Porto Rico. 455 féminicides depuis 2019 : exigeons justice pour les victimes de violences sexistes

Selon l’Observatoire de l’égalité des genres, 113 affaires font toujours l’objet d’une enquête, certaines depuis plus de cinq ans, sans que les familles n’aient obtenu de réponses.

L’Observatoire de l’égalité des genres de Porto Rico a lancé une campagne intitulée « Ni oubli ni silence », réclamant justice pour toutes les femmes décédées des suites de violences sexistes sur l’île.

« Cet effort n’est pas seulement un acte de commémoration : c’est un cri collectif dénonçant l’indifférence de l’État, l’impunité qui persiste devant les tribunaux et l’absence de politiques publiques pour protéger la vie des femmes, des filles et des personnes transgenres à Porto Rico. De 2019 à aujourd’hui, l’Observatoire a recensé 455 féminicides. Chaque chiffre représente un nom, un visage, une histoire interrompue. Il s’agit aussi bien de féminicides directs que de féminicides indirects, souvent rendus invisibles par l’État et stigmatisés par la société parce qu’ils se sont produits dans un contexte de crime organisé ou ont été liés à des overdoses. Mais pour nous, toutes ces vies comptent. Aucune ne doit être invisibilisée », a déclaré Stephanie Figueroa, directrice générale de l’Observatoire pour l’égalité des genres.

La campagne médiatique a débuté à l’Association du barreau de Porto Rico lors d’une réunion d’organisations alliées au mouvement pour l’égalité des genres. À cette occasion, des porte-parole de ces entités ont tour à tour affiché les visages et lu les noms des 455 victimes de féminicides recensées par l’Observatoire sur une période de six ans.

Des revendications ont également été formulées, notamment le soutien à la loi n° 40 dans les affaires de féminicide ; un financement pérenne pour les centres d’hébergement, les organismes de services et la recherche sur les violences sexistes ; une éducation sensible au genre dans les écoles ; et la résolution des affaires de féminicides toujours en cours d’instruction.

Deborah Upegui Hernández, analyste à l’Observatoire, a déclaré : « La campagne “Ni oubli ni silence” repose sur la conviction que la mémoire est une forme de résistance. Nommer les victimes, c’est refuser l’indifférence. Se souvenir d’elles, c’est affirmer que leurs vies comptent, que leur absence ne sera pas banalisée, que leurs familles ne sont pas seules. Ce mois-ci, nous brandissons leurs noms comme des étendards de dignité. Car le silence est complice et l’oubli, une injustice. Chaque chaise vide à Noël, chaque album photo aux sourires inachevés, chaque anniversaire fêté sans elles, nous rappelle que nous ne pouvons plus attendre. »

Figueroa et Upegui ont déclaré que l’ampleur de l’urgence liée aux violences de genre se reflète dans des données telles que les suivantes : 113 cas font toujours l’objet d’une enquête, certains depuis plus de cinq ans, sans que les familles n’obtiennent de réponses ; 9 féminicides de personnes transgenres, dont beaucoup restent non résolus, qui démontrent la vulnérabilité et la violence auxquelles sont confrontées les personnes transgenres ; 156 mineures sont devenues orphelines, laissant à ces enfants des cicatrices qui marqueront des générations ; 376 tentatives de féminicide ont été recensées depuis 2020, des vies qui ont été fauchées à un cheveu ; 50 femmes et filles ont disparu depuis 2020, leur sort reste un mystère et leur absence est un cri de justice ; entre 2014 et 2019, 33 % des féminicides commis par un partenaire intime ont été perpétrés avec des armes à feu, et en 2024, ce pourcentage est passé à 75 %.

En réponse aux féminicides, l’Observatoire, de concert avec d’autres organisations, familles et communautés, a exigé plusieurs mesures essentielles pour lutter efficacement contre ce fléau. Ces exigences comprennent : une vie sans violence pour toutes les femmes, les filles et les personnes transgenres ; des politiques publiques prévoyant des réparations pour les enfants ayant perdu leur mère des suites de violences, ainsi que pour leurs familles et tuteurs qui portent le fardeau du deuil et de la responsabilité ; la reconnaissance de tous les féminicides, sans hiérarchie ni stigmatisation ; et des enquêtes rapides et efficaces sur les disparitions de femmes et d’enfants.

Concernant le gouvernement, Figueroa a déclaré qu’il est nécessaire que l’État assume sa responsabilité dans les féminicides où la négligence institutionnelle a coûté des vies, comme dans le cas de Claribel, qui a attendu plus d’une heure une ambulance après avoir été agressée ; d’Andrea Costas, à qui une ordonnance de protection a été refusée à plusieurs reprises ; et d’Ivette Joan Meléndez Vega, assassinée par Hermes Dávila, libéré de prison en vertu de la loi 25 pour cause de maladie grave présumée. Cette autorisation a été accordée sur la base de diagnostics non vérifiés et sans évaluation.

Enfin, les porte-parole de l’Observatoire ont déclaré que le gouvernement a l’obligation de défendre fermement les lois protégeant les femmes, qu’il ne doit pas minimiser la dimension structurelle des violences sexistes et qu’ils exigent que l’État qualifie les meurtres de femmes de féminicides. « Nier le problème des violences sexistes ou limiter l’usage du terme féminicide, c’est nier ses racines structurelles », a conclu Figueroa.

Source : Metro (Porto Rico)

Lien : https://www.metro.pr/noticias/2025/11/04/455-feminicidios-desde-el-2019-exigen-justicia-para-victimas-de-violencia-machista/?cmid=e76bde13-8e4c-4215-980b-0827b75aa355

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