L’hommage aux ancêtres d’Edmony Krater

Au rythme du gwo-ka, la musique d’Edmony Krater, percussionniste et trompettiste guadeloupéen, interroge l’histoire pour faire dialoguer passé, présent et futur.

Edmony Krater : « Comme le jazz, la musique classique, la musique afro-américaine…, le gwo-ka reste une musique actuelle. »

Symboliquement, la sortie du nouvel opus d’Edmony Krater était prévue le 22 mai, jour de la célébration de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe. La crise sanitaire l’a contraint à reporter la sortie de J’ai traversé la mer, au mois d’août. Mais, qu’importe. Edmony Krater n’aura pas attendu pour rien. Depuis sa sortie, l’album J’ai traversé la mer a été salué par la critique nationale et internationale. Sélectionné dans la rubrique coup de cœur Musiques du monde du magazine Rolling Stone, l’album a été présenté au New Morning (Paris), samedi 14 novembre.

« Les tanbouyé ont montré la voie. »

Chanteur, percussionniste, trompettiste, auteur, compositeur, Edmony Krater continue d’interroger le passé. Après Ti Jan pou Vélo (1988), puis l’album An ka sonjé (2018), avec J’ai traversé la mer, Edmony Krater rend hommage à ceux qui ont traversé la mer depuis l’Afrique pour être réduits en esclavage dans la Caraïbe, aux Etats-Unis et ailleurs. La démarche artistique d’Edmony Krater est nourrie par le tambour, moyen de communication des esclaves, aujourd’hui symbole de l’identité musicale de la Guadeloupe. « Vélo, Guy Conquet, Robert Loyson et tous les autres tanbouyé qui nous ont précédés ont montré la voie, indique Edmony Krater. Je pars de ce qui a été fait par eux permet de montrer ce que l’on peut produire aujourd’hui avec le gwo-ka. »

Edmony Krater harmonise cette musique traditionnelle transmise sur plusieurs générations avec diverses influences, rappelant que le gwo-ka reste une musique actuelle. Un dialogue perpétuel entre passé, présent et futur.

« Le gwo-ka, une musique en perpétuelle évolution. »

« Ceux qui nous ont précédés ont su maintenir la tradition et nous la transmettre, rappelle Edmony Krater. Ce sont de véritables résistants culturels ! Ceux de ma génération ont souvent entendu dire que le gwo-ka « sé mizik a vyé nèg », la musique des personnes de mauvaise vie. Pourtant, il faut reconnaître que ces musiciens avaient un regard sur l’avenir, puisque leur musique a duré dans le temps. Elle est intemporelle. »

Pour que le fil ne soit pas rompu, Edmony Krater sollicite des talents de la nouvelle génération pour l’accompagner : Sonny Troupé (batterie), Jonathan Jurion (clavier), Xavier Belin (clavier). Roger Raspail (percussions), Andy Bérald (percussions), Julian Babou (basse) ont aussi pris part à l’aventure musicale.

Cécilia Larney

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