Violences conjugales. Les victimes peuvent déposer plainte à l’hôpital

En Guadeloupe, Police nationale, gendarmerie, justice, hôpitaux, engagés pour une meilleure prise en charge des victimes de violences conjugales, ont signé le protocole opérationnel permettant de déposer plainte dans les hôpitaux de l’archipel.

Annoncée en avril par Aurore Bergé, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, lors de sa visite officielle aux Antilles-Guyane, la convention facilitant l’accès à la justice des femmes victimes de violences conjugales a été concrétisée, en Guadeloupe, par la signature du Protocole opérationnel d’accueil et de prise en charge des victimes.

Ce dispositif, valable partout en France, s’applique désormais en Guadeloupe dans plusieurs établissements de l’archipel : le CHU, le CHBT, l’hôpital de Capesterre Belle-Eau, le Centre hospitalier Sainte-Marie (Grand-Bourg, Marie-Galante), le Centre hospitalier Beauperthuy (Pointe-Noire), le Centre hospitalier Maurice Selbonne (Bouillante).

« Prendre soin des personnes les plus vulnérables »

Le Protocole opérationnel liant Police nationale, gendarmerie, hôpitaux, justice, a été signé ce mardi 1er juillet dans les locaux du CHU de Guadeloupe. Tout un symbole.

Commissaire Miziniak, Général Perret, Franck Dorge, directeur de cabinet du préfet, Eric Guyader, directeur général du CHU, Caroline Carbo et Xavier Sicot, procureurs.

« Lorsqu’une femme, victime de violences, s’adresse à l’hôpital pour une prise en soins, c’est à ce moment que nous devons à la fois repérer les violences, et l’aider, si elle le souhaite, à porter plainte, explique Eric Guyader, directeur général du CHU de Guadeloupe. L’objectif de ce protocole, c’est de permettre à la victime de porter plainte dans les meilleures conditions possibles, au sein de l’hôpital. Nous assurons l’environnement médical, soignant, voire affectif parce que ces personnes sont en grande vulnérabilité. Le premier rôle du soignant sera de repérer notamment les personnes qui sont sous emprise et qui ne se rendent pas forcément compte qu’elles sont victimes de violences. »

Les victimes ont désormais la possibilité d’être entendues au sein de l’établissement de santé où elles sont soignées, suite à une agression.

Des violences quotidiennes…

Dominique Coman (Centres hospitaliers Beauperthuy et Selbonne), Virginie Gomez (CHBT).

« Ce protocole témoigne d’une volonté commune de ne pas laisser les personnes les plus vulnérables de côté. Plus vite on traite les plaintes, plus vite on arrête les agresseurs, commente Franck Dorge, directeur de cabinet du préfet de Guadeloupe. Avec le Conseil départemental, certains dispositifs dont la Maison de la famille et de la femme, permettent de mettre la victime en sécurité, loin de son agresseur. »

L’engagement collectif des acteurs de la santé, du milieu judiciaire, des forces de l’ordres souligne l’urgence de la situation. En Guadeloupe, 737 victimes de violences intra-familiales ont été recensées en 2024, soit près de2 par jour… Une bien triste statistique, corroborée par les prises en charge quotidiennes de personnes victimes de violences au CHU, « tant aux services des urgences adultes et gynécologiques, qu’aux urgences pédiatriques », précise Eric Guyader.

Procureure de Pointe-à-Pitre, Caroline Calbo a rappelé que ce Protocole opérationnel pour l’accueil et la prise en charge des personnes vient compléter les précédentes conventions établies avec le CHU, notamment pour l’audition des mineurs victimes d’inceste, mais aussi pour le signalement, par les soignants, de violences dont ils auraient connaissance.

Des mesures nécessaires pour mieux protéger les victimes et permettre à la justice d’opérer.

Cécilia Larney

« Aller vers la victime »

Général Christophe Perret.

Le Protocole opérationnel vient formaliser l’une des missions des forces de l’ordre qui se recueillaient déjà les plaintes en milieu hospitalier. Désormais, se rendre au chevet des victimes de violences conjugales, qui souhaitent porter plainte, sera systématique.

« Le gendarme se déplace de plus en plus : nous allons vers la victime, confirme le général Christophe Perret, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe. En matière de violences conjugales, l’hôpital constitue un cocon où la victime se sent en sécurité. Les victimes étant souvent sous l’emprise d’un chantage affectif, nous pourrons interpeller l’agresseur en milieu hospitalier. Dans le cas où la victime ne souhaite pas porter plainte, il appartient au procureur de poursuivre l’instruction judiciaire. »

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