Mai des mémoires à Paris

La communauté antillaise d’Ile-de-France a dit non à l’oubli. Ce dimanche, elle s’est déplacée en masse pour honorer la mémoire de leurs ancêtres.

Bernard Hayot, président du groupe GBH, déposant une gerbe au pied de la stèle de Louis Delgrès.

Du Blanc-Mesnil à Creil, de Grigny à Sarcelles, de Garges-lès-Gonesse à Saint-Denis, de Nanterre à Paris, ils étaient plusieurs centaines à se recueillir pour discuter des avancées obtenues depuis la grande marche du 23 mai 1998 sur le pavé parisien, de la place de la République à la place de la Nation.

Emmanuel Gordien, président du CM98. Photo : Afred Jocksan

Vingt-trois ans après cette première marche et les 20 ans de la loi Toubira décrétant l’esclavage et la traite crime contre l’humanité, les mémoires ne sont toujours pas apaisées. La date du 23 mai reste une date symbolique et populaire pour tous les Antillais d’Ile-de-France. Une journée contre l’oubli qui a débuté au Blanc-Mesnil devant le monument de Louis Delgrès, héros de la liberté en Guadeloupe. « L’histoire de l’esclavage est honteuse, difficile à supporter, a indiqué Emmanuel Gordien, président du CM98. Il est essentiel que l’Etat, la fondation pour la mémoire de l’esclavage en prennent conscience. Il est essentiel que ce jour-là, le 23 mai, toute la nation s’incline devant la mémoire des victimes de l’esclavage colonial. »

« On ne peut pas commémorer Napoléon sans rappeler le rétablissement de l’esclavage. »

Patrick Karam.

Bernard Hayot, Patrick Karam, Philippe Lavil, Serge Romana, président de la fondation Esclavage et Réconciliation, l’historien Frédéric Régent, Olivier Serva, député de la Guadeloupe, Dominique Taffin, de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, Fabien Gay, sénateur, Daniel Dallin, président du CRéFOM, les élus municipaux de la ville de Blanc-Mesnil, les élus du département et de la région Ile-de-France étaient présents. « On ne peut pas commémorer Napoléon sans rappeler le rétablissement de l’esclavage, a précisé Patrick Karam. L’histoire s’écrit aussi avec les pages sombres de l’histoire de l’esclavage. C’est aussi une page de l’histoire de France. »

Alfred Jocksan

Olivier Serva, député de la Guadeloupe, Jean-Marie Musquet, élu du Blanc-Mesnil et Dominique Taffin, de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Photo : Alfred Jocksan

Témoignages
Bernard Hayot, président du groupe GBH
 : « J’ai éprouvé une grande émotion à cette cérémonie. Il faut prendre le chemin du vivre ensemble et de l’apaisement. J’ai l’honneur d’être administrateur de la fondation Esclavage et réconciliation, une activité que je vis avec beaucoup de passion. »

Jean-Marie Musquet, adjoint au maire de Blanc-Mesnil. « Nombreux sont ceux qui se sont élevés face à cette sauvagerie organisée et légalisée. Ils nous donnent foi en l’humain. C’est un principe de justice ».

Dominique Taffin, conservatrice générale du patrimoine et directrice de la fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME) : « Devant le monument dédié à Louis Delgrès, on mesure à quel point en une journée, en un lieu, réunir ces mémoires, prendre en compte la perte, la souffrance, le chagrin, parfois la honte, se surmonte par la capacité de lutte qui est incarné par un personnage comme Louis Delgrès. Nous souhaitons très fortement qu’il soit reconnu non seulement comme un héros guadeloupéen, mais comme un héros français. »

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