A part les pertes en vies humaines, évaluées à environ 30 morts, le secteur agricole haïtien est parti pour laisser un lourd tribut à l’ouragan Melissa.
Selon les estimations. Les rapports partiels parvenus jusque-là, des pertes importantes ont été enregistrées au niveau des surfaces plantées du pays. Ce qui est de mauvaise augure dans un pays dominé, en grande partie, par l’insécurité alimentaire
Malgré le fait qu’Haïti ne se trouvait pas sur la trajectoire du cyclone Melissa, cela n’a pas empêché au pays de se classer parmi les pays ayant connu les plus grandes pertes au passage de cet ouragan de catégorie 5 dans les Antilles. En effet, selon les informations fournies par le bureau de la Protection civile, jusqu’au soir du jeudi 30 octobre, Haïti comptait environ 30 morts parmi les 50 au total enregistré au niveau de la région.
Le département de l’Ouest accuse le plus grand nombre de morts avec plus d’une vingtaine de cadavres répertoriés à Petit-Goâve après les crues de la rivière La Digue sous l’effet des pluies torrentielles provoquées par le passage de Melissa dans la région. Trois morts sont aussi répertoriées dans la Grande’Anse, causées par des éboulements de terrains : des morts dans le Sud-Est, après la chute d’un arbre sur une maison, etc.
Le bilan matériel partiel du passage de Melissa présenté par le directeur général de la protection civile, Emmanuel Pierre fait état de 1046 maisons inondées dans le pays dont 659 dans les Nippes ; Des écoles endommagées dans le Nord-Ouest où l’on rapporte également des cas de maisons détruites ou emportées par la mer à Chansolme et à l’Ile de la Tortue.
À côté de ces dégâts qui se rapportent à la situation de l’habitat et des infrastructures, il convient aussi de mentionner les dommages enregistrés dans le secteur agricole, un des piliers économiques sur lequel se repose le pays en dehors. L’agriculture, représentant la principale source de revenus pour une forte proportion de la population, se trouve en très grande difficulté depuis déjà plusieurs décennies.
En effet, qu’il s’agisse du Grand Nord ou du Grand Sud, toutes les régions qui constituent les véritables greniers du pays ont subi les affres de Melissa.
Le passage de cet ouragan massif a grandement compromis la récolte du printemps généralement très attendue par les acteurs du secteur primaire. Les premières informations transmises par le responsable de la Protection civile haïtienne indiquent que dans la Grand’Anse 16 hectares plantées ont été ravagées par les eaux. Dans toute la région des Palmes, en passant par le Sud-Est, jusque dans le département du Sud, les plantations de bananes, de fruits, de haricots, de pois congo, de petit mil, de maïs, etc, ont subi pendant plusieurs jours les affres du passage du cyclone.
La Plaine des Gonaïves, en plus des ravages causés par les gangs armés qui ont détruit une bonne partie des rizières, a aussi subi la force dévastatrice des vents et des eaux de Melissa. Tout cela ne sera pas de bonne augure pour l’agriculture haïtienne qui avait connu une croissance négative de -5,6% en 2024. Une telle situation avait contribué à fragiliser la sécurité alimentaire en Haïti où plus de la moitié de la population ne mange pas à sa faim.
Quelque chose doit être fait au bénéfice des couches défavorisées pour aider le secteur agricole à sortir de cette situation de mort lente. « Même si l’agriculture n’a plus la même importance que dans les années 80 en termes de participation au PIB, la chute vertigineuse enregistrée dans ce secteur depuis ces six dernières années devient de plus en plus préoccupante, dans la mesure où, jusqu’à présent, cette branche d’activité représente l’une des principales occupations de la population active du pays, avec une prédominance, certes, en milieu rural », a reconnu l’IHSI dans Les Comptes économiques 2024. Espérons que ces propos toucheront les oreilles des autorités actuelles.
De passage dans le Sud-Est, le 30 octobre 2025 pour constater les dégâts causés par le passage de l’ouragan Melissa, un des conseiller présidentiel, l’architecte Lesly Voltaire a annoncé un programme de relance agricole. Cette relance passera tout d’abord par la distribution de semences et d’outils aux agriculteurs touchés par les intempéries afin de leur permettre de reprendre leurs activités.
Source : Le Nouvelliste (Cyprien L. Gary)


























