Littérature. Cherie Jones : « Le Prix Carbet des lycéens me donne tant d’espoir ! »

Avocate de profession, la Barbadienne Cherie Jones est lauréate du Prix Carbet 2023 pour son premier roman, Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison (éd. Calmann Levy). Elle a reçu son trophée, ce mardi 25 avril, à la salle Laura Flessel, de Petit-Bourg.

« Ce livre donne la parole à ceux qu’on n’entend pas pour évoquer des problématiques tels que l’inceste, le viol, le harcèlement…, commente Mélanie Angèle, élève de Seconde au lycée Jardin d’essai (Les Abymes), présidente du grand jury du Prix Carbet des lycéens. Le livre de Cherie Jones parle aussi du fait qu’on s’arrête souvent à l’apparence sans jamais chercher à aller plus loin, à l’essentiel. C’était une expérience incroyable avec les lycéens Guyanais, Saint-Martinois. »

En Guadeloupe depuis le 22 avril, Cherie Jones a rencontré, ce mardi 25 avril, les lycéens qui ont participé à la sélection du Prix Carbet des lycéens 2023. Les thèmes universels et très contemporains qu’elle aborde dans son roman ont remporté les suffrages des élèves de Guadeloupe, Guyane et Saint-Martin qui lui ont attribué le Prix Carbet des lycéens 2023. Entretien.

Que représente le Prix Carbet des lycéens pour vous ?

Cherie Jones : Je suis très émue parce que ce prix signifie beaucoup pour moi. Il me donne tant d’espoir ! Voir que des jeunes personnes lisent ce livre signifie qu’on parlera plus des violences faites aux femmes. Je me dis aussi que l’avenir de la littérature caribéenne est entre de bonnes mains, celles de la jeunesse. Enfin, je pense à mon père, un panafricaniste qui parlait le français et dont j’étais très proche. Il rêvait d’une Caraïbe unie. Je suis vraiment fière que ce livre touche mes frères de la Caraïbe.

Qu’est-ce qui vous a inspiré ce premier roman ?

Lala, le personnage principal, s’est révélé à moi, un jour, à Londres, dans un bus. Elle m’a parlé d’une lutte entre son mari et elle à propos de leur bébé et qui a entrainé sa mort.

Pourquoi avez-vous souhaité que votre roman soit traduit en français ?

Cela donne un accès plus large au livre, comme s’il avait des pieds et des jambes pour aller partout et atteindre d’autres personnes qui parleront de ce problème pour parvenir à une amélioration de la situation.

Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison est votre premier roman après des nouvelles. Y en aura-t-il un deuxième ?

Il n’y aura pas de suite à ce roman, mais je travaille sur un autre livre. Je ne sais pas quand il sortira, même si son agent m’incite à me dépêcher. Mais, je prends mon temps : l’histoire vient lentement. Je sais déjà que le titre sera très court : Nib. Ce mot désigne à la fois la pointe du stylo, mais aussi un de chocolat. J’espère qu’il sera aussi traduit en français !

Vous êtes avocate. En quoi votre profession impacte-t-elle votre écriture ?

En tant qu’avocate, je travaille pour la société d’électricité de la Barbade. Quand mes personnages me parlent, ils ne disent pas la vérité ! Mes compétences d’avocate pour interroger et rechercher la vérité m’aident à décrypter pour connaître la vraie histoire.

La question raciale est importante à la Barbade ?

Absolument. Le colorisme est important à la Barbade. L’un des personnages de mon roman, Mira Whalen passe pour une Blanche. Quand on la voit, on la traite avec respect, mais quand elle parle, on comprend qu’elle appartient à la classe populaire : l’attitude change immédiatement vis-à-vis d’elle. Mon livre fait référence à l’année 1984 où cette situation était encore pire à La Barbade. Une femme a été renvoyée de son emploi dans un hôtel parce qu’elle portait des tresses.

Ambiance festive autour de Cherie Jones pour la remise des prix, à Petit-Bourg.

Vous êtes en Guadeloupe depuis le 22 avril. Quelles sont vos impressions pour ce premier voyage ?

Je me sens vraiment bien en Guadeloupe. Tout le monde me ressemble : chacun pourrait être mon frère, ma sœur… jusqu’à ce qu’il ou elle parle. J’aimerais vraiment franchir la barrière de la langue pour qu’on puisse échanger naturellement. Les gens sont vraiment très accueillants. Je suis bien accueillie. C’est formidable. Les paysages sont beaucoup plus verts qu’à la Barbade.

Et la nourriture ?

Oh mon Dieu ! J’ai mangé un court-bouillon de poisson qui était « super » : je n’oublierai pas ! J’ai beaucoup aimé le punch, le sirop de carambole était délicieux. La nourriture est divine, fantastique, mais les gens sont encore meilleurs. L’accueil est vraiment très chaleureux.

Entretien : Cécilia Larney. Traduction : Suzy Roche (association des professeurs d’anglais de Guadeloupe)

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