Opinion. Asé pléwé, davwa fo nou gadé pli lwen 

PAR JEAN-MARIE NOL*

Face à l’intensité croissante des défis globaux, notamment la révolution technologique de l’intelligence artificielle et le changement climatique qui menace directement les littoraux, les ressources agricoles et la sécurité alimentaire, il serait illusoire de croire qu’une autonomie dépourvue de moyens permettrait de mieux y répondre.

Les ouragans, les sécheresses, les échouements massifs de sargasses et la dégradation des récifs coralliens se jouent de la question statutaire et ne connaissent pas de frontières administratives, mais leur gestion exige des ressources financières, techniques et institutionnelles conséquentes qui ne peuvent exister que dans le cadre de l’article 73 de la constitution.

Dans un tel contexte, l’appui de la France et de l’Union européenne reste un facteur de protection non négligeable, en particulier pour amortir les crises et financer l’adaptation aux dérèglements climatiques et à la perte massive des emplois imputable à l’intelligence artificielle et à la robotisation. Selon l’OCDE, l’Intelligence Artificielle pourrait détruire quatre millions d’emplois en France d’ici 2030. L’IA représente une véritable révolution dans les processus de création de richesse. C’est incontestable, sauf que les gains de productivité vont se payer par des destructions massives d’emplois.

Que l’intelligence artificielle soit à l’origine d’une véritable révolution dans l’organisation des processus de création de richesse ne fait pas débat. Les gains de productivité sont incontestables. Ce qui fait débat, en revanche, c’est la destruction d’emplois que va entraîner la diffusion de l’IA.

Phénomène classique qui, déjà au cours du siècle précédent, a bouleversé la vie économique. Quand l’agriculture s’est mécanisée, les campagnes se sont vidées, et ce n’est pas terminé. Quand l’industrialisation s’est imposée, les masses ouvrières se sont précipitées dans les villes.

Mais, lorsque l’on a délocalisé et désindustrialisé les activités en les transférant dans des pays à faible coût de main-d’œuvre, on a fermé des usines et mis au chômage l’essentiel de la main-d’œuvre. Entre 1970 et 2020, la France est le pays européen qui s’est le plus désindustrialisé, avec une perte de 2,5 millions d’emplois industriels depuis 1974.

Demain d’ici 2030, l’IA menace de remplacer jusqu’à 50 % des emplois de bureaux, selon les prévisions des experts. Même les métiers considérés comme protégés sont en péril.

Cette situation pourrait entraîner un effet domino, menaçant de nombreux emplois dans l’Outre-mer. Le niveau de chômage pourrait atteindre un taux jamais vu auparavant, générant une grande incertitude parmi les travailleurs.

Ainsi, plutôt que de cultiver une plainte permanente sur les insuffisances du modèle actuel, les Guadeloupéens gagneraient à adopter une vision prospective plus objective, fondée sur la comparaison régionale et la conscience des réalités mondiales.

*Economiste 

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