la fermeture de l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince.
L’arrivée de IBC Airways sur le circuit Miami- Les Cayes vient couvrir une demande de transport aérien entre Haïti et les États-Unis, inexistant dans la péninsule du Sud.
Une vingtaine de passagers cayens munis de leur ticket d’embarquement, attendaient déjà à l’aéroport que le transporteur d’IBC débarquait ses occupants pour s’embarquer à leur tour à destination de la Floride, selon les informations fournies par la représentante de IBC Airways dans le Sud, Carmélie Montuma Ismaël.
« Pour ceux qui connaissent la situation de l’aéroport et les conditions dans lesquelles ce vol inaugural est réalisé, on peut dire qu’aujourd’hui un grand pas vers le désenclavement du grand Sud est fait », a lâché Carmélie Montuma Ismaël, représentante de IBC Airways pour le grand Sud, qui intervenait sur radio Magik 9, lundi matin. « La grande aventure commence aujourd’hui et nous espérons que cela va s’améliorer au fil des jours », a indiqué Mme Ismaël, précisant au passage que les vols vers l’aéroport international Antoine Simon des Cayes sont prévus les lundi, mercredi et vendredi, aller-retour Miami-Cayes.
Le transporteur laissera Miami à 8h a.m. pour atterrir à 9h30 aux Cayes. A 10h30 il décollera de l’aéroport Antoine Simon pour faire une escale à Kingston (Jamaïque) pour faire le plein de carburant. Mais, pour ce vol inaugural, au lieu de Kingston, l’escale s’est fait au Cap-Haitien.
Pour ce début des activités, les demandent affluent déjà pour une augmentation du nombre de vols pour le Sud. Pour le moment, la compagnie dispose de trois vols par semaine, en espérant un possible arrangement dans les jours prochains, a fait savoir la responsable de la compagnie pour le Sud.
Le prix du billet
Interrogé sur le prix du billet pour un aller-retour Miami-Cayes, Camélie Montuma Ismaël a expliqué que pour le moment, le prix du billet aller-retour se situe entre 1 300 et 1 500 dollars américains. « Bientôt, il y aura des ajustements qui se feront en vue d’une amélioration du prix », rassure la représentante de IBC Sud.
Relancée au sujet du prix élevé du billet, Mme Montuma Ismaël se dit consciente de ce fait, vu que beaucoup de gens opinent déjà en ce sens. Cependant, dit-elle, il faut croire aussi dans l’ajustement de prix, tout ne dépend pas de la compagnie. Il y a plusieurs paramètres qui entrent en ligne de compte. A ce sujet, elle a annoncé que bientôt le directeur de la IBC Haïti, Dimitri Fouchard, donnera beaucoup plus de détails à ce sujet.
En attendant, la représentante de la compagnie dans le Sud relativise en espérant que les travaux d’aménagement d’un espace pour accueillir les vols internationaux à l’intérieur de l’aéroport vont permettre aux responsables de IBC d’éviter un transit qui va alléger les coûts d’opération. Car tout mouvement de transit exige un droit de passage.
Elle a aussi mentionné la possibilité de rendre le fuel disponible à l’intérieur de l’aéroport, et cela aura également pour effet de diminuer le coût des opérations. Ajouter à cela, les taxes prélevées par l’Etat haïtien qui ne sont pas minces du tout. Un allègement au niveau de ces différents éléments peut avoir des répercussions positives sur le coût des opérations et par ricochet sur le prix du ticket.
Les vols cargo, sans discontinuité
Madame Montuma Ismaël a profité de son passage à Magik9 lundi matin pour informer les auditeurs de la bonne santé du service cargo de la compagnie IBC. En effet, soutient–elle, lancé depuis le 14 août dernier, les services cargo IBC Haïti fonctionnent à raison de deux vols par semaine. Le passage de l’ouragan Melissa a obligé la compagnie à observer un temps d’arrêt.
À part ça, le service se poursuit sans discontinuité avec en plus des demandes pour plus de vols cargo par semaine. Car, ce ne sont pas seulement les résidents du département du Sud qui bénéficient du service cargo mais plutôt tout le grand Sud, depuis Léogane, Grand-Goâve, passant par Jacmel jusqu’à Jérémie, tous ces gens débarquent allègrement aux à l’aéroport des Cayes pour réclamer leur colis.
Une bouffée d’oxygène pour la péninsule du Sud
Cette nouvelle liaison sur Haïti qui lie le Sud du pays au reste du monde intervient à un moment où l’interdiction de tous les vols des compagnies américaines vers Port-au-Prince par l’administration fédérale de l’aviation (FAA) en novembre 2024 est en train de restreindre progressivement les possibilités de déplacement des Haïtiens d’ici et de la diaspora. Une situation très préjudiciable au commerce, au tourisme, aux échanges socioculturels entre les deux et aux besoins liés à la santé, l’éducation, etc.
Cette suspension des vols vers Haïti fait suite aux agitations et violences commises le 11 novembre 2024 par des groupes armés se réclamant de l’association criminelle Viv ansanm dans les environs de l’aéroport international Toussaint Louverture. A cette occasion trois avions de ligne américains, en l’occurrence Spirit Airlines, JetBlue Airways et American Airlines ont été touchés par des projectiles. Ces transporteurs touchés ont annoncé quelques heures après l’annulation de leur desserte sur Haïti.
Quelques jours plus tard, des compagnies aériennes du Canada et de la France ont également annulé leurs vols à destination d’Haïti. Le 11 mars 2025, soit quatre mois après l’action terroriste des gangs au niveau de l’aéroport, comme aucune amélioration n’avait été apportée au climat d’insécurité généré par les groupes armés à la capitale, la FAA a décidé de prolonger son interdiction jusqu’au 8 septembre 2025. Entre-temps, seul l’aéroport du Cap-Haïtien, en dépit de ses insuffisances, assure la liaison entre Haïti et le reste du monde.
Le 5 septembre 2025, alors que la majorité des Haïtiens espérait comme prévenu la reprise des vols internationaux à Port-au-Prince, la FAA a une nouvelle fois annoncé le prolongement de son interdiction sur l’aéroport Toussaint Louverture jusqu’au 7 mars 2026.
Ainsi, le 12 novembre 2025 fait une année depuis que les vols commerciaux et cargo américains sont interdits sur Port-au-Prince avec les conséquences que l’on sait. Entre-temps, rareté des produits sur le marché, l’inflation, les barrages routiers imposés par les groupes armés pour exiger des rançons aux transporteurs, l’insécurité alimentaire qui touche de plus en plus de gens constituent les principaux fardeaux auxquels fait face la population haïtienne qui attend depuis trop longtemps déjà le retour à la sécurité et le droit de pouvoir se déplacer librement.
Source : Le Nouvelliste (Cyprien L. Gary)
Lien : https://lenouvelliste.com/article/261563/le-grand-sud-enfin-relie-au-reste-du-monde


























