PAR CLAUDE BARFLEUR*
Sous couvert de « protection du consommateur », la directive européenne (UE) 2023/2225, transposée en droit français par l’ordonnance n° 2025-880 du 3 septembre 2025, instaure un mécanisme redoutable : à partir du 20 novembre 2026, les découverts bancaires seront traités comme des crédits à la consommation. Ce changement, présenté comme une garantie, devient en réalité une machine d’exclusion.
Ce texte, pensé à Bruxelles et bientôt appliqué à Paris, ne connaît ni nos réalités, ni nos souffrances.
Pour la Guadeloupe, s’agit d’un piège redoutable, d’une chronique d’une catastrophe annoncée.
La vie en Guadeloupe coûte en moyenne 16 % plus cher qu’en métropole.
L’alimentation y est 40 à 50 % plus chère, les loyers 5 % plus élevés. Et pourtant, les salaires du secteur privé sont inférieurs de 10 %. Pendant ce temps, la vulnérabilité financière progresse de plus de 25 %, témoignant d’un territoire au bord de la rupture.
Ce ne sont pas des chiffres : ce sont des vies qui vacillent, des familles qui s’endettent pour se nourrir, des travailleurs qui
jonglent chaque mois avec la peur du rejet bancaire.
Désormais, le découvert sera traité comme un crédit : évaluation de solvabilité obligatoire, taux d’intérêt calculé comme pour un prêt, et possibilité pour les banques de refuser toute facilité de trésorerie aux ménages jugés « à risque ».
En d’autres termes, des milliers de Guadeloupéens perdront leur dernier souffle de trésorerie. Les plus fragiles seront rejetés du système bancaire, exclus du droit de vivre normalement. C’est un étau qui se resserre, un filet qui se transforme en nœud coulant.
Avec la montée des rejets bancaires, C’est une catastrophe économique annoncée.
Si rien n’est adapté aux Outre-mer, nous verrons se cumuler la baisse de la consommation locale, et la précarisation de la population.
Très peu de Guadeloupéens pourront continuer à vivre dignement sur leur propre terre. Nos foyers seront étranglés, nos commerces désertés.
- Nous exigeons un moratoire immédiat sur l’application de cette directive européenne en Outre-mer.
- Nous exigeons des garanties bancaires : le maintien des découverts existants et l’interdiction de toute discrimination sous prétexte de solvabilité.
- Nous exigeons la mise en place de filets de sécurité : un dispositif de médiation bancaire et de soutien d’urgence pour les foyers les plus fragiles.
- Nous appelons le peuple guadeloupéen, les syndicats, les associations de consommateurs, les collectifs citoyens et les partis politiques à se mobiliser.
Cette réforme est inique. Refusons d’être jugés selon des critères qui n’ont aucun sens sous nos latitudes.
Refusons d’être les oubliés d’une Europe qui ne voit pas nos vies.
*Président du Mouvement pour un Grand Pointe-à-Pitre


























