Vacances. Pourquoi le cerveau a-t-il besoin d’une vraie pause ?

À l’approche des vacances, l’envie de ralentir, de s’évader et de « débrancher » devient plus intense. Et si c’était justement le moment idéal pour offrir un vrai break à votre cerveau ?

Plusieurs questions nous viennent cependant à l’esprit : est-il réellement possible de mettre son cerveau au repos ? Est-il nécessaire de partir longtemps pour ressentir les bienfaits du repos, ou quelques instants de pause suffisent-ils à régénérer notre esprit ? Le décryptage de Francis Eustache, chercheur en neuropsychologie, imagerie cérébrale et président du Conseil scientifique de L’Observatoire B2V des Mémoires.

Même au repos, le cerveau ne dort jamais. Sans tâche précise à accomplir, il consomme encore près de 20 % de l’énergie totale du corps, soit seulement 5 % de moins que lorsqu’il est mobilisé pour résoudre un problème. Ce fonctionnement s’appuie sur un ensemble de régions cérébrales appelé « réseau du mode par défaut ». On ne peut donc pas réellement parler de repos pour le cerveau. Celui-ci est toujours en activité même s’il n’a pas de tâche à accomplir.

Le mode par défaut : l’espace de l’introspection et de la créativité

Dans le mode par défaut, l’attention au monde extérieur est diffuse et se recentre sur soi. Ce mode est celui de l’introspection : nous intégrons les informations sur nous, sur les autres…. C’est le lieu de la synthèse, mais aussi de la créativité et de l’adaptation. Le cerveau se projette, y compris dans des scénarios parfois peu vraisemblables.

Ce réseau est en lien avec celui de notre mémoire épisodique, qui abrite à la fois nos souvenirs, nos projets et notre compréhension d’autrui. Il joue donc un rôle capital dans notre mémoire et notre équilibre mental.

Pourquoi notre cerveau a-t-il besoin de repos ?

Les rythmes modernes fragmentent notre attention et saturent nos capacités cognitives. « Le cerveau n’est pas une machine inépuisable. Il a besoin de temps de relâche pour trier les informations, consolider les souvenirs et stimuler la créativité », rappelle Francis Eustache.

Durant les vacances, ralentir le rythme, s’accorder des moments de « vide » permet au cerveau de se régénérer. Les neurosciences montrent que ces phases de repos sont essentielles pour la mémoire, l’attention et la santé mentale.

Déconnexion : deux idées reçues à oublier pendant les vacances

  • Idée reçue n°1 : « La déconnexion numérique est un luxe superflu »

FAUX ! Le cerveau n’a pas évolué pour traiter le flot constant d’informations qu’imposent les technologies. Les recherches montrent que l’hyperconnexion perturbe la qualité du sommeil, augmente le stress et fragmente l’attention. Prendre des pauses numériques régulières permet de restaurer les capacités attentionnelles et de préserver la mémoire à long terme.

  • Idée reçue n°2 : « Il faut de longues vacances pour récupérer »

FAUX ! Si les longues périodes de repos sont bénéfiques, de courtes pauses régulières peuvent également avoir un impact significatif. La technique du « micro-repos » (quelques minutes de déconnexion complète plusieurs fois par jour) s’avère particulièrement efficace pour maintenir les performances cognitives. L’essentiel est la qualité de la déconnexion : être pleinement présent, sans sollicitations externes, même pour un court moment.

Pour aller plus loin

Déconnecter « pour de vrai » : 4 conseils simples

  1. Privilégiez les activités sensorielles :  La sur-sollicitation numérique fatigue nos circuits cognitifs, mais le simple fait d’éveiller nos sens à travers des activités concrètes et physiques peut contribuer à « regénérer » le cerveau. Marcher en pleine nature stimule non seulement la vue et l’ouïe, mais aussi l’odorat et le toucher, offrant ainsi une expérience sensorielle complète qui favorise le calme mental et la concentration. De même, les activités manuelles (jardinage, peinture, bricolage) mobilisent la motricité et la créativité, tout en éloignant efficacement les distractions numériques.
  2. Redécouvrez l’ennui créatif : des moments sans objectif ou l’on laisse place à l’imprévu et à la rêverie.  Cela active des zones cérébrales impliquées dans la mémoire et la créativité, favorisant ainsi la consolidation des souvenirs et l’émergence de nouvelles idées.
  3. Coupez les notifications sur vos appareils mobiles en savourant l’instant présent, sans pression. Les notifications sont de véritables « interrupteurs » qui fragmentent notre attention et épuisent nos ressources cognitives. En coupant ces alertes, vous créez un environnement propice à la concentration et à la détente mentale.
  4. Acceptez l’imperfection : une déconnexion partielle vaut mieux qu’aucune déconnexion.
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