La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a annoncé vendredi la fin du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour Haïti.
La désignation TPS pour ce pays expirera le 3 août 2025, et sa résiliation prendra effet le mardi 2 septembre 2025, a annoncé DHS dans un communiqué, vendredi 27 juin 2025.
« Cette décision rétablit l’intégrité de notre système d’immigration et garantit que le Statut de Protection Temporaire reste véritablement temporaire », a déclaré un porte-parole du Département de la Sécurité intérieure (DHS).
« La situation environnementale en Haïti s’est suffisamment améliorée pour qu’il soit désormais sûr pour les citoyens haïtiens de rentrer chez eux. Nous encourageons ces personnes à utiliser les ressources mises à disposition par le Département pour organiser leur retour en Haïti, notamment via l’application CBP Home. Les ressortissants haïtiens peuvent également demander un statut légal par le biais d’autres programmes d’immigration, s’ils y sont admissibles », a affirmé Mme Noem.
Après concertation avec les partenaires inter agences, la Secrétaire Noem a conclu que les conditions en Haïti ne satisfont plus aux critères prévus par la loi pour le maintien du TPS. Sa décision repose sur une évaluation menée par les Services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis (USCIS) et en consultation avec le Département d’État.
Elle a estimé que, globalement, les conditions dans le pays se sont améliorées au point de permettre un retour des Haïtiens en toute sécurité. Elle a en outre jugé que permettre aux ressortissants haïtiens de rester temporairement aux États-Unis allait à l’encontre de l’intérêt national, selon ce communiqué..
Les Haïtiens retournant dans leur pays sont encouragés à utiliser l’application CBP Home des Douanes et de la Protection des frontières des États-Unis pour signaler leur départ du territoire américain, a indiqué le communiqué annonçant cette décision, lit-on dans ce communiqué.
Double langage de l’administration Trump
Cette semaine, le sous secrétaire d’état adjoint Christopher Landreau avait exprimé l’exaspération des USA par rapport à l’OEA. Il avait cité, entée-autres, la crise haïtienne. « La crise actuelle en Haïti est tout aussi décourageante. Des gangs armés contrôlent les rues et les ports de la capitale, et l’ordre public s’y est pratiquement totalement effondré. Alors qu’Haïti sombre dans le chaos, la crise humanitaire, sécuritaire et gouvernementale qui se déroule actuellement a des répercussions dans toute la région. Et là encore, qu’a fait cette organisation ? À l’heure actuelle, un minimum de sécurité est assuré par une force multilatérale sous la houlette du Kenya validée par l’ONU », a-t-il dit.
« Les États-Unis se sont engagés à hauteur de près d’un milliard de dollars pour soutenir cette force », soulignant le mécontentement de l’administration Trump par rapport à l’OEA. « Encore une fois, si l’OEA n’est pas disposée ou est incapable de jouer un rôle constructif en Haïti, alors nous devons sérieusement nous demander pourquoi l’OEA existe », a-t-il indiqué.
Le 2 mai dernier, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, lors de la désignation de Viv ansanm et Grand Grif organisation terroristes internationale, avait fait était de la violence en Haïti. « J’annonce aujourd’hui que le département d’État a désigné Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes étrangères et terroristes mondiaux spécialement désignés. L’ère de l’impunité pour ceux qui soutiennent la violence en Haïti est révolue. Les gangs haïtiens, notamment la coalition Viv Ansanm et Gran Grif, sont la principale source d’instabilité et de violence en Haïti. Ils constituent une menace directe pour les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis dans notre région. Ces gangs ont tué et continuent d’attaquer la population haïtienne… », avait indiqué Rubio.
Il est difficile de comprendre comment le DHS, en consultation avec le Département d’État, est parvenu à une telle conclusion. Actuellement, ce même Département d’État déconseille formellement aux Américains de se rendre en Haïti, en raison des risques d’enlèvements, de la criminalité, de l’instabilité civile et de l’insuffisance des services de santé, après une mise à jour cette semaine des recommandations de voyage pour Haïti qui est au niveau 4, le plus élevé pour les pays a haut risque.
Cette semaine, un rapport du groupe d’experts de l’ONU a été rendu public. Il décrit l’ampleur de la violence en Haïti. « Le rapport du groupe d’expert, créé par la résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité, a indiqué dans un rapport au conseil qu’en 2024, on a dénombré quelque 7 342 personnes assassinées (6 281 hommes,117 garçons, 884 femmes et 60 filles).
Plus de 3 660 de ces assassinats ont eu lieu entre juillet et décembre 2024. En outre, quelque 2 017 Haïtiens ont été enlevés (1 249 hommes, 44 garçons, 687 femmes et 37 filles) », peut-on lire dans ce rapport sur Haïti où l’on compte plus d’une millions de déplacés à cause de la violence des gangs qui utilisent en majorité des armes et des munitions en provenance des USA.
Dans son dernier rapport sur la détérioration de la situation, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) indique que la nouvelle vague d’attaques armées déclenchée le 31 mars a encore aggravé une situation déjà catastrophique. Près de 5,7 millions de personnes – soit près de la moitié de la population – sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. L’agence note également un accès très limité aux services sociaux de base et à l’éducation. Au 30 avril, plus de 1 600 écoles supplémentaires avaient fermé leurs portes – soit une augmentation de 60 % depuis le début de l’année.
Avec la fin du TPS c’est un demi-million de ressortissants et ressortissantes d’Haïti dont certains sont USA depuis le tremblement de terre de 2010, qui seront affectés par la décision de l’administration Trump.
Au cours de sa campagne électorale, Donald Trump et son colistier, JD Vance, avaient faussement accusé les Haïtiens résidents à Springfield, dans l’OHIO, de manger les animaux domestiques de leurs voisins. Cette accusation reprise lors d’un débat avec sa rivale pour le poste de président, Kamala Harris, avait suscité colère, indignation d’un côté et satisfaction de la part de sa base et d’une majorité d’Américains ayant adhéré à son projet de déportation massive d’immigrants illégaux.
M Trump avait mis les haïtiens entrés légalement aux USA dans le même panier que les migrants entrés illégalement aux USA. Depuis plusieurs mois, l’administration met en application une politique migratoire très dure. Ses mesures ont touché des communautés cubaines, jusqu’ici, considérées comme des intouchables. Les multiples descentes de ICE, entité chargée d’appliquer la loi sur l’immigration, ont provoqué des remous, suscité des manifestations dont celles effectuées à Los Angeles.
L’application de la politique d’immigration dure de M Trump n’est plus populaire aux USA. Selon de récents sondages, 56 % des sondés n’approuvent pas les méthodes utilisées. L’agriculture, la construction, le secteur hôtellerie sont impactés par la politique de M. Trump.
Source : Le NouvellisteLien : https://lenouvelliste.com/article/257610/trump-met-fin-au-tps-pour-les-haitiens