L’État haïtien travaille sur un projet de contrat, non encore signé avec Evergreen Trading System Limited pour une durée de 10 ans nécessitant un investissement total de plusieurs centaines de millions de dollars pour la réalisation des différentes composantes, dans le cadre de la modernisation de la douane et des services frontaliers, a appris Le Nouvelliste d’une source haut placée du gouvernement haïtien.
En aucun cas, ce projet ne vise à remplacer l’Administration générale des douanes, le service d’immigration ou la police des frontières (Polifront), insiste la source gouvernementale bien informée du projet. « Nos douaniers, nos agents d’immigration et nos policiers s’occuperont du contrôle et de la collecte des ressources et des informations. Ils seront supportés par la firme », explique le haut responsable qui a tenu à garder l’anonymat.
Le budget dit de guerre, dernier texte budgétaire adopté par le Conseil présidentiel de transition et le Conseil des ministres, contient des provisions pour financer le projet de modernisation de la douane et des services de police frontalière. Le montant régulièrement inscrit dans le budget rectificatif 2024-2025 est de 1.3 milliard de gourdes, soit la plus grande part de la contribution de l’État dans sa mise en œuvre.
Selon le projet de contrat, seuls 14.5 millions de dollars, la prise en charge des frais de mobilisation, seront à la charge du gouvernement haïtien. Les autres montants seront un investissement privé et la firme Evergreen Trading System Limited aura dix années pour rentrer dans ses frais et faire des bénéfices suivant une répartition des revenus collectés, a appris Le Nouvelliste d’une source proche de ce dossier, dimanche 17 août 2025.
La firme Evergreen Trading System limited sera rémunérée à travers deux types de redevances : une première liée à la performance équivalente à 20% de l’augmentation des recettes douanières durant les trois premières années d’exploitation et à 15% pour les sept années suivantes ; un deuxième type de redevance fixe de 3% sur le volume des importations indépendamment des performances réalisées.
Il est prévu qu’au terme du contrat les installations et équipements déployés sur le terrain demeure la propriété de l’État haïtien.
« Le DAO (Dossier Appel Offre) est au stade de soumission à la Commission nationale de passation de marchés (CNMP) et à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA) pour avis et approbation », a souligné la source interrogée par Le Nouvelliste.
Depuis 2021, la sécurité dans le pays et principalement à Port-au-Prince s’est dégradée graduellement. Cela a abouti à la gangstérisation d’une partie du territoire des départements de l’Ouest, de l’Artibonite et du Centre. Dans ce contexte, les infrastructures douanières et migratoires ne peuvent pas répondre à cette situation. Exploitant les failles au niveau du contrôle frontalier, des armes et des munitions ont été acheminées illégalement sur notre territoire et la contrebande s’est renforcée, a confié notre source.
« En vue de résoudre partiellement ce problème, le gouvernement a fait appel à Evergreen Trading System Limited pour une proposition technique visant au renforcement de la sécurité nationale à travers la restructuration et la modernisation des services douaniers et d’immigration. Evergreen Trading System Limited est une firme internationale spécialisée dans le domaine de la sécurité nationale notamment dans le contrôle des frontières, des ports, des aéroports », selon cette source.
Détails de la proposition technique
« La proposition technique soumise par la firme vise à doter Haïti, à travers ses services douaniers, de police et d’immigration, d’un système intégré et moderne en vue de : a) renforcer la sécurité publique ; b) lutter contre la contrebande et le commerce illicite ; c) améliorer la collecte des recettes fiscales. L’offre technique de la firme comporte la rénovation des infrastructures existantes, l’équipement en technologie des postes d’immigration et douaniers installés le long de la frontière et répartis sur tout le territoire, la formation de personnel, la mise en place de centres de surveillance et de traitement de données », selon cette source.
Quid des infrastructures prévues ?
« Le projet de modernisation douanière et des services de police comprendra un certain nombre de composantes incluant, entre autres : a) les infrastructures douanières et migratoires ; b) les postes de contrôle terrestre ; c) les équipements et technologies ; d) les moyens aériens dont l’acquisition d’hélicoptères ; e) les opérations de surveillance aérienne et satellitaire ; f) le renforcement des capacités opérationnelles de la douane et de la police », a indiqué notre source, ajoutant que « le projet de modernisation douanière et des services de police frontalière sera exécuté en deux phases dont la 1re portera sur deux ans et sur les activités d’investissement et d’installation des composantes les plus importantes comme la construction ou réhabilitation des bâtiments logeant les postes douaniers et d’immigration, etc. »
« La 2e phase concerne les huit prochaines années et cherchera à mettre en valeur les technologies qui ont été déployées et les infrastructures construites et réhabilitées. Elle vise également à consolider et à garantir les résultats attendus », a-t-elle expliqué.
« C’est un projet de modernisation des services douaniers, de la police frontalière et de l’immigration », a insisté notre source.
Source : Le Nouvelliste
