Opinion. Chute du Gouvernement Bayrou : il faut désormais oser le compromis

PAR VICTORIN LUREL*

La chute scénarisée du Gouvernement de François Bayrou était tant attendue que souhaitable.

Souveraine, l’Assemblée nationale a refusé de lui accorder sa confiance** et a fait renaître l’espoir du véritable changement de cap et de méthode demandé par le peuple. Responsable et optimiste par nature, je ne souhaite ni l’immobilisme ni les compromissions et ne crois pas aux théories de l’effondrement. Je crois en revanche qu’il est grand temps que le Président de la République sorte du déni du rejet de sa politique.

Si aucune force républicaine n’est majoritaire de fait dans la composition actuelle de l’Assemblée, je reste convaincu que des pas réciproques peuvent faire émerger une stabilité de gouvernance et des avancées concrètes pour les Français.

Pour ce faire, il me parait légitime et salutaire de nommer une personnalité de gauche capable à la fois de rassembler celles et ceux qui ont su faire front en juillet 2024 pour repousser l’extrême droite et de respecter les oppositions pour répondre aux priorités des Français : pouvoir d’achat, justice sociale et fiscale, sécurité.

Dans cet équilibre ténu, la Macronie doit admettre sa situation minoritaire et sortir de son dogmatisme libéral qui lui interdit de soutenir toute politique de progrès social et environnemental. La Gauche aux responsabilités devra assumer de ne pouvoir, jusqu’en 2027, appliquer l’intégralité de ses propositions tout en engageant des réformes marquant l’alternance souhaitée par les Français : renégociation de la réforme des retraites, fin des politiques anti- sociales comme celle sur l’assurance chômage, mise en place d’un plan d’investissement pour les services publics et mise en œuvre d’une politique fiscale redistributive plus juste. Ce changement de culture politique oblige chacun à se transcender.

Dans les Outre-mer, je reste convaincu que de grandes réformes transpartisanes peuvent être menées : réforme constitutionnelle, décentralisation renforcée, lutte contre la vie chère, contre les sargasses, contre la pauvreté et les discriminations…

Ministre, Manuel Valls n’a pas démérité en cherchant les accords et en entretenant le dialogue avec ses oppositions : bien que réservé sur l’ampleur des avancées obtenues, je crois – a minima – que sa méthode pouvait faire espérer des réformes utiles pour nos territoires.

La balle est désormais dans le camp du président de la République.

*Sénateur de la Guadeloupe

**Au total, 364 députés ont voté contre la confiance au gouvernement et 194 pour. Le Premier ministre François Bayrou doit désormais présenter sa démission au chef de l’Etat.

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