Marie-Galante. Tiers-lieu nourricier : « Faire ensemble pour mieux produire »

Annoncé pour le début de l’année 2026, le projet de tiers-lieu nourricier, porté avec ferveur par Patrick Chelza, a été officiellement présenté au public au cours du Forum économique organisé avec la ville de Capesterre.

L’engagement du chef d’entreprise et la pertinence du projet ambitieux, qui associe diversification agricole, développement économique, agro-transformation, lutte anti-gaspillage, transition écologique… permettent d’envisager de nouvelles perspectives pour Marie-Galante dont la filière agricole est atone.

Primé lors de l’appel à projets 2024 lancé par le Conseil départemental pour accompagner les tiers-lieux de l’archipel, le projet de tiers-lieu nourricier, abritant une légumerie-conserverie, porté par Patrick Chelza, a également emporté l’adhésion de plusieurs grandes administrations.

Lors du Forum économique qui s’est déroulé à Capesterre, mercredi 9 juillet, la Région, la Chambre régionale de l’Economie sociale et solidaire, CRTE (Contrat de relance de transition écologique), France Active Guadeloupe… étaient représentés à l’OMCS de Capesterre. Un choix qui ne doit rien au hasard : Jean-Claude Maes, le chef d’édilité et conseiller départemental, convaincu par ce projet structurant pour la Grande Galette, y voit l’opportunité de créer des emplois, particulièrement pour les jeunes.

Deux Appels à manifestation d’intérêt

« C’est un projet très important pour Marie-Galante, si on veut prendre une nouvelle orientation, explique le maire de Capesterre. Ce projet de tiers-lieu apporte une valeur ajoutée : il permet de nourrir notre population et permet à nos enfants qui ont fait des études d’apporter leur savoir à Marie-Galante. »

Joignant la parole aux actes, la ville de Capesterre a d’ores et déjà anticipé en établissant la liste de ses besoins en fruits et légumes pour sa cuisine centrale que le tiers-lieu devra fournir.

En attendant de passer de la théorie à la pratique, le futur tiers-lieu a franchi une nouvelle étape avec le lancement de deux Appels à manifestation d’intérêt (AMI). L’un concerne le déploiement de 300 Petites fermes productives et l’autre, la création de 100 Ateliers laboratoires d’agro-transformation.

Ouverts jusqu’au 31 décembre 2025, ces Appels à manifestation d’intérêt permettront de sélectionner les acteurs du milieu agricole, les agro-transformateurs qui alimenteront le tiers-lieu ou qui y trouveront la matière première et les équipements nécessaires pour la fabrication de leurs produits. Fort d’une vision à 360°, le tiers-lieu nourricier accueillera aussi les particuliers. Pour l’achat des produits conditionnés sur le site, à Morne-Lolo, mais aussi pour proposer leurs surplus de fruits, légumes, plantes aromatiques… issus du jardin, pour qu’ils soient valorisés plutôt que d’être jetés.

La mutualisation, clé de la réussite

Jus de fruits, huiles essentielles, alimentation animale… pourront ainsi être fabriqués. Un laboratoire, installé sur place, veillera à la bonne conformité des produits.

Ce projet, qui mise sur la mutualisation, le « faire ensemble », amènera à s’interroger sur la difficulté d’accès au foncier. Un obstacle récurrent auquel se heurtent les jeunes qui veulent s’installer dans la profession agricole.

Jean-Claude Maes l’a rappelé sans détour : le Conseil départemental est « le premier propriétaire foncier de l’île ». Que fait-on de ces surfaces agricoles ? Certaines font l’objet de demandes de déclassement pour des constructions. D’autres sont « conservées » dans l’attente d’un hypothétique retour de proches…

« Les terres agricoles doivent être utilisées à bon escient, martèle Jean-Claude Maes. Nous avons beaucoup de foncier planté en canne : il faut que ceux qui sont déjà bien installés et aujourd’hui retraités, gardent leur jardin créole, mais acceptent de laisser un espace aux jeunes qui veulent démarrer leur activité. Nous devons changer d’état d’esprit et faire preuve de solidarité ! On ne peut pas laisser nos enfants faire des études et ne pas leur donner les moyens de travailler ! »

Président de France Active Guadeloupe, Dominique Virassamy invite à faire preuve de « chauvinisme » : « J’ai été séduit par ce formidable projet guadeloupéen, commente-t-il. Avec les théâtres de guerre qui s’installent partout dans le monde, des produits dont le prix est multiplié par trois ou quatre, on doit se demander jusqu’à quand je jardin des Guadeloupéens sera sur les quais de Jarry ? Quand on dispose de l’ingénierie, des hommes, de l’intelligence pour bâtir quelque chose de différent, il faut prendre ses responsabilités. Il faut que les Guadeloupéens deviennent chauvins : quand ce formidable projet verra le jour, il faudra soutenir l’entreprise en achetant les produits ! Autour du tiers-lieu, il y aura des producteurs, des fermes…, des distributeurs pour que ces produits de Marie-Galante soient aussi disponibles en Guadeloupe, mais aussi aux Saintes et à La Désirade. »

Dominique Virassamy, qui ne manque pas d’ambition, envisage de mettre les dispositifs de France Active Guadeloupe, mais aussi de son association, le SNEG (Sauvez notre entreprise guadeloupéenne) au service des professionnels indépendants de Marie-Galante pour pérenniser leur activité, « aller plus loin en compétences et en qualité ».

Cécilia Larney

Pour en savoir plus : scicmarie.galante@gmail.com

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