C’est le sentiment partagé à l’issue de trois jours de réflexion sur la dette de 1825, les 12, 13 et 14 juin, où, malgré une chaleur quasi caniculaire peu propice à l’introspection, Paris a vu le Collège de France drainer une audience studieuse et passionnée.
Chercheurs et chercheuses venus d’Haïti, de la Caraïbe, des États-Unis, de France et d’Europe se sont réunis pour réfléchir et discuter de l’histoire d’Haïti.
Le thème de ce colloque international, « Haïti 1825: de l’indépendance à la dette », est d’une brûlante actualité. Cette année marque le bicentenaire de l’ordonnance de 1825, par laquelle la monarchie française a contraint Haïti, sous menace d’invasion et de retour à l’asservissement, à payer pour la reconnaissance de son indépendance et pour l’indemnisation des anciens colons.
Une injustice historique que l’historien Pierre Buteau compare à un ulcère, dont les répercussions pèsent encore aujourd’hui.
Science
Longtemps occultée dans les relations franco-haïtiennes, cette dette qu’il faut qualifier plutôt de rançon refait surface dans certaines institutions françaises, portée par un nouveau zeitgeist.
Le 6 juin 2025, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution inédite appelant à reconnaître l’injustice de la double dette, à en évaluer les conséquences et à envisager des réparations.
Ce geste politique a été salué par plusieurs panélistes comme un pas dans la bonne direction.
Toutefois, au-delà de l’émotion légitime, les exposés ont invité à se discipliner à la rigueur scientifique, à retourner aux faits, aux silences et aux archives.
Source : Le Nouvelliste