Piano. Mylène Alexis-Garel interprète les sonates du Chevalier de Saint-George

Après Jacques Schwarz-Bart, en ouverture du Festival Première rencontre autour du piano, puis Mario Canonge, Mylène Alexis-Garel propose un programme composé d’œuvres rares du Chevalier de Saint-George, jeudi 19 juin, salle Tarer (Pointe-à-Pitre).

Vous avez rendez-vous avec le public de la 17e édition du festival première rencontre autour du piano, le 19 juin, à Pointe-à-Pitre. Quel programme proposerez-vous à cette occasion ?

Mylène Alexis-Garel, concertiste : Il s’agira d’un concert-hommage au Chevalier de Saint-George en prolongement de l’album Le Chevalier de Saint-George : Sonates pour piano que j’ai sorti en novembre 2024. Autour de l’album, il y aura en Guadeloupe et ailleurs, une série de dates pour faire découvrir cette facette du répertoire du Chevalier de Saint-George qui est peu connue.

Quelle est la particularité des œuvres du Chevalier de Saint-George (1745-1799) que vous interpréterez ?

On connaît surtout ses œuvres pour violon ou pour la voix, mais pas pour le clavecin seul, c’est totalement inédit. C’est ce que je propose de découvrir. Il y aura beaucoup d’émotion : je vais jouer pour la première fois en Guadeloupe, l’île où est né le Chevalier de Saint-George, un récital exclusivement dédié à ses sonates.

Pourquoi sont-elles moins « populaires » ?

À l’époque, le Chevalier de Saint-George, qui avait une très grande renommée pour ses qualités sportives et au violon, a composé des symphonies pour des grands concert, puisqu’il dirigeait de grands orchestres. Les sonates sont moins jouées parce qu’elles étaient données dans le cadre de salons, des cercles mondains, aristocratiques où on interprétait des œuvres plus intimes, qui ont une autre forme d’éclat, plus dans l’intimité, dans la lumière intérieure. Ces mélodies d’un profond lyrisme touchent au cœur. C’est vraiment une autre facette du Chevalier de Saint-George en tant que compositeur et que l’on connaît moins en tant que claviériste.

Dans la vie mondaine à Paris ou en province, on jouait ses sonates pour violon et piano ou pour violon seul. Ces œuvres, de dimension plus réduites, répondent plus à l’immédiateté, au « style galant », à « l’art de la conversation »… Ces salons étaient surtout tenus par des femmes, aristocrates, qui invitaient des artistes à se produire : le Chevalier de Saint-George était très sollicité dans ce cadre. D’ailleurs, ses sonates ont été conservées grâce à Mme la comtesse de Vauban. À la mort de Saint-George, elle a collationné toutes ses pièces et leur a attribué ses armes, ce qui légitime le remarquable travail du Chevalier. Je suis ravie de contribuer à porter cette voix du Chevalier tant en Guadeloupe qu’à Paris, et j’espère, à l’international. Les concerts à venir sont en train d’être mis en place à partir de la rentrée, à Paris, et région parisienne et ailleurs. Et pourquoi pas, dans la Caraïbe ! Surtout que l’année 2025 marque le 280e anniversaire de la naissance du Chevalier de Saint-George.

Ces pièces qui étaient jouées dans un cadre restreint, à l’origine, pourront profiter à un très large public à l’occasion du festival…

Absolument. Le Chevalier de Saint-George était un humaniste. L’histoire a voulu que ses sonates soient interprétées dans des salons, y compris en province. Mais, après l’abolition de l’esclavage, ses œuvres ont été confisquées ou brûlées : on en a beaucoup perdu, mais quelques-unes ont été préservées pour notre plus grand bonheur. Il faut absolument mettre ce patrimoine culturel de la Guadeloupe en lumière en portant cette voix le plus loin possible comme le Saint-George l’aurait lui-même souhaité.

Ces œuvres pour clavecin seront interprétées au piano ?

Oui. Je les ai d’abord jouées au clavecin, puis au piano. À la Bibliothèque nationale de France où sont conservées les œuvres du Chevalier de Saint-George, j’ai vu qu’elles avaient été écrites pour « le piano forte ou le clavecin ». Mon album, Le Chevalier de Saint-George : Sonates pour piano (Passavantmusic), à l’exception d’un titre, marque une première discographique dans l’édition de ce corpus qui n’a jamais été enregistré au piano moderne. Je propose une lecture renouvelée, contemporaine au piano, plus populaire que le clavecin pour toucher le plus grand nombre de Guadeloupéens et de mélomanes dans le monde !

Propos recueillis par Cécilia Larney

  • Pointe-à-Pitre, salle Tarer. Jeudi 19 juin, à 20 heures.
  • Clôture du festival, vendredi 20 juin, à 20 heures, au centre culturel Gérard-Lockel, Baie-Mahault avec Georges Granville Quartet (Jacques Schwarz-Bart, Arnaud Dolmen, Michel Alibo).

Réservations : www.rencontre-autourdupiano.com

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