In mémoriam. La mort d’un géant : Henri Bangou n’est plus

Henri Bangou a traversé le siècle, rognant superbement sur le siècle suivant. Aujourd’hui, il est en lieu de vérité.

 Jeune étudiant à Paris, puis jeune adjoint au maire, il devient maire de Pointe-à-Pitre à 43 ans, entreprend la Rénovation Urbaine. Avec deux majuscules. C’est alors l’un des grands chantiers sur le territoire français : il faut décaser, c’est-à-dire demander à des milliers de personnes — 8 000 familles — de se loger temporairement dans des cités d’accueil à Lauricisque, sur des terrains gagnés sur la mer, le temps de grands travaux de construction de quartiers entiers d’habitations avant de les reloger.

Henri Bangou, ancien maire de Pointe-à-Pitre, ancien conseiller général, ancien conseiller régional, ancien sénateur, qui a eu 100 ans le 15 juillet 2022, avait été honoré par les élus et la population à cette occasion.

Historien, humaniste, médecin, politique, un homme au service des siens et de son pays, tout simplement. Mais il faudrait mettre une majuscule, écrire Homme car Henri Bangou tout au long de sa vie a souhaité s’engager.

Jeune médecin, il est revenu en Guadeloupe avec son épouse Marcelle, ses enfants, pour travailler dans son pays. Là, il a dû s’engager rapidement dans la vie politique parce qu’il ne supportait plus le sous-développement sanitaire et social de Pointe-à-Pitre.

Premier adjoint au maire, puis maire lui-même, il a lancé la Rénovation Urbaine de Pointe-à-Pitre, le plus grand chantier de France, pour supprimer les cases insalubres dans les quartiers, les remplacer par des bâtiments neufs, en dur, avec eau, électricité. Puis organisé le service de voirie et de ramassage des ordures ménagères, mis en place des maisons de quartiers pour fédérer les énergies, construit le Centre des Arts et de la Culture pour mettre en avant la culture, donner à voir et à entendre aux foules avides de découverte.

Plus tard, il a pu, conseiller général, conseiller régional, sénateur, maire… donner toute la mesure de son intelligence. Pendant près de cinquante ans, Henri Bangou et ses fidèles ont entrepris la transformation de la ville. Non sans critiques. Mais, durant près de cinquante ans, l’opposition est restée à sa place.

Pendant ces années riches en événements, quand Henri Bangou ne recevait pas à la mairie — De Gaulle plusieurs fois, puis tous les présidents de la République de 1960 à la fin de son mandat de maire en 2008 — ou n’était pas au Sénat, il voyageait, d’abord pour répondre aux invitations des pays-frères, URSS, Vietnam, pays du Bloc de l’Est.

Puis, l’âge venant, il visitait des pays avec son épouse Marcelle, pour leur plaisir, le goût de la découverte, des sites historiques — y compris les églises — , étant bien ancré dans leurs esprits.

Retiré après 2008, Henri Bangou, auteur de nombreux ouvrages, essais et récits historiques, vivait paisiblement. Moment difficile, celui du départ de Marcelle Bangou, son épouse, son soutien permanent. Et puis, ces derniers temps, une immense fatigue et une fin paisible, entouré des siens.

La Guadeloupe perd, aujourd’hui, un grand politique, un homme de convictions. Sans doute le dernier des géants de l’histoire récente de la Guadeloupe.

André-Jean VIDAL

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