Un climat de méfiance, de peur et d’indignation règne actuellement à Hinche, chef-lieu du département du Centre, au lendemain de l’assassinat du Dr Junior Chérélus.
Ce dernier a été mortellement atteint d’une balle en pleine poitrine lors d’une intervention musclée d’agents de sécurité affectés au délégué départemental, Me Frédérique Occéan, en réponse à une protestation d’employés de la délégation. Depuis, le calme a laissé place à une colère populaire.
Tout a commencé lundi matin par un mouvement de protestation des employés de la délégation et de la vice-délégation départementale. Ces derniers dénonçaient une demande jugée arbitraire du ministère de tutelle, les obligeant à soumettre les lettres originales de leur nomination. Ne s’estimant pas en mesure de répondre à cette exigence, les employés ont organisé des sit-in, bloqué les accès au Complexe administratif depuis un mois et allumé des pneus le long de la rue Paul Eugène Magloire.
C’est dans ce contexte explosif que des tirs ont retenti. Le Dr Junior Chérélus, présent dans les parages de sa résidence à Lattes, a été mortellement atteint à la poitrine. Selon plusieurs sources concordantes, les coups de feu provenaient des agents de sécurité affectés au délégué départemental qui tentaient à l’identification des employés de plus de vingt institutions logeant le complexe administratif.
« Depuis le week-end écoulé, en dépit des appels au dialogue mené par la commissaire du gouvernement et la direction départementale de Police nationale d’Haïti, le délégué Frédérique Occéan et son équipe ont préféré la force. Ils proféraient de lourdes menaces et délogeaient les agents de sécurité externe et interne du complexe pour installer de nouveaux agents lourdement armés capable de faire respecter ses instructions personnelles », a déclaré Nelson Elias, un employé de la vice-délégation.
Ce mardi, Hinche présente le visage d’une ville à l’arrêt : les écoles ont gardé leurs portes fermées, le transport en commun fonctionnait au ralenti, le marché communal est déserté par les marchands, plusieurs institutions publiques et privées ont suspendu leurs activités.
« C’est la peur qui règne. Des hommes armés (bakòp feray) venus du bas Plateau central circulent encore dans la ville. Personne ne se sent en sécurité », a déclaré un résident du centre-ville.
La population réclame justice pour le Dr Chérélus, figure appréciée dans la communauté locale, tout en dénonçant l’impunité et les dérives autoritaires de certains représentants de l’État.
Me Marlène Abraham, cheffe du parquet de ce ressort qui se déclare contre le banditisme et le crime organisé, a émis un mandat d’amener contre le représentant de l’exécutif, Me Frédérique Occéan. « Ce crime odieux ne doit pas rester impuni. Nous demandons à toutes les autorités de la force publique de prêter main-forte en vue d’interpeller les auteurs et commanditaires de ce crime », a déclaré Me Marlène Abraham aux micros des journalistes.
Source : Le Nouvelliste


























