L’interdiction du transit de marchandises via la République dominicaine entend priver les gangs criminels de 60 à 75 millions de dollars, prélevés annuellement à partir du rançonnement de conteneurs; limiter leurs accès à des armes, à des munitions et à des ressources pour recruter encore plus de jeunes, a estimé le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Metellus, interrogé par Le Nouvelliste, dimanche 27 avril 2025.
« Nous avons interdit le transit de marchandises via la République dominicaine (…) La principale motivation est le contrôle du flux de ressources vers les gangs », a dit Alfred Metellus dont l’hypothèse table sur un paiement de 2 000 dollars américains par conteneur pour un volume mensuel de 3 000 conteneurs. « Ces ressources rendent les gangs autonomes et indépendants de toutes les formes et relations avec d’autres personnes. Elles leur permettent de s’alimenter en armes, munitions et même en personnel. L’objectif est d’arriver à casser le flux de ressources qui va vers eux », a poursuivi M. Métellus.
« Nous ne pouvons pas avoir ces informations et ne pas prendre les mesures appropriées (…) Il faut savoir ce que nous voulons. Si nous voulons combattre l’insécurité, il faut aller à la source », a soutenu le ministre de l’Économie et des Finances. « L’objectif n’est pas d’entraver le commerce international, mais c’est de limiter le mode de financement des activités des gangs criminels », a-t-il insisté, soulignant à l’encre forte que « le commerce avec la République dominicaine n’est pas interdit ». « Nous avons interdit le transit de marchandises par la République dominicaine. Je dis à tout le monde que le commerce entre Haïti et la République dominicaine n’est pas interdit », a assuré Alfred Métellus.
« La principale motivation de l’interdiction du transit est le contrôle du flux de ressources vers les gangs. Ce n’est pas une mesure pour combattre le commerce avec la République dominicaine. Je voudrais que le gouvernement dominicain comprenne et nous soutienne dans cet effort », a précisé M. Métellus. « Il sera profitable pour le gouvernement dominicain et pour nous », a-t-il soutenu, évoquant au passage la porosité de la frontière. « La douane travaille en dépit des difficultés. Le volume des conteneurs a augmenté et le contrôle n’a pas été effectué correctement. Il y a des possibilités que des armes de guerre et des munitions passent avec facilité », a reconnu le ministre de l’Économie et des Finances Alfred Métellus. Le MEF a indiqué que les ports haïtiens ont les capacités pour accommoder le volume de conteneurs.
« Nous savons qu’il faut effectuer des travaux au Cap-Haïtien pour mieux gérer les flux de conteneurs mais à Port-au-Prince, il n’y a pas de problème. Le flux de conteneurs qui arrive à Port-au-Prince a baissé de 30 à 40 %. Donc, la capacité est là. Le problème, a reconnu le ministre de l’Économie et des Finances, est de les faire sortir du port de Port-au-Prince pour aller aux dépôts des entreprises. Le port de Port-au-Prince, le port de Tevassa, les deux ports de Carrefour et Lafito ont la capacité pour gérer le flux même si le volume double », a assuré le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Métellus.
Le contrôle de territoires a permis aux gangs d’étendre leur racket des conteneurs et camions de marchandises. Avec la prise de Mirebalais, ils contrôlent désormais deux des plus importantes routes commerciales en provenance de la frontière, Malpasse et Belladère. La saisie d’armes et de munitions, fin février début mars, en République dominicaine confirme la connexion des gangs avec des trafiquants opérant des deux côtés de la frontière haïtiano-dominicaine.