Président par intérim de la Collectivité Territoriale de Guyane, Jean-Paul Fereira considère comme « un manque de respect et une insulte», le projet de création, à Saint-Laurent du Maroni, d’une « prison de haute sécurité de 500 places pour les narcotrafiquants et les islamistes», évoqué par Gérald Darmanin, ministre de la Justice, garde des Sceaux, actuellement en visite en Guyane, dans le JDD.
Les élus de la Collectivité Territoriale de Guyane, qui ont échangé avec le ministre Gérald Darmanin, samedi 17 mai, à l’Hôtel de la Collectivité Territoriale disent leur « stupeur et leur indignation de découvrir en même temps que toute la population de Guyane, les éléments détaillés dans le Journal Du Dimanche. »
Lors de la rencontre, le ministre a évoqué son souhait d’intégrer à la construction d’une cité judiciaire et d’une prison, prévus dans l’Ouest, et dont les travaux doivent débuter cette année, « un quartier de haute sécurité dédié aux têtes de réseaux des gangs et du narcotrafic en Guyane, dont plusieurs dizaines sont actuellement emprisonnés à Rémire-Montjoly ». La création de postes de magistrats spécialisés au tribunal et d’autres moyens de lutte contre la criminalité organisée devraient l’accompagner.
« Une reconstitution du bagne de très moment mauvais »

La Collectivité Territoriale de Guyane précise qu’à « aucun moment le ministre n’a évoqué l’opportunité d’y enfermer des criminels et des personnes radicalisées venus de l’Hexagone, indique Jean-Paul Fereira. Si tous les élus locaux réclament de longue date des mesures fortes pour enrayer la montée de la criminalité organisée sur notre territoire, la Guyane n’a pas vocation à accueillir les criminels et les personnes radicalisées de l’Hexagone, comme le laisse entendre l’article paru. La CTG s’oppose fermement à un projet carcéral qui consisterait à recevoir les détenus les plus dangereux de France, dans une reconstitution du bagne de très mauvais goût. Elle regrette à nouveau les clichés tenaces et méprisants constatés dans la presse qui fait de notre territoire une jungle dédiée à la relégation des criminels. À l’heure ou le territoire échange avec l’Etat pour plus d’autonomie, la réalisation de ce type d’opération sans aucun échange préalable clair avec les élus locaux constituerait un manque de respect et une insulte. »
La Collectivité, qui demande « la fin immédiate de tout projet qui consisterait accueillir les personnes radicalisées et des criminels de l’Hexagone », rappelle que « les moyens consacrés à la lutte contre la criminalité en Guyane, doivent être dédiés à obtenir des résultats pour la population guyanaise. »