
PAR JACQUES BANGOU*
à l’issue d’un Conseil communautaire de Cap Excellence
21 Questions ont été abordées à ce conseil. Une fois n’est pas coutume je souhaite revenir et partager mes réflexions sur trois points essentiels.
– Le premier, car il s’agit de rester positif, est l’adoption par le conseil du SCOT, document régulateur fondamental pour l’aménagement du territoire des trois communes Pointe-à-Pitre, Les Abymes et Baie-Mahault, qui s’intercale entre le SAR (schéma d’aménagement régional) et les PLU (plans locaux d’urbanisme) communaux. Sans la consultation de ces trois documents et le respect des normes et recommandations de ceux-ci aucune construction, aucun projet ne pourra s’implanter sur le territoire intercommunal.
C’est dire combien ils vont peser sur l’organisation de l’agglomération pendant les décennies à venir. Le SCOT de Cap Excellence est l’aboutissement de dix ans de travaux préparatoires et de concertations ! Il sera définitivement adopté après un ultime passage en préfecture et sera ainsi le premier acte majeur de la prochaine mandature intercommunale. Je salue avec respect et chaleur tous les cadres de Cap Excellence, chevilles ouvrières de cette décennie de patient travail. Je remercie les consultants qui ont réussi à traduire les commandes politiques et les recommandations incessantes de la population.
Nous voilà désormais avec 5 recommandations stratégiques pour habiter, travailler et se déplacer dans l’agglomération avec des exigences de cadre de vie et une pleine appropriation de notre littoral. Nous voilà avec 225 prescriptions du document stratégique le DOO et le DAACL qui encadre les installations artisanales, commerciales et logistiques dans chaque quartier. On peut formuler le souhait d’une constante et pédagogique démarche de communication et j’invite les médias à contribuer à cette appropriation par le tout-public.
– Sur le second point, je n’ai pas suivi le vote majoritaire et je tiens à m’en expliquer. Il a été proposé en effet au conseil, qui a suivi cette demande, de céder à un promoteur immobilier la parcelle de terrain situé au droit de la station de traitement d’eau de Miquel. Elle avait été acquise par Cap Excellence sous ma présidence pour permettre la construction d’une extension de l’usine de traitement d’eau actuelle, nœud vital de la distribution d’eau du centre de la Guadeloupe (près de 100 000 personnes !). Son exposition au risque sismique est le talon d’Achille de ce centre névralgique.
Disposer d’un espace en continuité directe avec l’usine actuelle est une anticipation majeure pour sécuriser et doubler la capacité de Miquel à moindre coût. Au-delà des frictions que génèrent l’absorption d’Eau excellence par le syndicat SMEAG, renoncer à offrir à l’agglomération et plus généralement à la Guadeloupe cette sécurité pour le traitement de l’eau m’a semblé politiquement incorrect et j’ai voté contre accompagné par le vote solidaire de ma collègue Sandra Enjaric.
Surtout que le profit que compte en tirer Cap Excellence parait bien maigre si les coûts de déconstruction à charge de l’agglomération équilibrent voire dépassent le montant de la vente !
– Enfin le Conseil Communautaire a ouvert un débat riche et passionnant sur la question de la lutte contre les incendies.
Le colonel du SDIS, Guillaume Leroy, a longuement expliqué à la fois le cadre juridique et réglementaire à l’échelle nationale et les obstacles locaux à une prise en charge correcte. Un chiffre traduit cette réalité : 4 278 points d’eau (bouches d’incendie ou hydrants et points d’eau agrées). Mais 1 026 hors services et plus de 1 988 ne sont plus aux normes ! Sans compter les tours d’eau qui du jour au lendemain rendent inactifs des points jugés surs.
Mais le débat communautaire s’est focalisé sur la lecture juridique des textes en réponse à la question brûlante du jour : qui est en charge aujourd’hui de l’entretien des points d’eau ? Qui l’a été depuis 2021 ?
Depuis cette date en effet l’introduction par une loi, démarche atypique en France, pour imposer le syndicat SMEAG en Guadeloupe, la référence au cadre national semble dénuée de fondement. La lecture faite en conseil de l’article 1 de la loi semble indiquer que dès sa création le syndicat est totalement en charge et responsable juridiquement du risque incendie. Or un arrêté préfectoral ultérieur est venu jeter le doute en subordonnant ce transfert de compétences à des délibérations communales et intercommunales.
La diversité des points de vue exprimés en conseil y compris par l’un des rapporteurs de la loi, le sénateur Dominique Théophile, et la décision in fine du président de Cap, Éric Jalton, de ne pas délibérer, a laissé entrevoir un vide inquiétant à bien des égards.
– Vide juridique. Qui de chaque maire en Guadeloupe ou du président du syndicat est responsable en cas d’incendie suivi d’atteintes humaines ?
– Vide organisationnel : qui aujourd’hui cartographie, répare, entretien les milliers de points d’eau de notre territoire pour notre sécurité à tous ?
Enfin et pour ne laisser aucun non-dit sous silence, au-delà de cette clarification, la question inexprimée mais dans la tête de tous les conseillers aura été et reste encore : le syndicat SMEAG a-t-il les moyens d’assurer cette compétence qui par un chemin ou un autre lui reviendra et sommes-nous en sécurité contre l’incendie en Guadeloupe ?
Jacques Bangou,
Jacques Bangou est 8e président de Cap Excellence, élu municipal, maire-adjoint de 1995 à 2008, maire de Pointe-à-Pitre de 2008 à 2018, conseiller général de 2004 à 2016, président de Cap Excellence de 2009 à 2014, président du Parti Progressiste Démocratique Guadeloupéen.

























