Haïti. Quel est l’avenir de la résidence hospitalière ?

La résidence hospitalière, lieu où se forment les spécialistes en médecine, connaît des jours sombres depuis la fermeture des principaux hôpitaux à vocation universitaire. En réalité, c’est moins les difficultés que l’absence de plan réel pour limiter les dégâts qui inquiètent les jeunes médecins et les étudiants en médecine.

L’insécurité qui sévit dans le pays depuis au moins six ans a provoqué l’exode d’un grand nombre de spécialistes, notamment dans des domaines rares comme la pneumologie, l’anatomopathologie, l’oto-rhino-laryngologie, etc.

« Plus de 22% des médecins formés par l’Hôpital universitaire de Mirebalais ont quitté le pays », avait alerté en mars 2023 l’Hôpital universitaire de Mirebalais, très impliqué dans la formation des spécialistes. 

Pour ne rien arranger, aujourd’hui les principaux centres de formation des spécialistes sont mis à rude épreuve et aucun plan de sauvetage n’est visible à l’horizon. 

L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, avant sa fermeture, était le plus grand centre hospitalo-universitaire du pays. Ce centre hospitalier recevait environ 200 000 patients par an, accueillait plus de 500 étudiants en médecine en stage et pas moins de 56 résidents dans différentes spécialités avec la plus grande variété du pays. 

Après sa fermeture suite à une attaque armée au centre-ville de Port-au-Prince le 29 février 2024, des centaines d’étudiants en médecine galèrent entre des centres de santé non adaptés et l’Hôpital universitaire la Paix (HUP), dépassé par les événements. Les internes sont casés à l’Hôpital universitaire Justinien (HUJ). 

S’agissant des résidents, il y a eu des efforts de rotation qui ne s’inscrivent pas dans la durée. Une majorité de résidents sont à la rue sans lieu de formation depuis février 2024 et une cohorte recrutée en septembre 2024, n’a jamais pu commencer avec leur spécialité. Pour l’année académique 2025-2026, tandis que nous sommes le 15 août 2025, aucune note, aucun communiqué ne laisse espérer un dénouement. 

Parmi les spécialités qui ne sont disponibles qu’à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti figurent la radiologie, l’anatomopathologie, la dermatologie, l’oto-rhino-laryngologie.

D’autres comme l’anesthésiologie enseignée à l’HUP, l’urologie enseignée à l’HUJ et l’ophtalmologie enseignée à Grace Children ont un nombre de places limitées par rapport aux besoins. Avec la fermeture de l’hôpital général et l’absence de solution alternative, c’est l’avenir de plusieurs spécialités qui est remis en question en Haïti.

Le cas de l’Hôpital universitaire de Mirebalais 

« La sécurité humaine est une condition non négociable à la continuité des soins » c’est ainsi que Zanmi Lasante, dans un communiqué, avait annoncé la fermeture de l’Hôpital universitaire de Mirebalais après les attaques armées entre mars et avril 2025.

Depuis, les responsables ont tout essayé pour répartir environ 38 médecins résidents dans d’autres centres hospitaliers qui n’étaient pas nécessairement préparés à cette vocation universitaire. L’Hôpital universitaire de Mirebalais, depuis une décennie, s’était fait un nom dans le secteur de la formation médicale en Haïti par la qualité de ses programmes avec plusieurs prix internationaux à la clé. 

Cet hôpital, qui avait la bonne habitude de lancer son processus de recrutement dès le mois de juillet, est aux abonnés absents. Pas une note, pas un communiqué. L’insécurité a eu raison d’un des plus robustes centres hospitalo-universitaires du pays. 

Encore un autre manque à gagner qui fait résonner l’inquiétude des uns et des autres par rapport à l’avenir de la résidence hospitalière en Haïti. 

Du côté de la résilience, il y a l’Hôpital universitaire la Paix qui reçoit une trentaine de résidents et l’Hôpital universitaire Justinien qui en reçoit une quinzaine. 

Dans les cas spéciaux, il y a le centre Mars & Kline, seul centre de formation des neuropsychiatres en Haïti, qui accueillait six résidents par an et qui a été fermé, à cause de l’insécurité. L’hôpital Sanatorium pouvait former également six résidents par an en pneumologie, il est fermé depuis environ deux ans.

Le cas de la maternité Isaïe Jeanty qui peut recevoir six résidents en obstétrique-gynécologie est à monitorer au jour le jour face à un climat sécuritaire qui peut se détériorer à tout moment à Chancerelles. 

L’Hôpital Bernard Mevs, fermé depuis décembre 2024, assurait la formation d’un neurochirurgien chaque 3 ans.

In fine, il y a les programmes de formation de l’Hôpital universitaire Dr Aristide qui ne donnent aucun signe de vie cette année. 

L’Université d’État d’Haïti et le ministère de la Santé Publique et de la Population doivent faire mieux

Face à cette situation qui risque de rendre la vie en Haïti plus difficile qu’elle ne l’est aujourd’hui, l’Université d’État d’Haïti, qui gère à travers ces facultés de médecine la majorité des programmes de formation, doit travailler de concert avec le ministère de la Santé publique et de la Population qui gère les hôpitaux publics pour offrir une solution capable d’aider le pays à faire face à cette période d’incertitude. 

L’heure est grave, la situation nécessite que les responsables à tous les niveaux soient à la hauteur. Ça urge !

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/258989/quel-est-lavenir-de-la-residence-hospitaliere-en-haiti

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