Opinion. Mélenchon aux Antilles : le double langage

PAR PATRICK KARAM*

Patrick Karam est un homme politique guadeloupéen.

Alors que Jean-Luc Mélenchon a entamé un déplacement aux Antilles dans le cadre de sa campagne, force est de constater que cet adepte de bons mots est un expert du double langage. 

Il adopte aux Antilles sa casquette de sauveur, venu soutenir les Antillais, en tentant sans aucune honte de faire main basse politiquement sur le mouvement de revendication sociale en cours, comme il l’avait déjà fait en vain avec les gilets jaunes. 

Dans le même temps, son parti LFI qui siège au Conseil régional d’Île-de-France est le seul à avoir refusé de voter le protocole de partenariat co-construit avec la collectivité territoriale de Martinique et présenté en séance du Conseil régional d’Île-de-France mercredi 15 janvier 2021*. Protocole, qui à l’instar de ceux déjà mis en place avec la Réunion, Mayotte, la Guyane et la Guadeloupe, permettra d’ouvrir les dispositifs régionaux aux porteurs de projets de ces territoires et de faciliter la coopération entre les collectivités. 

Une démarche qui s’inscrit dans la droite ligne de la solidarité que dit vouloir promouvoir Jean-Luc Mélenchon… Mais alors pourquoi vouloir enrayer une initiative qui depuis l’arrivée de Valérie Pécresse à la tête de la Région en décembre 2015 a déjà permis de consacrer 33 millions d’euros aux sujets qui concernent directement les ultramarins ?

 

« Nous dénonçons son double discours méprisant pour les originaires
d’Outre-mer qui ne sont pour Jean-Luc Mélenchon que des pourvoyeurs de voix. »

Pour rappel, la politique de coopération en faveur des Outre-mer et des ultramarins mise en place conjointement par Valérie Pécresse et Patrick Karam a permis entre autres d’accueillir en 2017 les athlètes antillais après qu’ils aient été privés d’infrastructures par les ouragans ayant causé des dégâts considérables dans la Caraïbe, de soutenir la recherche dans la thérapie génique pour lutter contre la drépanocytose, de soutenir les initiatives ultramarines comme le Chanté Nwel ou encore la Fèt Kaf. 

Double discours toujours, quand Jean-Luc Mélenchon se découvre une passion pour le concept de créolisation cher à Glissant et qui est constitutif des sociétés de bon nombre des territoires d’Outre-mer, alors même qu’il est l’un des plus farouches opposants à une plus grande reconnaissance par la République des langues régionales. Langues régionales qui sont en Outre-mer des piliers de la culture créole. 

Les ultramarins ne se laisseront pas berner par ce double langage auquel se livrent Docteur Jean-Luc et Mister Mélenchon. Nous dénonçons son double discours méprisant pour les originaires d’Outre-mer qui ne sont pour Jean-Luc Mélenchon que des pourvoyeurs de voix.

*Vice-président de la Région Île-de-France chargé des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, des Loisirs, de la Citoyenneté et Politique de la ville, et de la Vie associative, Président d’honneur du CREFOM

Patrick Karam dans cette libre opinion est libre de ses propos. Cependant, le groupe LFI au Conseil régional d’Ile de France tient à apporter cette précision :

« Contrairement à ce qu’indique M. Karam, le groupe LFI au Conseil régional d’Ile de France n’a pas refusé de voter le protocole de partenariat. Après avoir affirmé dans l’hémicycle leur soutien à la coopération entre la Martinique et l’Ile de France, ses élus ont préféré ne pas prendre part au vote en raison de la précipitation dans laquelle ce rapport a été présenté à l’assemblée régionale. Il a en effet été transmis en pleine nuit pour un vote le lendemain matin, sans avoir été préalablement examiné en commission comme c’est le cas habituellement. Signe de l’impréparation de M. Karam, le rapport n’est à cette heure pas budgété, ses actions sont donc non financées. »

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