Illettrisme/Illectronisme : un plan inédit pour l’Outre-Mer

La direction générale des Outre-Mer, la direction générale de l’enseignement scolaire, la direction générale à l’emploi et à la formation professionnelle et la délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté ont signé le premier Plan interministériel de prévention et de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme en Outre-Mer.

Un Plan pour agir ensemble contre un fléau, l’illettrisme, et son corolaire, l’illectronisme qui sévissent dans les territoires d’Outre-Mer. L’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme), qui a été associée à l’élaboration du Plan interministériel de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme, rappelle « qu’en Outre-Mer, les adultes ont 2.5 fois plus de risques d’être en difficulté avec les compétences de base. » Conséquence, dans les départements et régions d’Outre-Mer, l’illettrisme demeure l’un des principaux freins à l’inclusion sociale, à l’accès à l’emploi et à l’égalité des chances. Dans certains départements d’Outre-Mer, jusqu’à un quart des adultes sont concernés et plus d’un jeune sur deux rencontrent « de graves difficultés de lecture ». Les données disponibles montrent des taux d’illettrisme deux à cinq fois supérieurs à ceux de l’Hexagone : jusqu’à 25 % de la population à Mayotte, plus de 20 % en Guyane, autour de 12 % à La Réunion, 9 % en Guadeloupe et 8 % en Martinique.

Être en situation d’illettrisme, c’est aussi être plus vulnérable face aux inégalités et à l’exclusion. Les études menées par l’INSEE le confirment :

  • les personnes en situation d’illettrisme sont plus souvent touchées par la pauvreté.
  • elles occupent moins fréquemment un emploi durable,
  • elles disposent de revenus modestes et rencontrent davantage de difficultés d’accès à la santé, à la formation ou au logement.

L’illettrisme affaiblit l’attractivité des Outre-Mer

L’illettrisme appauvrit les personnes autant qu’il appauvrit les territoires. Les conséquences de l’illettrisme ne se mesurent pas seulement à l’échelle des trajectoires individuelles : elles touchent aussi la vitalité économique et sociale des territoires. En réduisant les niveaux de qualification, l’illettrisme freine la compétitivité des entreprises, limite l’innovation et affaiblit l’attractivité des Outre-Mer. Les acteurs économiques peinent à recruter, les services publics doivent compenser des fragilités de base et les dynamiques de croissance s’essoufflent.

Pour répondre à cet enjeu, la direction générale des Outre-Mer (DGOM) lance pour la première fois, un Plan interministériel de prévention et de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme en Outre-mer, pour la période 2025-2028.

Le Plan interministériel, signé le 26 novembre, à Paris, a été élaboré avec :

  • la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO),
  • la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP),
  • la délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (DIPLP),

L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) a apporté « son appui méthodologique et son expertise technique » tout au long de l’élaboration du plan. Le Service militaire adapté (SMA), acteur historique de la formation et de l’insertion des jeunes en Outre-Mer, a également contribué au diagnostic territorial et jouera un rôle déterminant dans la mise en œuvre, en mobilisant ses savoir-faire en matière d’accompagnement, d’apprentissage et de formation professionnelle.

Pour rompre la spirale de l’illettrisme

Le Plan fixe une feuille de route structurée autour de 6 axes stratégiques et 16 mesures :

  • piloter et animer la politique de lutte contre l’illettrisme, fédérer l’existant et mieux le structurer
  • prévenir l’illettrisme dès la toute petite enfance et jusqu’à la scolarité obligatoire, en impliquant davantage les familles
  • systématiser le repérage des personnes en situation d’illettrisme
  • faciliter l’accès aux savoirs de base dans le monde du travail
  • mieux évaluer et mieux exploiter les résultats
  • communiquer et sensibiliser pour faire reculer l’illettrisme et l’illectronisme.

Ce Plan couvre à la fois les enjeux de prévention précoce (petite enfance, école, lien avec les familles) et de remédiation tout au long de la vie (emploi, formation, insertion, accompagnement social).

La mise en œuvre du plan repose sur une mobilisation coordonnée des crédits nationaux, du Fonds social européen plus (FSE+), dans le cadre de la programmation 2021-2027. Pour garantir l’efficacité de ce premier Plan interministériel, un dispositif de suivi annuel et une évaluation régulière des actions engagées dans chaque territoire ultramarin sont mises en place.

« Par et pour » les Outre-Mer

Le Plan interministériel de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme est le fruit d’un large travail de diagnostic et de concertation, mené localement avec les préfets, les recteurs, les commissaires à la lutte contre la pauvreté, les directions de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), les collectivités territoriales, les missions locales, les opérateurs de formation, les Opérateurs de Compétences (OPCO) sans oublier les acteurs de terrain dans chaque territoire. Ce plan intègre les spécificités culturelles, linguistiques et géographiques des Outre-Mer.

Le plurilinguisme, loin d’être un frein, doit être regardé comme une richesse et un levier pour l’apprentissage du français, langue de l’école et de l’emploi et de la citoyenneté. De même, les réalités propres à chaque territoire comme l’éloignement, les contraintes d’accès à la formation ou encore la diversité des parcours scolaires exigent des réponses sur mesure, proches de chacun.

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