Le préfet de Guadeloupe, Thierry Devimeux, s’est rendu mardi 23 septembre à l’exploitation agricole familiale de Bel Air à Capesterre Belle-Eau. Cette visite lui a permis de comprendre les enjeux qui touchent les agriculteurs guadeloupéens notamment les producteurs de bananes. Il compte accorder une importance particulière à ces doléances en tant qu’ingénieur agronome de formation.



Une grande majorité des bananiers de Guadeloupe sont attaqués par la cercosporiose noire, un champignon qui se développe sur les feuilles des bananiers. L’exploitation de Bel Air, à Capesterre Belle-Eau, ne fait pas exception.
Les bananiers de Joel Narayaninsamy et de ses fils sont également touchés. Arrivé pour visiter l’exploitation, le préfet Thierry Devimeux est guidé par Mathieu Narayaninsamy vers les bananiers afin de constater les dégâts.

« Plus le champignon se développe moins le bananier peut faire sa photosynthèse. Pour pallier à cela on fait de l’effeuillage », explique-t-il. Les agriculteurs doivent effeuiller les bananiers parfois deux fois par semaine, ce qui s’est soldé par l’embauche de deux personnes en plus pour effeuiller les bananiers.
L’entretien des bananiers coûte donc plus cher aux agriculteurs. Parallèlement, le champignon affecte la production, les bananiers produisent moins de bananes qu’il y a quelques années. En définitive, les agriculteurs déboursent plus pour produire moins.
Il s’agit d’une des nombreuses problématiques de la filière qui ont été présentées au préfet de Guadeloupe au cours de sa visite. L’exploitation familiale s’étend sur 12 hectares avec une majorité de bananes et un élevage porcin. La transformation porcine se fait sur l’exploitation avec une boucherie qui permet de vendre directement aux clients les produits de l’élevage porcin.
Les bananes sont majoritairement destinées à l’exportation. En tout, ce sont 550 tonnes de bananes qui sont produites chaque année. La visite de l’exploitation écourtée par une pluie battante s’est terminée aux abords de la boucherie, où le préfet a rencontré plusieurs acteurs de la filière agricole qui ont présenté les différentes difficultés de la filière.
Le POSEI un problème majeur
Le président du groupement bananier de la Guadeloupe, Francis Lignières, a attiré l’attention du préfet sur les modifications de l’enveloppe du POSEI. Cette enveloppe « Antilles », qui regroupe la Martinique et la Guadeloupe a été modifiée afin de soutenir la diversification agricole martiniquaise.
Cependant, ce sont 500 000 euros qui seront ôtés aux producteurs bananiers de Guadeloupe afin de soutenir cette diversification. Une décision « inacceptable », selon lui.
À ce sujet, le préfet s’est voulu rassurant en affirmant qu’il était averti et qu’il remontera la colère des producteurs de bananes au ministère de l’Agriculture. Les agriculteurs ont présenté d’autres problématiques liées à la filière qui est fortement fragilisée dans de nombreux domaines.
Les fragilités commencent dès la formation avec un désintéressement de la jeunesse qui inquiète. Les agriculteurs souhaitent créer des « états généraux de l’agriculture » pour discuter de la situation avec le préfet.
Thierry Devimeux, parce qu’il est ingénieur agronome de formation, a affirmé que l’agriculture aura toujours une place importante dans son fonctionnement. Il a affirmé que cette visite est le commencement de ses actions qui seront menées dans un premier temps afin de « comprendre ce qui fait les forces et les faiblesses de l’agriculture guadeloupéenne ». Il aura l’occasion de se faire le porte-parole des agriculteurs dès la semaine prochaine, car il sera invité à rencontrer le gouvernement à Paris avec un certain nombre d’élus des Outre-mer.
Tafari Tirolien
Il a dit
Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre Belle-Eau, vice-président du Conseil départemental
« Dans le cadre du projet Papillon, nous voulons mettre en avant la capacité de nos exploitants de produire des produits sains afin qu’ils soient consommés à l’international mais également sur le territoire. Mais, pour cela, il faut leur donner des conditions. Quand on voit ce qui se passe avec le POSEI, nous voulons faire entendre la voix de nos agriculteurs en affirmant qu’il faut maintenir ces aides et même les renforcer en Guadeloupe afin de développer la filière et permettre aux jeunes agriculteurs de pouvoir s’installer. »

























