Le Conseil des ministres du 24 juin n’a pas suffi pour faire baisser la tension entre les membres du Conseil présidentiel. Le Nouvelliste a appris que les relations entre les conseillers présidentiels se sont dégradées à un point tel où il est question maintenant d’intimidation et de menaces de destitution…
Alors que le mandat du Conseil présidentiel, selon l’Accord du 3 avril 2024, arrive à terme dans environ sept mois, les conseillers présidentiels, qui, déjà ne pouvaient pas remplir leur mission, se livrent maintenant à des pratiques d’intimidation et de menaces de destitution. Les échanges musclés de correspondances du mois de juin entre les membres du CPT permettent de voir les parties en conflit au sein du Conseil.
D’un côté il y a l’alliance des conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin. Étant donné que Laurent St-Cyr qui doit remplacer Fritz Alphonse Jean le 7 août prochain a une sorte de méfiance envers ce dernier, il est devenu un allié stratégique de l’alliance des trois conseillers cités ci-dessus.
De l’autre côté, il y a Fritz Alphonse Jean, le coordonnateur du CPT qui compte sur le soutien de Leslie Voltaire et éventuellement sur celui d’Edgard Leblanc Fils. Les deux observateurs Frinel Joseph et Régime Abraham n’ayant pas de droit de vote peuvent tout de même apporter un support moral à l’un ou l’autre groupe. Lors des échanges de correspondances en juin dernier entre les deux blocs en conflit en CPT, Frinel Joseph avait signé du côté de Fritz Alphonse Jean.
Cette semaine, Le Nouvelliste a appris que la tension entre les deux blocs au CPT a grimpé d’un cran.
Un conseiller présidentiel a confié au journal que le coordonnateur du CPT, Fritz Alphonse Jean, remet sur la table le dossier de scandale des 100 millions de gourdes de la BNC pour tenter de destituer ou pour pousser à la démission les trois conseillers présidentiels impliqués dans ce dossier.
Notre source souligne que Fritz Jean s’appuie sur un rapport soumis au Conseil de sécurité de l’ONU dans lequel les trois conseillers présidentiels impliqués dans le dossier de corruption des 100 millions de gourdes à la BNC ont été mentionnés. « Mardi dernier, nous avons eu au CPT une rencontre sur ce point. Les trois conseillers présidentiels concernés ont fait savoir à Fritz Jean qu’ils ne démissionneront pas », a rapporté notre source au Conseil présidentiel.
Le coordonnateur du CPT, selon notre source, aurait élaboré une résolution visant à pousser à la démission ou à la destitution des conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin. « C’est une résolution mort-née. Pour être applicable, elle devra avoir le vote d’une majorité d’au moins cinq conseillers présidentiels », a fait remarquer notre source au CPT.
En réaction, l’alliance des conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin menace aussi de voter une résolution pour écourter le mandat de Fritz Jean comme coordonnateur du CTP qui arrive à terme le 7 août prochain. Dans ce cas, ces conseillers présidentiels devaient confier à Laurent St-Cyr le poste de coordonnateur du CPT bien avant le début prévu de son mandat.
Un autre conseiller présidentiel contacté par Le Nouvelliste soutient qu’il n’y a aucune résolution dans aucun des camps en présence. Il s’agit de rumeurs, a-t-il dit.
Pour le moment et comme ils le faisaient avant, ces trois conseillers présidentiels comptent réduire les marges de manœuvres de Fritz Jean en paralysant l’organisation du Conseil des ministres. Depuis son accession à la coordination du CPT, M. Jean n’a réalisé que trois conseils des ministres. Le dernier en date n’a duré que 25 minutes au cours duquel les conseillers ont adopté les projets de décrets révisant ceux du 11 mars 2020 portant Code pénal et Code de procédure pénale, ainsi que le projet de décret référendaire 2025.
« Il n’y a pas un président de la République, c’est le Conseil présidentiel qui dirige le pays. Tout le monde au CPT doit accepter cette réalité. C’est le vote majoritaire qui prédomine au Conseil présidentiel », défend notre source au CPT comme pour critiquer le coordonnateur du CPT.
Parallèlement, les conseillers présidentiels en conflit avec Fritz Jean lui imputent la responsabilité de la mauvaise marche du pays et de la diplomatie comme s’il était le seul responsable à bord.
Le Nouvelliste a contacté en vain le coordonnateur du Conseil présidentiel pour avoir ses réactions sur la situation du CPT.
C’est dans ce contexte que les Éminentes personnalités de la Caricom ont rencontré cette semaine via la plateforme Zoom l’ensemble, des parties prenantes ayant désigné des membres au Conseil présidentiel. L’organisation caraïbéenne presse les acteurs haïtiens à se mettre d’accord sur l’avenir du Conseil présidentiel de transition.
Alors qu’il était déjà incapable de remplir sa mission principale consistant à rétablir la sécurité dans le pays, 14 mois après, ce conflit interne qui mine le CPT risque de précipiter sa chute.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/257828/menaces-et-intimidation-le-cpt-mine-par-des-crises-internes