Il n’est pas trop tôt pour poser la question. Que se passera-t-il avec le CPT avant ou après le 7 février 2026 ? À six mois de cette date, des membres du CPT et du CEP peinent à cacher leur doute et leur incertitude quant à l’organisation du référendum et des élections cette année.
Les acteurs de la classe politique interviewés par Le Nouvelliste sont unanimes à affirmer qu’il n’y aura ni référendum ni élection avant le 7 février et que le CPT devrait être remplacé après ou avant cette date.
Comme lorsqu’il fallait remplacer Ariel Henry au pouvoir, il n’y a pas de mode d’emploi ni de formule toute faite pour remplacer le Conseil présidentiel de transition. Ne pouvant pas en 15 mois rétablir la sécurité dans le pays, l’échec de cette transition est acté par presque tout le monde et même par des membres du CPT.
S’il y a une chose sur laquelle des membres des secteurs représentés au Conseil présidentiel sont d’accord c’est que ce Conseil ne peut pas survivre après le 7 février 2026. Certains pensent même qu’on devrait s’en débarrasser bien avant cette date.
« L’échec du CPT est acté », affirme Édouard Joël Vorbe de Fanmi Lavalas, représenté au conseil présidentiel par Leslie Voltaire. « On ne peut pas mentir à la population. Si nous voulons des élections libres, honnêtes, démocratiques et inclusives, ce ne sera pas pour avant le 7 février », ajoute-t-il dans une interview accordée mardi au Nouvelliste.
Édouard Joël Vorbe soutient que le CPT aura un point final le 7 février et souhaite même que les membres du Conseil présidentiel s’en aillent avant cette date.
Avant le 7 février 2026, Monsieur Vorbe plaide pour des discussions entre les membres du CPT, les acteurs politiques et de la société. « Nous nous approchons du 7 février. Pour ne pas nous laisser absorber par le vide, il faut des discussions pour définir comment transformer la transition », dit-il.
Monsieur Vorbe affirme que Fanmi Lavalas est à l’écoute de l’appel au dialogue lancé par, le nouveau coordonnateuse du CPT. Il estime que la rencontre entre Laurent Saint-Cyr et l’ancien président Jean Bertrand Aristide cette semaine est un bon pas, jugeant « scandaleuse » la feuille de route de l’OEA pour Haïti.
Vu que les membres du Conseil présidentiel n’ont pas respecté l’Accord du 3 avril, Jacques Ted Saint-Dic du Bureau de suivi de l’Accord de Montana (BSA) estime qu’il n’y a ni délai ni mandat pour le CPT. « Nous sommes dans une démarche pour trouver une alternative avant le 7 février », indique-t-il au Nouvelliste.
Jacques Ted Saint-Dic rapporte au journal que le Bureau de suivi de l’Accord de Montana est déjà en consultation avec plusieurs secteurs à travers le pays autres que les signataires de l’Accord du 3 avril. Il souligne être aussi en discussion avec ceux qui proposent le remplacement du CPT par un membre de la Cour de cassation.
Monsieur Saint-Dic rapporte au journal que le BSA a eu des rencontres avec des membres du CPT au cours desquelles une sortie honorable pour les membres du Conseil présidentiel a été évoquée.
Pour sa part, Jean André Victor, responsable du Collectif des partis 30 janvier ayant désigné Edgard Leblanc Fils au CPT, affirme que des discussions sont en cours pour éviter un vide à la tête du pays le 7 février 2026. Des rencontres, ajoute-t-il, avec tous les acteurs, signataires et non signataires de l’Accord du 3 avril.
Depuis décembre 2024, les éminentes personnalités de la Caricom pressent les secteurs ayant participé à la formation du Conseil présidentiel de transition à se concerter sur l’avenir du CPT. La rencontre le 1er juillet dernier a été encore une autre occasion pour les émissaires de la Caricom de sensibiliser les acteurs haïtiens à la nécessité de trouver une issue consensuelle à la crise interne au CPT.
Même si à chaque fois, en présence des membres de la Caricom, ils acceptent l’idée de se rencontrer pour discuter de la suite à donner au Conseil présidentiel de transition, après, les acteurs impliqués dans la mise en place du CPT sont incapables de tenir ne serait-ce qu’une rencontre entre eux sans la convocation de la Caricom.
Si les acteurs interviewés dans cet article par Le Nouvelliste affirment qu’ils sont en discussions avec d’autres acteurs, ces rencontres ne s’inscrivent pas dans la démarche des éminentes personnalités de la Caricom. Les neuf secteurs représentés au CPT n’ont jamais pu organiser une rencontre entre eux.
Un membre du CPT contacté par Le Nouvelliste a admis que l’engagement du Conseil présidentiel de transition s’arrête le 7 février 2026, comme l’indique l’Accord du 3 avril. Cependant, ajoute-t-il, le maintien ou le départ des membres du CPT doit être une décision de la société, comme pour dire que les acteurs doivent se prononcer sur l’avenir du CPT.
Pour le moment, l’exécutif laisse croire que le référendum et les élections sont encore possibles cette année. Pour ce faire, un membre du Conseil électoral provisoire a confié au Nouvelliste qu’il faudra avant tout le rétablissement de la sécurité dans le pays et la publication du texte de la Constitution dans Le Moniteur.
Source : Le Nouvelliste