Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe, et Rody Tolassy, député européen (RN), côte à côte, ce vendredi, à l’Espace Régional, pour une conférence de presse portant sur le Paquet législatif de simplification pour les RUP. Entretien avec Rody Tolassy.
Vous serez au côté d’Ary Chalus pour présenter le paquet législatif de simplification pour les RUP. De quoi s’agit-il ?
Avec le président du Conseil régional de la Guadeloupe, Ary Chalus, qui est également président de la Conférence des présidents des RUP, nous avons décidé d’unir nos forces pour porter la voix de nos territoires.
Le vice-président exécutif de la Commission européenne, Rafaël Fitto, présentera en avril 2026 l’Omnibus RUP, un véritable paquet législatif de simplification, un choc de simplification même, que nous appelons de nos vœux depuis plus de 30 ans.
L’objectif est clair : adapter enfin les normes européennes à nos singularités, à nos réalités géographiques, climatiques, sociales et économiques.
C’est un combat que je mène depuis mon arrivée au Parlement européen. J’ai interpellé directement le commissaire Fitto lors de son audition précédent le vote de confirmation en octobre 2025, en y défendant l’adaptation de la réglementation.
Les consultations en cours se terminent le 15 décembre 2025.
C’est un moment historique pour nos territoires. Nous ne devons pas manquer cette occasion.
La Commission européenne souhaite renationaliser les aides FEDER, FEADER, etc. Où est le danger ?
Le FEDER, le FEADER et l’ensemble des instruments de cohésion constituent le deuxième budget le plus important de l’Union européenne.
Ces fonds sont essentiels pour nos régions ultrapériphériques.
La renationalisation serait un danger majeur car elle réduirait notre capacité d’action locale, elle créerait une dépendance supplémentaire vis-à-vis du budget national, elle affaiblirait la solidarité européenne, pourtant fondamentale pour l’égalité des territoires.
Dans un contexte où la France traverse une situation financière difficile, nous avons plus que jamais besoin de l’appui européen pour la compétitivité de la Guadeloupe, mais aussi pour notre cohésion sociale et notre développement.
Nous discutons justement de ces questions dans le cadre du prochain Cadre financier pluriannuel (CFP).
Les fonds européens gérés localement sont-ils suffisants ?
Ils sont indispensables, mais pas suffisants au regard des défis structurels auxquels les RUP sont confrontées.
Ils permettent de soutenir l’investissement, la transition énergétique, les infrastructures, l’innovation et l’emploi. Mais, nos territoires cumulent des handicaps permanents reconnus par les traités : éloignement, dépendance économique, vulnérabilité climatique.
Nous devons donc disposer d’outils financiers renforcés, plus souples et plus accessibles.
À quoi servent-ils ? Sont-ils efficaces pour soutenir des projets et activités ?
Oui, ils sont efficaces.
Chaque jour, les fonds européens accompagnent les entreprises, les agriculteurs, les collectivités, les infrastructures essentielles, les projets sociaux ou associatifs.
Ils permettent d’amortir les surcoûts liés à notre éloignement et de réduire les écarts de développement.
Sans ces fonds, nombre de projets structurants ne verraient jamais le jour.
Certains experts pensent que les RUP pourraient être rattachées directement à l’Europe « comme des pays ». Qu’en pensez-vous ? Les RUP y perdraient-elles ?
Ces experts méconnaissent profondément le fonctionnement de l’Union européenne. Les RUP font déjà partie intégrante de l’Union, contrairement aux PTOM (Pays et Territoires d’Outre-mer), qui ne sont pas soumis au droit européen et relèvent d’un statut d’association défini aux articles 198 à 204 du TFUE.
Les PTOM sont rattachés à un État membre mais ne font pas partie du territoire de l’Union.
À l’inverse, les RUP sont pleinement européennes : elles appliquent le droit européen, elles participent aux politiques communes, elles bénéficient des fonds structurels.
Sortir de ce cadre pour devenir un statut hybride serait une perte immense. Perte de financements, perte de droits, perte d’intégration dans le marché unique, perte de protections communautaires.
Les RUP doivent rester dans l’Union, mais avec des règles adaptées, ce que l’Omnibus RUP cherche précisément à accomplir.
André-Jean Vidal
aj.vidal@karibinfo.com























